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Le Gladiateur

L’événement de cette rentrée « littéraire » n’aura finalement été ni Emmanuel Carrère, ni aucun autre romancier, ni même Valérie Trierweiler, ni même encore le Nobel attribué à Modiano, mais Eric Zemmour. Et quel événement ! Un succès de librairie certes, avec 5 000 exemplaires de son Suicide français écoulés au quotidien, mais plus encore un spectacle hallucinant : un fauve lâché sur les plateaux télé, un tigre mangeur d’hommes impossible à dresser, un redresseur de torts qui a toujours raison, un panzer effrayant sur qui des soldats déguenillés vident leurs chargeurs sans pouvoir l’arrêter. Quelle charge, mes aïeux !
Ils se mettent à trois, quatre, cinq, six dans les studios ! Ils ironisent, se moquent, sortent l’artillerie lourde : racisme, sexisme, pétainisme, révisionnisme, antisémitisme même (Attali), rien à faire ! Ça passe à côté et quand ça touche, ça ricoche ! Les pousse-cailloux de la plume n’en reviennent pas. Il leur faut généralement une seule bastos bien placée pour exécuter un mal-pensant à la télé – la routi­ne, le travail de bourreau proprement exécuté. Avec Zemmour, c’est la panique, le film d’horreur, Zombie à Canal +. On tire ? Le type se relève et continue d’avancer ! Avec le côté ga­lopin en prime, celui des bougies d’anniversaire « farce et attrapes ». On lui souffle dessus, il se rallume immédiatement. Un diable. Il fait tout exploser : l’audience, le confort, le conformis­me, les mensonges. Une grenade dégoupillée qui fait pif dans le PAF.
Sa chronique sur RTL s’appelait « Z comme Zemmour ». Et, vrai, il y a du Zorro chez ce vengeur sans masque. Même les « geeks » amateurs de jeux vidéo ont délaissé leur console pour lui. Sur le forum d’un site de jeu en ligne, les gamins ont abandonné Captain Commando, Bomberman et Snake pour suivre et commenter en direct les aventures de leur super-héros qu’ils appellent le Gladiateur ! Zemmour les venge, pas de doute là-dessus. L’avenir radieux du métissage et de la société ouverte qu’on leur vend tous les matins à la radio, ils le vivent déjà au quotidien. Mais chez eux, ça s’appelle chômage, précarité, violen­ce, immigration.
Zemmour ne fait que poser un diagnostic qui a valeur d’évidence : la France a été saccagée au cours des quarante dernières années. Sciemment saccagée. Méthodiquement saccagée. Volontairement saccagée ! Qui peut encore croire que c’est un accident de parcours ?
Il suffit de lire le dernier bouquin de Plenel pour mesurer l’ampleur de la haine qui nous a condamnés. Lui, l’antireligieux par excellence, lui qui déteste les catholiques, lui qui trente ans après regrette encore que Mitterrand ait cédé sur l’école libre en 1984, en vient à louer l’islam et les musulmans, confessant au passage son amour des « sociétés multiculturelles de type américaine ». C’est évidemment le meilleur moyen que cette génération de gauchistes a trouvé pour en finir avec la France millénaire. Nulle générosité, nulle solidarité, nul amour de l’autre là-dedans : la haine brute des villages, des clochers, des paysans, des traditions, des pères de famille, des chasseurs du dimanche.
Le résultat, ce sont des communautés qui se regardent en chiens de faïence, qui se détestent en silence, qui élaborent mille stratégies pour s’éviter… jusqu’au moment où ces stratégies ne fonctionneront plus.
Le résultat, ce sont des « Français » qui partent faire le djihad et couper des têtes et qui reviennent tranquillement toucher leurs allocations. Le résultat, c’est un ministre qui affirme publiquement son souhait de voir un Kabyle à l’Elysée. Le résultat, c’est un mode de vie contesté, des tables sans porc dans les cantines des lycées publics, etc. D’un pays uni culturellement, on a fait une mosaïque, une auberge espagnole version McDonald’s : venez comme vous êtes, vous serez servi comme les autres. Beau résultat ! Il ne manque plus que la dernière étape pour que le crime soit parfait : la sécession politique après la culturelle, des petits Kosovo un peu partout.
Quant à l’honneur de la patrie, parlons-en. Quel Français n’est pas remué au fond de ses tripes par le spectacle de ses dirigeants faisant le voyage de Bruxelles (ou de Berlin) pour quémander des autorisations et se faire taper sur les doigts ? Certes, on ne demande pas la grandeur du temps de Louis XIV mais quand même ! Le Burkina Faso a plus de panache.
Un suicide donc, et même un suicide assisté. On a patiemment appris aux Français à aimer ce qu’ils détestaient et à détester ce qu’ils aimaient, comme le dit à peu près Marcel Gauchet. Qui dira la responsabilité écrasante de l’industrie du spectacle et des médias dans ce lavage de cerveau ?
Aujourd’hui, le peuple sort enfin de son coma. En la matière, le succès de Zemmour n’est qu’un symptôme au même titre que la percée du Front national. Mais toute la question est désormais de savoir si ce peuple peut encore agir ou s’il ne s’est réveillé que pour assister à son dernier souffle.   


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