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Pourquoi je voterai pour Sarkozy

Si l’on m’avait dit, il y a cinq ans, que je voterais un jour pour Nicolas Sarkozy, je ne l’aurais pas cru. Durant toute la campagne de 2007, dans les colonnes de « Minute », j’ai livré une bataille totale contre lui. J’avais lu ses ouvrages, tous, décortiqué ses discours, tous, et je ne pouvais croire qu’il eût « changé » ni qu’il fût digne de la charge présidentielle. Je le voyais com­me un pur opportuniste qui allait, non seulement amplifier la désagrégation de la France mais aussi, à force de se di­re « de droite », discréditer pour des dé­cennies le fait même que l’on puisse se revendiquer « de droite ».
Au premier tour, j’ai voté, sans con­viction, par un mélange d’habitude et de fidélité, pour Jean-Marie Le Pen, non sans avoir sévèrement critiqué son positionnement et annoncé son in­évitable « dérouillée ». Au second, je suis res­té chez moi, comme à chaque présiden­tielle, à chaque législative, à cha­que cantonale depuis que j’ai le droit de vote – sauf en 2002 bien sûr.
N’ayant pas mis l’ombre d’un es­poir dans son élection, n’ayant cru à au­cune de ses promesses, ayant tenté de dissuader tous ceux qui passaient à ma portée de lui apporter leur suffrage, je ne suis donc pas un déçu du sarkozysme et le regard que je porte sur son action n’est pas obéré par le sentiment d’avoir été dupé. Tout au con­traire, un quinquennat plus tard, je sou­haite ardemment sa réélection et je m’apprête à lui apporter mon suffrage dès le premier tour.

Un quinquennat
de libération
Les Français, et particulièrement l’é­lectorat de droite qui ne cesse de dé­crier Nicolas Sarkozy, ont-ils à ce point la mémoire courte ? Sont-ils tellement imprégnés de la propagande de la gau­­che diffusée par des médias dont ils prétendent pourtant se défier pour ne pas voir que, en cinq ans, la France a profondément changé et qu’elle a chan­gé positivement ?
Je voterai pour Sarkozy car ce que je finissais par croire impossible est en­fin arrivé : le centre de gravité de la vie politique française s’est déplacé vers la droite. Réforme après réforme, chantier après chantier, discours après discours, Sarkozy s’est révélé un adversaire comme la gauche n’en avait pas imaginé dans ses pires cauchemars, sapant ou reléguant carrément au ma­gasin des antiquités les plus ringardes une bonne partie de ce que l’on nous présentait comme tabou.
Sur le poids de la fonction publi­que, le retour de ces beaux mots de sélection et de mérite, le coût et l’injustice de l’assistanat, la réhabilitation du travail, la réduction de la bureaucratie, la neutralisation des syndicats politisés, l’inconséquence de la politique sui­­vie depuis 35 ans en matière d’immigration et j’en passe, Nicolas Sarkozy a sapé, ébranlé ou carrément dé­truit toute une mythologie dite progressiste, qui n’était en fait que la liste terrifiante des conservatismes que ces deux plaies pour le pays que furent Fran­çois Mitterrand et Jacques Chirac imaginaient, par conviction, faiblesse ou lâcheté, définitivement inscrits dans l’ADN de la France.

Le seul candidat
de droite
Je voterai pour Sarkozy car, aussi, la chape de plomb des années mitterran­do-chiraquiennes, ce quart de siè­cle où la simple expression d’une pensée de droite valait mise au ban de la so­ciété, a été pulvérisée.
En cinq ans, la parole s’est libérée com­me jamais de­puis au moins les an­nées Pompidou (1969-1974) et la parole de droite a fait son retour dans l’espace public.
A tel point que, des éditorialistes les plus en vue aux commentateurs au zinc du bistrot, innombrables sont dé­sormais ceux qui tiennent des propos que, il y a encore cinq ans, nul ou pres­que n’osait exprimer à voix haute.
Cette liberté m’est trop précieuse pour que je prenne le moindre risque de la perdre au soir du 6 mai.
Certes, beaucoup reste à faire et, des discours aux actes refondateurs, il y a encore bien du chemin à parcourir.
Mais il fallait d’abord que, dans la France sclérosée par des décennies d’immobilisme, la parole quasiment ré­volutionnaire de Sarkozy passât. Et que l’on ne vienne pas me parler de son « ouverture à gauche », qui a permis, avec Eric Besson, un débat sur l’identité nationale qui, s’il n’a pas abouti, est désormais lancé et ne se refermera ja­mais, alors que, dans le même temps, Marine Le Pen pratiquait elle aussi une « ouverture à gauche » avec cette différence majeure qu’elle l’a con­duite à adopter les positions chevènementistes de ceux qui étaient supposés se rallier à ses thèses !
Je voterai également pour Sarkozy car, de tous les candidats en lice, le chef de l’Etat est le seul, l’unique candidat de droite sur les dix postulants à la ma­­­gistrature suprême. Le seul. Je ne tiens pas pour un candidat de droite, ni pour un candidat sérieux, quelqu’un qui veut rétablir la retraite à 60 ans, faisant passer la démagogie avant la démographie, quelqu’un qui se propose de ressusciter la planification économique de sinistre mémoire, quelqu’un qui veut retrouver le chemin de l’économie mixte et, même, res­­taurer « l’Etat providence », celui-là mê­me qui nous a ruinés et qui nous paralyse depuis des décennies !
Je tiens même pour un candidat dan­gereux quelqu’un qui, sous couvert de lutter contre l’islamisation, s’en­ferre dans une laïcité de combat à l’égard de toutes les religions, mises sur le même pied, comme si le catholicisme – et le judaïsme, et le protestantisme – ne pouvaient pas prétendre, en France, à nettement plus de droits que l’islam ! Je tiens également pour un can­didat dangereux quelqu’un qui, exigeant la sortie de la France de la zo­ne euro (pourquoi pas), explique main­tenant, s’étant aperçu qu’une ma­jorité de ses électeurs potentiels y est op­posé, que la décision sera soumise à référendum et que, si les Français veulent conserver l’euro, il fera avec alors que tout son programme éco­nomique repose sur la sortie de l’eu­ro !

Un choix politique,
pas affectif
Je voterai pour Sarkozy, aussi, parce que si la structure de l’Union eu­ropéenne doit être réformée en profondeur – ce qu’il a commencé à faire, très concrètement, en passant à main­tes reprises par-dessus les traités et par-dessus la Commission européenne –, je tiens pour potentiellement criminel, et je pèse mes mots, de vouloir rayer de notre histoire plus d’un demi-siècle de construction européenne, qui a été – comment se fait-il qu’il faille le rappeler ? – plus d’un demi-sièc­le de paix, ce qui n’est pas si fréquent dans l’histoire de notre pays. Et cela sans avoir le moin­dre « plan B », si ce n’est l’instauration de partenariats entre Etats comme nous pouvons en avoir avec le Pérou ou la Guinée équatoriale ! Et cela, aussi, au moment mê­me où renaît la germanophobie et où, en Europe centrale, se réveillent et s’attisent des revendications territoriales que seule la construction européenne em­pêche de prospérer.
Je voterai pour Sarkozy, enfin, par­ce qu’il est le seul dans cette campagne à parler de « civilisation européenne », réalité historique, spirituelle et culturelle qui va bien au-delà des différends organisationnels, quand certaine autre veut bannir le drapeau européen con­sidéré comme l’« atroce symbole d’une élite oligarchique », ignorant, parmi tant d’autres choses, que son fond bleu est le bleu marial et que le « cercle de douze étoiles d’or » est celui couronnant la tête de la Vierge Marie après son assomption selon l’annonce qui en est faite dans l’Apocalypse selon saint Jean.
Dimanche 22 avril, je voterai pour Sarkozy. Sans hésitation. Sans état d’â­me. Sur un choix politique, réfléchi, mû­­ri, assumé. Pour l’affectif, qui m’au­rait poussé vers un autre candidat, on verra plus tard. Ce n’est pas l’objet du scrutin.


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  • Publié dans le numéro : 2560
  • Auteur : Tribune Libre Bruno Larebière

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