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Nous allons la retrouver dimanche prochain dans les bureaux de vote. A vrai dire, elle n’est pas vraiment séduisante, toute menue avec son papier aujourd’hui recyclé, « obligatoirement d’une couleur différente de celle de la précédente consultation générale », comme le précise la loi. L’apparence austère de cette feuille pliée en quatre est toute démocratique. Elle n’est pas là pour séduire ou inquiéter, simplement pour assurer l’anonymat qui convient à ce que l’on appelle le vote à bulletin secret.
L’enveloppe est donc là pour cacher. Dans une so­ciété obsédée par la transparence, elle est, avec la confession, un des derniers remparts du secret né­cessaire à toute civilisation. Bien sûr, on peut trouver aujourd’hui des enveloppes en papier calque (d’ailleurs plutôt chères), mais elles demeurent ex­trêmement marginales, en dehors des enveloppes de journaux. La véritable enveloppe est opaque.
Elle est aussi fermée. Une fois ouverte, le plus souvent déchirée, elle ne sert plus à rien et finit généralement dans la corbeille. Les modes de cette fermeture ont d’ailleurs ceci de commun qu’ils sont irréversibles. Une enveloppe ne se ferme et ne s’ou­vre qu’une fois. Il faut briser la cire à cacheter, décoller (quand on le peut) la patte de l’enveloppe ou plus simplement découper, voire déchirer l’enveloppe elle-même. A sa manière, c’est un symbole de la fuite du temps. L’enveloppe ne se contente pas de disparaître, elle meurt.
Auparavant, elle aura parlé aux sens. Au toucher, d’abord. Sous sa forme la plus luxueuse, avec les papiers les plus recherchés et les doublures les plus soyeuses, elle ravit les doigts de l’expéditeur comme du destinataire. L’odorat y trouve également son compte avec la bonne odeur de papier frais, mêlé de colle. Nous avons tous connu l’amertume de cette colle (ou plutôt de cette gomme) sur la langue, alors que l’enveloppe autocollante ne s’était pas généralisée.
Une enveloppe, c’est aussi de l’émotion, une émotion d’autant plus puissante que son objet de­meure vague pendant les quelques instants qui précèdent l’ouverture du pli. Selon la forme, l’allure gé­nérale, on peut présumer de ce qu’elle nous ap­porte. Il y a d’abord les plus déplaisantes : les enveloppes à fenêtre, indiquant un expéditeur particulièrement inopportun, Trésor public ou créancier. Puis il y a les lettres bordées jadis de noir, aujourd’hui de gris, plus tristes, même si, à l’ère du téléphone et du mail, on peut être assuré que le défunt n’est pas trop proche de nous.
Et puis, dans la masse des lettres neutres, pu­blicités, courriers administratifs,


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  • Publié dans le numéro : 2567
  • Auteur : Jean-Michel Diard
Dernière modification le

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