Si Marine Le Pen n’a pas réussi à accéder au second tour, comme son père en 2002, elle a obtenu près de 17,9 % des suffrages exprimés, soit le record historique du candidat FN à l’élection présidentielle.
Mieux : avec un taux de participation de plus de 80 %, la candidate du FN dispose de 6,4 millions de voix (6 401 947 précisément), soit beaucoup plus que Jean-Marie Le Pen il y a dix ans (16,86 % et 4 804 713 voix au premier tour).
Le vote Front national apparaît plus homogène sur le territoire qu’en 2002 et 2007. Il a franchi la barre des 20 % dans 43 départements, contre 25 en 2002, avec les trois meilleurs scores dans le Vaucluse (27 %), l’Aisne (26,33 %) et la Meuse (25,82 %). Alors que le candidat FN passait sous la barre des 13 % dans 21 départements de France métropolitaine il y a dix ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui que dans 8 départements.
« Il y a un effet de lissage et une diffusion nouvelle dans l’Ouest », confirme Jérôme Fourquet (Ifop), en soulignant que dans la Sarthe, « jusque-là terre de mission », Marine Le Pen a obtenu 19,1 %, soit à peine moins qu’à Marseille, vieux bastion frontiste, où elle a recueilli 21,2 % !
Outre la géographie, Marine le Pen a également réalisé des percées sociologiques inédites, notamment chez les jeunes (24 % des voix) et dans les zones rurales.
Tout au long de sa campagne, en effet, Marine Le Pen a défendu la ruralité, dénonçant l’insécurité et la disparition des services publics dans les petites communes et dédiant même un site spécifique à ce sujet (www.ruralite2012.fr). Cette stratégie a payé, notamment en Seine-et-Marne, avec des résultats dépassant les 30, voire les 40 % dans nombre de petits villages, mais également en Auvergne (17 %) et en Touraine (16 %), où elle enregistrait habituellement des scores très bas. C’est aussi dans la région rurale du Limousin que la candidate du FN a réalisé une de ses meilleures progressions depuis 2002, passant de 10,3 % à 15,3 %.
Commentant son résultat, Marine Le Pen a exulté : « Le peuple français s’est, contre toute attente, invité à la table des élites. Ce premier tour n’est pas une fin en soi, mais le commencement d’un vaste rassemblement des patriotes de droite comme de gauche, des défenseurs de l’identité française ». Pour finir, la candidate antisystème n’a pas manqué de railler « les mensonges et sondages du système », qui la plaçaient entre 14 % et 17 %.
La suite de cet article est réservée aux abonnés, ou par l'achat au numéro. Découvrez nos offres d'abonnements !
