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Histoire : silence, on déracine !

Dans les nouveaux programmes du primaire, qui doivent être appliqués dès la rentrée 2016, le crime le plus abouti est celui mené contre l’histoire de France.

La nouvelle réforme programmée sous les auspices de Najat Vallaud-Belkacem, ministre d’une Education que l’on n’ose plus qualifier de nationale, développe encore la médiocratie pratiquée depuis des années par « l’Ednat » (cf. en dernière page) et doit logiquement aboutir, par l’assassinat du latin et du grec, à interdire aux quelques élèves qui prétendaient encore les pratiquer l’accès à ces langues, qui sont à la racine du français mais aussi à l’origine de notre histoire. Pour mémoire, le concours d’entrée à la prestigieuse Ecole des Chartes prévoit une épreuve écrite (3 heures, sans dictionnaire) et une, orale, de latin…

« Questionner la périodisation de l’histoire »
L’histoire n’échappe bien sûr pas à la casse. Le nouveau Conseil supérieur des programmes (cf. ci-contre) déclare bien qu’« il faut apprendre solidement les grandes étapes de l’histoire de France dans l’école de la République », ce qui, à défaut d’être très rassurant quant à l’orientation idéologique de l’enseignement, paraît frappé au coin du bon sens. Il ne paraît pas tout à fait illogique que les élèves français sachent qui est Louis XV, ou encore qu’il a existé une IVe République entre la Deuxième Guerre mondiale et la Ve…
Malheureusement, il s’en faut, et de loin, que cette promesse soit tenue. Sur la forme, d’abord, l’enseignement de l’histoire consiste, par exemple, à « manipuler et réinvestir le repère historique dans différents contextes » (cycle 3) ; à « mettre en relation les faits étudiés dans une démarche synchronique et/ou diachronique » ; ou encore, à « questionner la périodisation de l’histoire et pratiquer de conscients allers-retours au sein de la chronologie ». Le « volapük ednat », comme l’appelait l’ancien ministre socialiste Claude Allègre, continue plus que jamais à sévir.
« Dans tous les cas, il s’agit essentiellement de développer des “compétences“, les mots “connaissance“ et “savoirs“ restant pratiquement bannis du langage des concepteurs des programmes, de même que le mot “dates“ : il n’existe que des “repères“ ! », analyse Laurent V., professeur d’histoire agrégé. « Dans les programmes du primaire et jusqu’à la 6e, je n’ai trouvé qu’une seule date : 1892, la République fête ses 100 ans ! Encore aurait-on pu choisir 1792, la proclamation de la Première République… Lorsqu’un document est étudié, il est surtout demandé à l’élève d’en comprendre le “sens général“. »
Sur le fond, ce n’est guère mieux. L’histoire doit aider à la compréhension du présent, dans un but pratiquement utilitaire – et non sans arrière-pensées idéologiques ? Ainsi, si Charlemagne est étudié, c’est parce que les « dynamiques territoriales » de son empire préfigurent la construction européenne. De même, l’on étudiera le « fait religieux » : polythéisme, judaïsme, christianisme, islam, pour mieux comprendre les débats ac­tuels…
Plus curieux encore : en CM2 est abordée la question du génocide des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale… mais seulement en France ! C’est seulement plus tard, en 3e, que l’élève apprendra que ce génocide a été étendu à une large part de l’Europe et mis en œuvre par les nationaux-socialistes au pouvoir en Allemagne…
Par ailleurs, en 5e, ne sont proposés que neuf thèmes, dont trois seulement sont obligatoires, les autres étant laissés au choix de l’enseignant qui peut, s’il le souhaite, ne traiter aucun d’entre eux ! Ces trois thèmes obligatoires sont : l’islam, début, expansion, société, culture ; la construction du royaume de France, l’affirmation du droit royal du Xe au XVe siècle ; et l’« émergence du roi absolu ». En revanche, l’étude des empires byzantin et carolingien ; de la société rurale « encadrée par l’Eglise » ; de l’essor des villes et éducation du Xe au XVe siècle ; de la pensée humaniste et des conflits religieux sous la Renaissance… sont fa­cultatifs.
Que pourront comprendre et retenir les élèves des périodes étudiées dans de telles conditions ? A peu près rien, sans doute. La plupart d’entre eux risquent même d’être pour longtemps dégoûtés de l’histoire. C’est à s’en demander si ce n’est pas le but recherché.    
Hervé Bizien

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