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Où les invités de Flanflan débarquent

Flanflan était content, pas déçu d’avoir accroché ses p’tits ballons roses à la grille et aux fenêtres de l’Elysée : tous les invités ont débarqué, le Yankee et le Popov, la Queen avec sa collection de bitos « incredibles » et même Angela, qui représentait les perdants, tous prêts à entonner d’un seul chœur et d’un même cœur : « Joyeux anniversaire… »
Dame, le soixante-dixième, ça compte ! Sept dizaines ! Dix septaines ! Un chiffre rond en tout cas, qui se termine par un zéro, le chiffre fétiche de François Hollande. Et ce qui est chouette, c’est qu’on pourra remettre ça dans cinq ans : soixante-quinze, trois quarts de siècle, encore un chiffre pas complètement rond, mais quand même un peu ; symbolique, en tout cas. Mais symbolique de quoi, au fait ?
On ne retire rien au courage des « boys » qui se sont jetés à l’eau, au sens littéral de l’expression, sur les plages normandes ou qui ont sauté sur Sainte-Mère-Eglise en rappelant qu’en dehors des 177 fusiliers-marins du commando Kieffer, une poignée d’hommes, les Français n’ont pas participé au débarquement en Normandie. De Gaulle lui-même l’avait rappelé en 1963 à Jean Sainteny, ministre des Ancien Combattants, en refusant de commémorer l’événement : « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement. Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne. Il m’a crié de toute la force de ses poumons : “De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préfèrerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préfèrerons toujours les Américains ! ” ». Voilà qui tranche un peu avec la légende des bons Anglo-Saxons venus se sacrifier pour libérer leurs amis français, même si la rancœur gaullienne s’explique aussi par l’orgueil démesuré et la rancune éléphantesque de l’intéressé. « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! », poursuivait-il. Toujours selon Charles De Gaulle, les Anglo-Saxons « étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne ! »
L’ancien ministre Michel Jobert m’avait aussi raconté, à l’occasion d’une interview, qu’à la veille du débarquement en Provence en août 1944 – auquel participèrent massivement les troupes françaises, mais dont il est rarement fait mention car ces troupes n’étaient pas gaullistes –, il avait eu connaissance d’un document américain qui prévoyait de découper la France en deux, comme le fut l’Allemagne, qui l’avait vivement inquiété. Il semble que Churchill, moins insensible au sort des Français que De Gaulle n’a voulu le dire ou taraudé par le souvenir de la trahison de Mers el-Kébir, où sur son ordre fut coulée une grosse partie de la flotte française en juillet 1940 (1 300 marins français tués), s’y soit opposé.
Ces témoignages relativisent quelque peu la version popularisée par le Jour le plus long de bons amis yankees venus verser leur sang, non pas pour servir les intérêts de leurs pays, mais pour libérer les aimables mangeurs de grenouilles, dont un certain nombre ont d’ailleurs trouvé une mort brutale sous les bombes de leurs aviateurs. Heureusement qu’aujourd’hui, on a le traité transatlantique…

Où Barack mâchouille vachement
Pendant les cérémonies commémoratives, le Président Obama mâchouillait un chewing-gum, ce dont certains de nos compatriotes se sont choqués. Des commentateurs ont expliqué qu’il s’agissait d’une gomme à la nicotine, dont Obama, fumeur pénitent, ne pourrait se passer. Cette explication serait à même de satisfaire Marisol Touraine, qui, au lendemain de la déroute électorale socialiste, a pris la décision la mieux à même de sauver le pays en sévissant contre la cigarette électronique dans les lieux publics. Non au vapotage, oui au chewin-gomage !
L’explication me paraît pourtant farfelue et je crois plutôt que la gomme à mâchouiller, contemporaine de la fameuse Winchester et introduite en Europe par les soldats de l’oncle Sam pendant la Première Guerre mondiale, est un symbole fort de l’American Way of Life et de la vocation profonde de ce peuple de cow-boys qui, à force de convoyer des ruminants, a fini par leur ressembler.
De cette vacherie un peu facile, que les lecteurs ne concluent pas trop vite à mon anti-yankisme primaire : je n’ignore pas ce que nous devons à certains Américains. Certains compatriotes d’Obama ont contribué, mieux que les Français eux-mêmes, au rayonnement de la culture de notre pays : c’est le cas, par exemple, d’un musicien comme William Christie, qui a puissamment contribué à la redécouverte de la musique baroque française ; mais ce n’est pas cette Amérique-là, hélas, qu’incarne Obama.

Où Nicolas recolle au peloton
Zorro est arrivé sans se presser, comme au bon vieux temps. Sous le fameux masque, on reconnaît la bobine du petit Nicolas, de retour à point nommé pour sauver le parti de l’éclatement. S’il revient, ce n’est pas qu’il en ait envie, non : mais que ferait-on sans lui ? Comment se débrouilleraient les Fillon, Juppé et consorts, si démunis quand son génie ne les éclaire pas ? Il l’a résumé d’une formule lapidaire : « Va falloir que je m’y colle ! » Du pur Sarko. Rien n’a changé, même pas cette manière qui lui est propre de massacrer la langue française en parlant un français moins populaire que populacier. A la colle de Marianne, Nicolas, le nez dans sa culotte et le pif moins propre que la culotte de la donzelle, au moment où l’affaire des dépassements de frais de campagne, annoncée comme une affaire Copé, ne l’est qu’à la marge et s’ouvre sur une affaire Sarkozy.
Il va falloir qu’il s’y colle, dit-il : quel effort et comme cela doit lui coûter ! Et faut-il que le monde soit méchant pour qu’à l’UMP, certains esprits chagrins, comme Bernard Debré, dénigrent ce bel esprit de sacrifice et l’envoient sur les roses – une fleur qui, en politique, ne sent plus très bon par les temps qui courent.

Où Arthur retrouve la frite
L’heure est grave, les élites quittent la France. Comme je le rappelais la semaine dernière, en 2007, Yannick Noah avait annoncé son intention de quitter la France si Nicolas Sarkozy était élu. Les Français, qui sont polissons, lui avaient fait la farce d’élire Sarko mais Yannick avait trop le sens de l’humour pour les prendre au sérieux. Cette année, il les a gentiment prévenus que si le Front national arrivait en tête, allez, zou : il partait pour de bon. J’ai donc préparé mon mouchoir, adieu foulard, adieu madras, pour lui souhaiter bon voyage et surtout bon vent. Ciao pantin !
Or, à peine remis de cette émotion, j’apprends une autre nouvelle non moins consternante : Arthur, le chevalier des tables rondes, envisage de se barrer chez les Belges pour payer moins d’impôts. Consternation ! Il n’était donc pas de gauche, Arthur ? Ni civique, ni citoyen, pour quitter ainsi le camp de la solidarité et partir placer ses fifrelins un peu mieux à l’abri outre-Quiévrain ? Personne ne lui a donc expliqué que l’argent qu’il gagne n’est pas à lui, mais à l’Etat ? Que ce que l’Etat ne nous prend pas, lui coûte ? Et que l’évasion fiscale n’est pas prévue dans les conventions de Genève (pourtant signées en Suisse) ?
Et puis, tu devrais réfléchir, camarade : la Belgique, ces temps-ci, entre les djihadistes et l’euthanasie, ce n’est pas très bon pour la santé. Pourquoi ne pas plutôt choisir le Cameroun et partir par le même vol que Noah ?  


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