MINUTE

En vente cette semaine

cliquez sur l'image

Minute 2959
A+ A A-

Emeutes à Moscou : la jeunesse crie « la Russie aux Russes »

Après le meurtre d’un jeune moscovite par un « non-Slave », des émeutes ont rassemblé plusieurs milliers de personnes dans le sud de la capitale russe. Une nouvelle illustration des tensions existant à Moscou entre « Caucasiens » et Russes.

Jeudi dernier, Igor Chtcherbakov, un jeune Russe « de sou­che » de 25 ans, a été poignardé à mort sous les yeux de sa fiancée. Son meurtrier est en fuite mais les images de vidéosurveillance largement diffusées sur les chaînes de télé ne laissent pas de doute : son agresseur est un « non-Slave », originaire des petites républiques du Caucase ou d’Asie centrale.
En réponse, dimanche, un rassemblement a été organisé dans le quartier où Igor Chtcherbakov habitait et a été assassiné. La colère de la foule a grandi en même temps que le nombre de manifestants se faisait plus important, atteignant plusieurs milliers de personnes selon certains observateurs, essentiellement des jeunes. Les participants accusaient clai­rement « les immigrés » d’être à l’origine de l’explosion de l’insécurité dans ce district du sud de Moscou.
Le rassemblement a tourné à l’é­meute quand une partie d’entre eux a décidé d’attaquer un centre commercial dans lequel des immigrés musulmans originaires du Caucase russe et d’Asie centrale se trouvaient. Des affrontements violents ont eu lieu avec la sécurité de l’établissement et plusieurs vitrines ont été brisées. Les jeunes se sont ensuite dirigés vers un grand entrepôt de légumes dans lequel travaillent beau­coup d’immigrés clandestins. Un marché dont un journaliste de la télévision publique Rossia-24 estime qu’« en fait de fruits et légumes, on y vend des armes et de la drogue ».
Ne laissant aucun doute sur leurs motivations, ils scandaient notamment « La Russie aux Russes ! » Les af­frontements ont ensuite continué avec les forces de l’ordre (dix cars de la police anti-émeutes ont été dépêchés sur place), avant que le calme ne revienne peu après minuit. 380 ma­nifestants ont été interpellés.

A Moscou, les « Noirs » n’ont plus la cote
Ce n’est pas la première fois que de tels événements se produisent dans la capitale russe. En décem­bre 2010, après l’assassinat d’un jeu­ne supporter de football du Spartak par un Caucasien, 4 000 personnes s’étaient rassemblées pour se livrer à une véritable chasse dans les rues de la ville. C’est un embrasement généralisé de cette sorte que les autorités ont voulu empêcher ce dimanche en bouclant totalement le quartier où se sont déroulés les événements.
A Moscou, la colère va grandissan­te depuis des années contre les « Tchernye », les « Noirs » (en référence à leur couleur de peau, plus ma­te que celle des slaves, et leurs che­veux), ces immigrés venus du Caucase ou d’Asie centrale. Les Mos­­covites les rendent responsables de l’augmentation des violen­ces et des trafics en tout genre. Les démonstrations musulmanes dans les rues de la ville (les prières de rue y sont fréquentes, dans des proportions effarantes lors des célébrations de l’Aïd) ne font rien pour améliorer le regard des habitants sur leurs nouveaux voisins.
Tant et si bien que la question de la présence des immigrés, et de leur sur-criminalité, ou de la place de l’islam à Moscou ont été les principaux sujets de l’élection municipale s’é­tant tenue en septembre, « mettant en lumière la xénophobie croissante en Russie » d’après le journal algérien « El Watan ». Alexeï Navalny, l’outsider li­béral, affirmait dans le cadre de cet­te campagne vouloir « mettre fin à cette orgie d’immigration illégale » tandis que le maire sortant Sergueï So­bianine – membre de « Russie Unie », le parti de Vladimir Poutine – déclarait que « la moitié de tous les crimes en ville sont commis par des migrants ». Même le candidat du parti de centre-gauche « Iabloko » n’a pas hésité à affirmer sur ses affi­ches refuser que Moscou « devienne une province d’Asie centrale ».

Nationalisme, foot et sports de combat
D’après le politologue Emil Pain à Moscou, la « xénophobie » formerait le socle commun des quatre grands courants politiques russes (communistes, nationalistes, libéraux, pro-Poutine).
Ce qui est certain, c’est que chez les jeunes Moscovites, les « Tchernye » ont encore moins la cote que chez leurs aînés… Les médias ont dé­noncé la présence dans les émeu­tes de dimanche d’éléments « ultra-nationalistes » et de « hoooligans » (certains cumulant sans doute les deux maladies). Au vu des slogans tout comme des images, il serait difficile de dire que c’est totalement faux, même si ceux-ci n’ont servi que de détonateur à la colère populaire.
Une chose est certaine : l’influence de ces groupes parmi les jeunes Russes, et à Moscou en particulier, est devenue un véritable phénomène de société. Ce n’est d’ailleurs pas le seul pays où les supporters de football se mettent à jouer un rôle politique : nous avons déjà pu observer ce phénomène avec les manifestations anti-islamistes de l’English De­fence League au Royaume-Uni, ras­semblant régulièrement plusieurs milliers de personnes en prenant ra­cine parmi les « fans » des clubs de foot.
A Moscou, si leur excès de testos­térone et leur virilité agressive peuvent sans doute choquer dans nos démocraties libérales assoupies, ils rassemblent des milliers de jeunes autour de l’amour de la patrie, la pra­tique intensive des sports de combat et le refus des drogues.
On peut légitimement s’interroger sur ces émeutes et les méthodes employées… Mais apparemment ça fonctionne : ce lundi, à la suite des émeutes et pour apaiser les esprits, près d’un millier d’immigrés ont été arrêtés dans le but d’identifier et trouver l’assassin du jeune Igor Chtcherbakov. 
Patrick Peytours


abonnement
La suite de cet article est réservée aux abonnés, ou par l'achat au numéro. Découvrez nos offres d'abonnements !

Informations supplémentaires

  • Publié dans le numéro :

AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES

Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.

Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1

Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.

 

Les derniers numéros

Minute 2959
Minute 2958
Minute 2957
Minute 2956
Minute 2955

Complotisme : la raison domestiquée

Recevoir les infos et promos

tous-les-numeros

pub1

Suivez-nous

© 2012-2017 - ASM - Tous droits réservés

Connexion ou Enregistrement

Identification