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Jacques Julliard découvre la gauche d’ordre moral

Esprit, es-tu toujours là ? A défaut de faire tourner les tables, Manuel Valls fait tourner les sangs. Et dans « Marianne », celui de Jacques Julliard n’a justement fait qu’un tour : « La République marche sur la tête et le gouvernement aussi », écrit l’éditorialiste. « C’est se moquer de “l’esprit du 11 janvier “que de réduire, au nom de l’antiracisme, la liberté de la presse. C’est se moquer de “Charlie Hebdo“ que de préparer une loi qui enverra plus souvent que naguère “Charlie Hebdo“ devant les tribunaux. C’est un peu fort de café : je n’ai pas défilé le 11 janvier dernier pour remettre en cause la grande loi républicaine de 1 881 sur la presse et la liberté d’expression ! Cela s’appelle l’ordre moral. Et c’est la gauche qui prétend nous ramener à l’ordre moral ! »
Ça alors ! Qui l’eût cru ? Serge Lama chantait naguère « Je suis cocu, mais content ! » Jacques Julliard donne plutôt dans le cocu mécontent, personnage éternel de la comédie, du boulevard et de la politique.
Vieux routier du journalisme, Julliard a pourtant gardé une naïveté touchante. La gauche, liberticide ? Il en tombe des nues. Et c’est avec une vraie sincérité qu’il s’émeut de l’inscription dans le Code pénal des délits de provocation à la haine ou à la violence, d’injure ou de diffamation « à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, à une nation, une race ou une religion ». Sans compter, observe-t-il, qu’il « serait même question d’élargir la mesure aux propos sexistes et homophobes ». Julliard n’est ni raciste, ni sexiste, ni « homophobe ». Il admet même que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais des délits. Mais alors, pourquoi ne pas les inscrire dans le Code pénal, comme le veut le gouvernement ? C’est que l’islamisme, qui cherche à créer un délit de blasphème et de sacrilège pour sanctionner les attaques contre les religions, pourrait utiliser la nouvelle loi pour faire taire les critiques envers l’islam, s’inquiète l’éditorialiste, qui observe « que le président de la République lui-même s’est mis à employer le terme incongru et liberticide d’“islamophobie“, concession majeure au cléricalisme islamiste. »
Oserai-je rappeler que les classes politiques et médiatiques dans leur ensemble ont adopté sans hésiter le néologisme, non moins incongru et liberticide, d’« homophobie » ?
Le drame de la gauche, qui la pousse sans cesse à s’ériger en gardienne du nouvel ordre moral, c’est son irrésistible propension à s’autoproclamer le camp du bien. « Imaginez un instant les mêmes mesures annoncées par Sarkozy : tout ce que la France compte d’esprits libres serait aujourd’hui vent debout ! », s’indigne Julliard. Erreur, mon cher confrère : le manque de réaction que vous-même constatez aujourd’hui montre simplement qu’un esprit de gauche ne fait pas un esprit libre. Permettez-moi d’ajouter que s’il existait encore des esprits libres dans la presse française, ils se seraient manifestés lors du procès que Mama Doc intenta, non pas à « Charlie Hebdo », titre phare de la bien-pensance, mais à l’éternel vilain petit canard que demeure « Minute », en prenant prétexte d’un jeu de mot en couverture pour fulminer une accusation de racisme que la lecture du numéro démentait. Et si vous-même, Jacques Julliard, aviez alors protesté dans « Marianne » contre cette condamnation politique, sans doute entendrais-je encore mieux votre appel « républicain » – par ailleurs légitime et bienvenu – à combattre une loi liberticide au nom de la liberté d’expression.

Où Désir voudrait faire profiter de notre chance les autres Européens
A en croire Harlem Désir, ancien président de SOS Racisme et actuel secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, l’immigration est peut-être toujours une chance, mais qu’il faut savoir partager : il serait grand temps que les pays d’Europe de l’Est en bénéficient à leur tour. Ces nations – Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, etc. –, libérées voilà un quart de siècle de la tutelle soviétique à laquelle les accords de Yalta les avaient condamnées, avaient mis quelque temps à se relever économiquement des décennies passées sous le joug communiste. Cette pauvreté les a mises à l’abri des vagues d’immigration massive qui ont au contraire déferlé sur les rivages plus fortunés du continent européen, et notamment en France – à la satisfaction des pouvoirs politiques et du grand patronat, et aux applaudissements de l’intelligentsia. Mais la chance pour la France ayant tourné au désastre, et des pans de plus en plus larges de la population française – dite « de souche » par François Hollande – commençant à montrer dans les urnes un réel agacement de cet envahissement, il serait bienvenu que d’autres prennent le relai. Mais le voudront-ils ?
Au contraire de la France, où les politiques peuvent affirmer contre l’évidence, comme Eric Besson lorsqu’il cumulait, par la grâce de Nicolas Sarkozy, les fonctions de ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, qu’il n’existe pas de peuple français et que la nation française n’est qu’un conglomérat, fruit du métissage, les nations d’Europe de l’Est, elles, sont jalouses de leurs identités recouvrées. Il n’est donc pas du tout certain que ces peuples soient prêts à accueillir avec enthousiasme des immigrés susceptibles de les sommer de quitter leur pays pour faire de la place, comme l’écrivain d’origine sénégalaise Fatou Diomé le 24 avril sur France 2 y invitait les Français : « On est dans une société de la mondialisation où un Indien gagne sa vie à Dakar, un Dakarois gagne sa vie à New York, un Gabonais gagne sa vie à Paris : que ça vous plaise ou non, c’est irréversible, alors trouvons une solution collective, ou bien déménagez d’Europe, parce que j’ai l’intention de rester ! » Il n’est pas sûr qu’en Hongrie ou en Pologne, une telle sortie serait saluée, comme sur le plateau de France 2, par de petits rires gênés et lâches. On y garde encore trop présent à l’esprit le prix de l’indépendance nationale pour y écouter d’une oreille impavide les louanges de la mondialisation chantées par les bénéficiaires du mondialisme, à l’heure où tout est mis en œuvre pour déraciner les peuples. Par ailleurs, même si les Polonais ou les Hongrois acceptaient d’accueillir à leur tour des centaines de milliers (pour commencer) d’immigrés, rien ne dit que ces derniers voudraient s’y installer et ne quitteraient pas ces pays, attirés par le mirage de l’Europe occidentale, sans risquer d’être arrêtés par des frontières depuis longtemps abattues. Autant dire que la France n’a pas fini de profiter de sa chance !

Où Cohn-Bendit se rêve universel
Daniel Cohn-Bendit veut lui aussi devenir français, ce qui paraît plus simple, le Rhin se passant plus facilement que la Méditerranée. Dans « Le Point », il explique ces raisons : « Je le fais aussi pour que des types comme Pasqua ne puissent plus faire des blagues du genre : “Il est allemand et, comme tous les Allemands, il revient tous les trente ans…” » Georges Marchais, à une certaine époque, avait la plaisanterie plus lourde, ce qui avait conduit les apprentis gauchistes de 68 à défiler en clamant : « Nous sommes tous des juifs allemands ! » Aujourd’hui, Dany le rouge, reteint en tricolore, explique que s’il pouvait avoir un passeport européen, il rendrait volontiers les deux autres : l’allemand, qu’il possède depuis l’âge de 13 ans (il était auparavant apatride) et le français, qu’il n’a même pas encore… « Ça couvrirait encore plus la réalité de mes identités », dit-il, avant de déclarer qu’après sa mort, il souhaite que ses cendres soient dispersées à Francfort, à Paris et dans l’Hérault pour être « partout et nulle part ». N’est-ce pas déjà le cas de son vivant ?                                                     

François Couteil    


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  • Publié dans le numéro : 2717
  • Auteur : François Couteil

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