MINUTE

En vente cette semaine

cliquez sur l'image

Minute 2959
A+ A A-

C’est quoi, être français ? Le sale procès fait à Bruno Gollnisch

Parce qu’il a traité un député socialiste naturalisé de « Français de relativement fraîche date », Bruno Gollnisch se fait une fois de plus lyncher. Ses propos montreraient que le FN n’est pas un parti « républicain ». Il serait « xénophobe ». Désolé, les censeurs, mais Bruno Gollnisch a ouvert un vrai débat. Et il est le seul.

Dans une vidéo publiée le 1er août sur son site internet, Bruno Gollnisch est no­tamment revenu sur l’af­faire Méric (1), commentant un débat télévisé récemment rediffusé. De ce débat, il a surtout retenu la prestation – caricaturale – du dé­puté de Seine-et-Marne et porte-parole du PS, Eduardo Rihan Cy­pel. A ce dernier, Bruno Gollnisch a jugé nécessaire de rappeler que « Français de relativement fraîche da­te », il serait assez bien avisé de distribuer avec parcimonie ses avis et con­seils. Et le député européen du FN d’en remettre une louche, déclarant qu’Eduardo Rihan Cypel lui fait « penser à ces gens que vous invitez chez vous et qui, une fois qu’ils y ont pris pied, veulent y faire venir un petit peu tout le monde ». Puis, s’adressant directement au socialiste : « Ne vous croyez pas autorisé à stigmatiser ceux qui trouvent quand même qu’il y a un peu trop de nomades qui viennent en France. » Bruno Gollnisch faisait ici référence aux attaques du député contre Jean-Marie Le Pen après les dé­clarations du président d’honneur du FN sur la présence « urticante et odorante » des Roms à Nice. N’écoutant que son courage, Eduardo Rihan Cypel avait alors évo­qué « des propos racistes », « les vieux démons », ou encore expliqué que le Front national restait « un parti en-dehors du champ républicain ». Le champ lexical socialiste semblant de plus en plus réduit, c’est à peu près dans les mêmes ter­mes que David Assouline ou le pre­mier secrétaire Harlem Désir ont dénoncé les « propos insupportables » de Bruno Gollnisch. Il faut bien reconnaître que le jeu­ne Eduardo Rihan Cypel est une pointure dans son genre. Mondialiste ascendant bobo, il n’est jamais en retard pour lancer de grands ap­pels à la résistance et dénicher la bête immonde dans la moindre ma­nifestation de fierté autochtone. Quand il ne dénonce pas les pro­pos des uns ou des autres, il pro­nonce des fatwas (sous forme d’appels à dissolution) comme ce fut le cas en mai dernier lorsque des militants de Génération identitaire avaient dé­ployé une banderole sur le toit du siège du PS.

La Droite forte hurle avec les loups

Tout ceci qui n’a pas empêché le co-fondateur de La Droite forte (aux côtés de Guillaume Peltier), Geoffroy Didier, de lui adresser un tweet de soutien en dénonçant les at­taques « xénophobes » dont il se­rait victime ! Ce qui peut sembler assez déconcertant de la part du représentant de « l’aile droite » de l’UMP, mais s’inscrit certainement dans une stratégie à douze bandes dont nous n’avons pas encore saisi toutes les nuances. De notre point de vue, valider les attaques et la guerre sémantique de l’adversaire est toujours une faut­e lourde. Demain, c’est Geoffroy Didier qui sera lui-même traité de « xénophobe »… et peut-être par Rihan Cypel lui-même ! Patrick Buisson étant considéré comme le mentor caché de La Droite Forte, il serait bien avisé d’expliquer à ses jeu­nes recrues les principes élémentaires du combat des idées. La figure imposée devenant tellement répétitive, au final, on se sent las devant toutes ces postures courroucées. Ce qu’a dit Bruno Gol­lnisch est-il faux ? Factuellement, certainement pas (voir encadré). C’est donc son jugement politique sur cette réalité qu’on repro­che au frontiste. Il est loin d’être dé­nué de fondements.

Quand François Fillon se payait Eva Joly

Car le cas d’Eduardo Rihan Cy­pel n’est pas isolé et Bruno Gollnisch pose ainsi la question du rapport à la France et à son identité d’un certain nombre d’élus « français de fraîche date » – ou bien – en élargissant son propos – binationaux. On peut notamment se remémo­rer les réactions qu’avait déclenchées Eva Joly – binationale franco-norvégienne naturalisée par mariage en 1967 – lorsqu’elle avait proposé de transformer le 14 Juillet en fête citoyenne. « Je réagis avec tristesse. Je pense que cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française », déclarait alors le premier ministre François Fillon. Des propos peu éloignés de ceux de Bruno Gollnisch à propos d’Eduardo Rihan Cypel. Le député UMP Lionel Tardy avait pour sa part carrément invité Eva Joly à s’en retourner dans sa Norvège na­tale ! « Xénophobes ! » imagine-t-on crier Geoffroy Didier à ses petits camarades… Ceux qui, usant de la vieille tech­nique d’intimidation idéologique, réclament que Marine Le Pen condamne la sortie de Bruno Gollnisch, devraient aussi se rappeler ce que la présidente du FN (et à l’époque candidate à l’élection pré­sidentielle) avait déclaré concernant Eva Joly et sa proposition fantasque : « Ces propos sont absolument consternants, ça démontre que Mme Joly ne comprend strictement rien au lien extrêmement profond qui existe entre le peuple français et son armée », estimant que cette incompréhension était « peut-être » due au fait qu’Eva Joly soit née en Norvège. Trois jours plus tard, Marine Le Pen avait qualifié la candidate écologiste de « sans patrie fixe ». A priori ceux qui exigent des « condamnations » devraient attendre un pe­tit moment… Du côté des Verts, on peut aussi sans peine penser au cas de Sergio Coronado, Chilien devenu apatride puis naturalisé français en 1994, ou encore de l’exceptionnelle Es­ther Benbassa. Naturalisée française en 1974, celle-ci est une « trinationale », cumulant les nationalités française, turque et israélienne. Tous les deux sont fermement en­gagés dans la lutte « contre les discriminations » et l’antiracisme, c’est-à-dire en réalité dans la culpabilisation permanente des Français de souche. Si l’on peut aussi évoquer Ma­nuel Valls (devenu français en 1982), c’est à une autre ministre ré­cemment nommée que l’on pourrait s’intéresser. Pour cela, il faut traverser les Alpes et évoquer Cécile Kyenge, Italo-Congolaise née en République démocratique du Con­go et devenue ministre de l’Intégration en avril dernier. Confiant être entrée clandestinement en Italie, fille d’un père polygame ayant 38 enfants, quelles sont les principales mesures prônées par « la première femme noire d’un gouvernement italien » (comme « Libération » l’a écrit avec tant de bonheur) ? L’instauration du droit du sol, la fin du délit de clandestinité ou encore une grande campagne visant à faire com­prendre aux Italiens que « l’Italie est un pays métis »…

Gollnisch, le dernier à « faire le job » ?

On le ressent clairement : en toi­le de fond, c’est bien la question fon­damentale du rapport entre identité, nationalité et citoyenneté dont on débat ici. Une conception se basant sur la dimension « charnelle » (portée par Bruno Gollnisch), qui ne refuse pas l’assimilation mais prône une société conservant une certaine homogénéité, s’oppose à une conception uniquement contractuelle, qui est désormais largement répandue dans la classe politique française. Jusqu’au sein du Front national ? Car Bruno Gollnisch est le seul à évoquer les choses aussi nettement, et semble même parfois être le seul à s’en préoccuper. L’invocation permanente de la République par certains cadres apparaît parfois comme un moyen un peu trop facile d’éluder la question. Et si le PS s’est solidarisé derrière Eduard Rihan Cypel, les soutiens frontistes à Bruno Gollnisch se font quelque peu timides. Conception charnelle et conception contractuelle de la nationalité s’opposent donc, ou, pour le dire au­trement, « Français de souche » et « Français de papiers » – devenus Français par les papiers obtenus. Dans les quartiers populaires et les cours de collège, le débat sem­ble réglé : on y parle de Gaulois, de Blacks, d’Arabes, et cela sans se soucier une seconde de la na­tionalité inscrite sur la carte d’i­dentité (qui n’a jamais aussi mal porté son nom) des uns ou des au­tres. Pour une fois, ce qui se passe à l’école est à méditer.

Lionel Humbert

1. Voir notre article « Les amis cagoulés de Clément Méric », in « Minute » n° 2619 du 12 juin 2013 à découvrir en cliquant ici : http://www.minute-hebdo.fr/kiosque/minute-2619-detail

AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES

Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.

Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1

Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.

 

Les derniers numéros

Minute 2959
Minute 2958
Minute 2957
Minute 2956
Minute 2955

Complotisme : la raison domestiquée

Recevoir les infos et promos

tous-les-numeros

pub1

Suivez-nous

© 2012-2017 - ASM - Tous droits réservés

Connexion ou Enregistrement

Identification