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Où Rachida s’effeuille

• Où l’électeur tombe de la lune
J’étais collé devant mon écran, un peu surpris tout de même, car j’avais allumé ma télévision pour prendre connaissance des résultats du premier tour de la présidentiel­le, mais après tout, l’occasion fait le larron : par hasard, j’assistais, en direct sur Canal+, au lancement de la fusée Ariane, exactement comme dans l’album de Tintin Objectif Lune ; depuis la tour de contrôle, une voix enclenchait le compte à rebours : « Ici la Terre… Il reste encore cinq minutes… » Sur mon écran s’affichait curieusement, tombé de la lune, le sourire de Clémentine Au­tain, porte-parole de Mélenchon. Apparaissait aussi l’ancien premier ministre Raffarin, les sourcils froncés comme le professeur Tournesol dans la bande dessinée : « Mon Dieu ! C’est horrible… Et si j’avais fait une erreur dans mes calculs ! Ce serait épouvantable ! » Sur mon écran s’affichait maintenant le compte à rebours et les secondes dé­filaient : trois… deux… une… zéro. Taratata tsoin tsoin ! Escroquerie ! En fait d’envol de la fusée Ariane, à 20 heu­res pile, les gueules de nos deux pingouins nationaux, Flanko et Sarby, s’inscrivaient en médaillon, avec leurs scores respectifs. Et les journalistes en paraissaient soulagés : ils allaient en­fin pouvoir parler d’autre chose que du temps sur la lune – le CSA leur aurait interdit, paraît-il, d’évoquer la température sur Mars pour ne pas fa­voriser Cheminade ; pour la lune, en revanche, pas de problème : tous les candidats nous l’ont promise… Fin de la comédie, et de la fausse psychose des résultats dévoilés avant la fermeture de l’ultime bureau de vote, dont l’annonce risquerait d’influencer l’é­lec­teur volatil (du genre pigeon, si j’ai bien compris), suffisamment inconstant pour aller voter dans le sens do­minant : si j’avais des doutes sur le sé­rieux de la démocratie, voilà qui suffirait à me rassurer.

• Où je me fais sondeur
A considérer le sourire d’Autain, j’avais dit à ceux qui m’entouraient : « Aucun doute, ils ont gagné ! » Eh bien, pas du tout, figurez-vous ! La péronnelle est de celles qui se marrent quand elles prennent un coup de pied quelque part. Ça lui va bien, Autain. Son champion, qui, à en croire les récents sondages, tutoyait les cimes, est tombé de haut : guère plus de 11 % au lieu des 15 à 17 % régulièrement annoncés, tandis qu’inversement, le score de Marine Le Pen est plus élevé que prévu. Le troisième homme, c’est elle. Et la question se po­se : les sondages sont-ils crédibles ? « Oui, répondent immédiatement les représentants des instituts ad hoc : et d’ailleurs, on ne s’est pas gouré de beaucoup ». Il est vrai que par rapport à tout ce qu’ils nous apportent, aux es­poirs qu’ils font naître, aux craintes qu’ils entretiennent, au suspens qu’ils ménagent, on aurait mauvaise grâce à chipoter sur un ou deux points par-ci, par là, représentant à peine quelques cen­taines de milliers d’électeurs. Prenons Le Pen, par exemple : BVA la situait à 14 %, Ifop à 16 %, elle fait 18. Faut-il en faire un plat ? Après tout, ça ne fait qu’une erreur de 1,4 million de voix pour BVA et de 682 000 pour Ifop. Un détail… Du coup, les instituts ont remis ça, et toujours plus fort ! A peine tombés les résultats du premier tour, ils ont fait connaître ceux du deuxième. Hollande vaincra parce qu’il est le plus fort, d’une victoire large et certaine : pas moins de 56 % contre seulement 44 % à Sarko le clown. J’en suis resté comme deux ronds de flanby. Faut-il que les magiciens d’Ipsos, d’Ifop et d’ailleurs soient fortiches pour prédire ainsi l’avenir, sans mê­me prendre le temps de regarder dans leur boule de cristal ou leur verre de pastis ! J’ai oublié à quel institut le candidat socialiste doit ces augures prometteurs ; peu importe, du reste : les sondeurs présents se sont empressés d’ex­pliquer aux téléspectateurs profa­nes les mystères de leur art : 40 % des électeurs de Bayrou et bon nombre aussi de ceux de Le Pen se reporteront sur Hollande, qui fera le plein des voix d’extrême gauche, ont-ils annoncé. Secouez bien et servez frais : le sondage est prêt à consommer. Je les trouve pourtant un peu chiches, ces bons oracles : pour peu que Cheminade en­voie depuis Mars quelques soucou­pes à la rescousse et qu’Eva fasse in­tervenir un fort parti viking dans la ba­taille électorale, je vois plutôt Hollande l’emporter par 83 % contre 17 % – à la louche. Allez, je cours ouvrir un institut de sondage. Un bon plan : il paraît qu’en plus, on est payé pour ça !
• Où la Méluche se sent pousser la moustache place Stalingrad
Sondé n’est pas coulé : Sarko est bien décidé à jouer son va-tout pour se maintenir à flot. Sûr de ses atouts et bluffeur comme pas un, il a proposé à son rival une partie en trois manches, trois débats – ce que l’autre, pas fou, s’est gardé d’accepter. Les instituts de sondage n’ont pas pris en compte, en effet, le risque de produire sur les électeurs la rencontre attendue du flambeur et du Flanby. Ce dernier, pris entre le centre et l’extrême gauche comme entre la faucille et le marteau, risque d’ailleurs de se trou­ver dans une situation encore plus inconfortable que le président-candidat, qui devra pour sa part sé­duire l’électorat lepéniste tout en mé­nageant les bayrouistes. Veste sombre, cravate rouge et gueule des mauvais jours, Mélenchon a demandé à ses partisans réunis place Stalingrad – en hommage au cher Joseph ? – de se sou­venir « pour toujours des noms de ceux qui ont refusé ce combat et pire, qui ont préféré relayer les arguments calomnieux et anti-communistes de l’extrême droite contre nous ». En le regardant, je me disais que j’avais déjà vu ce coco-là quelque part ; mais où ? Bon sang, mais c’est bien sûr : à Bucarest, sur le balcon du Comité central, ce jour de décembre 1989


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  • Publié dans le numéro : 2561
  • Auteur : François Couteil
Dernière modification le

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