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On veut un XV de France made in... France !

Dans l’optique de la Coupe du monde 2 015 qui se disputera à l’automne prochain, le sélectionneur Philippe Saint-André profite du Tournoi des 6 Nations pour injecter et tester des joueurs étrangers dans le XV de France. Une expérience qui fait déchanter la Marseillaise.

Si le rugby se joue à XV, il y a toutefois un joueur qui occupe un poste capital : le numéro 9, appelé le de­mi de mêlée. Au cœur du jeu, c’est lui qui a les clefs pour forcer le cadenas de la défense adverse. Lors des deux premiers matches du Tournoi des 6 Nations (victoire poussive contre l’Ecosse et défaite peu glorieuse en Irlande), le sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André, a confié cette mission à… un étranger ! Le titulaire était Rory Kockott (photo), né en 1986 en Afrique du Sud.
Comment est-il possible qu’un Sud-Africain représente la France et que Kockott fasse le neuf avec un maillot frappé du coq ? Tout simplement parce que les règlements de l’IRB (la Fédération internationale de rugby) l’y autorisent. Tout étranger qui joue dans un club français depuis trois ans peut être sélectionné dans le XV de France. Ko­ckott évoluant à Castres depuis 2011, il est donc bon pour le service national !
Toutefois, à l’heure où les amoureux de l’Ovalie regrettent le jeu inspiré qui faisait le charme du XV de France, il est dommage de faire appel à lui. Il ne faut pas huer Kockott parce qu’il est étranger mais parce qu’il est un élève de l’école sud-africaine et qu’il représente une culture sportive différente, qui ne cadre pas avec la tradition française.

10 joueurs étrangers à la Coupe du monde ?
Samedi qui vient, pour le match contre le Pays de Galles, Kockott sera absent car il est blessé. Le XV de France ne sera pas pour autant 100 % made in France. Car dans la liste des sélectionnés « français », le sélectionneur Saint-André a retenu le pilier néo-zélandais Uini Atonio (qui joue à La Rochelle), le troisième ligne sud-africain Bernard Le Roux (Métro Racing), plus deux naturalisés de fraîche date, l’arrière sud-africain Scott Spedding (Aviron bayonnais), et l’ailier fidjien Noa Nakaitaci (Clermont). Ça commence à faire beaucoup !
Alors certes, des étrangers dans le XV de France, ce n’est pas une nouveau­té. Lors de la Coupe du monde 2003, le sélectionneur Bernard Laporte (qui en 2007 deviendra le ministre des Sport de Sarkozy) avait retenu le Sud-Africain Brian Liebenberg et le Néo-Zélandais Tony Marsh. Mais aujour­d’hui, le problème, c’est que ces con­tributions étrangères exceptionnelles pourraient devenir la règle. La preuve ?
Dans l’optique de la prochaine cou­pe du monde (qui se disputera en Angleterre du 18 septembre au 31 octobre prochain), la Fédération française de rugby a communiqué une liste élargie de 74 joueurs « présélectionnés ». Et sur cette liste, on trouve 10 étrangers, ce qui fait plus de 13 % de l’effectif !
Dans l’Ovalie, ça a provoqué de vives réactions. Sur le site spécialisé « Rugbyrama », l’ancien international Emile N’Tamack (46 sélections dans le XV de France) n’a pas caché son hostilité : « Même si les temps changent, est-ce que la population va s’enflammer en voyant beaucoup d’étrangers en équipe nationale ? On a critiqué les footballeurs car ils ne chantaient pas la Marseillaise. Je ne vois pas Rory Kockott avec le maillot bleu sur les épaules chanter l’hymne national. Même s’il a le droit de jouer pour l’équipe de France, il ne peut pas se considérer comme un citoyen français, comme il ne peut pas dénigrer sa patrie sud-africaine ! »

45 % d’étrangers dans le Top 14 !
Et dans « L’Equipe », Marc Lièvremont (sélectionneur du XV de France de 2007 à 2011) a rapporté qu’il n’avait jamais voulu manger de ce pain-là : « Pendant quatre ans, je me suis refusé, dans la mesure du possible, à intégrer des étrangers. C’est une question de culture. » Alors pourquoi Saint-André veut-il aujourd’hui renier cette culture ? Il explique que le réservoir de joueurs français s’est vidé et que, par transfert, ce sont aujourd’hui les joueurs étrangers qui, dans les clubs français, occupent les postes principaux, et que par con­séquent il compte de plus en plus sur la légion étrangère. A vrai dire, il n’a pas tout faux.
L’immigration sportive a fait des ra­vages. Dans le championnat de France, le Top 14, sur 500 joueurs, on compte 45 % d’étrangers (avec une forte colonie venue de l’hémisphère Sud) : 58 Sud-Africains, 50 Néo-Zélandais, 26 Fidjiens, 23 Australiens, 13 Samoans, 12 Argentins…).
Consciente du danger que représente cette concurrence pour les jeunes joueurs français, la Fédération française de rugby a fixé des quotas pour limiter cette « invasion » : sur les feuilles de match, 55 % des joueurs doivent avoir été formés en France. Mais il apparaît que ce taux est trop bas. Pour sauver le rugby et le XV de France, il faut revoir ce taux à la hausse, de toute urgence !    
Olivier Manin


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