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Où Tautau confond rapatriés et immigrants

On l’avait presque oubliée et je ne m’en portais pas plus mal, même si sa relégation aux ou­bliettes de la politique prive le Charivari d’un sujet de choix. Avec Taubira, la Guyâne prend un accent circonflexe. L’Aquarius, le bateau d’émigrants qui a gagné l’Espagne avec la complicité du nouveau gouvernement socialiste espagnol, a donné à M’dame Tautau l’occasion de réapparaître dans le « Journal du di­man­che » pour expliquer que l’immigration de masse ne peut faire que du bien aux « pays d’accueil », même quand les accueillis s’y introduisent sans invitation… On avait déjà entendu un certain nombre de sottises au sujet de ce ba­teau, déclaré « en détresse » par Macron alors qu’aucun signe n’indiquait un naufrage prochain. Il manquait les approximations historiques de Tautau, qui sont arrivées comme le bouquet final du feu d’artifice.

Dans le « JDD », M’dame Tautau compare différentes vagues de réfugiés qui seraient arrivées en France en posant au pays des difficultés résolues dans la félicité générale, et dont les en­fants sont devenus d’excellents Français. Parmi ces exemples de populations exogènes heureusement assimilées, elle cite… les Français d’Algérie ! En égrenant, en quelques lignes, un nombre confondant de contre-vérités : « Ils sont français, certes, mais partis depuis longtemps ou nés là-bas. Ils sont pieds-noirs, harkis, d’abord quelques milliers. De Gaulle et Peyrefitte sont inquiets, persuadés que la tâche est insurmontable. Où trouver du travail, des logements, des écoles ? Ils seront un million en trois ans. Regroupés, maltraités, livrés au froid et à l’inaction. Les services sociaux sont débordés. Des bénévoles… com­me sur l’Aquarius aujourd’hui. Ils ont refait leur vie. Leurs enfants ont grandi. […] Qui alléguerait que…? » Que quoi ?

Il s’agit de Français rapatriés, pas d’immigrés. Elle-même le rappelle, même si elle tente de relativiser cette réalité par l’adverbe « cer­tes » et la conjonction « mais ». « Partis depuis longtemps ou nés là-bas… » Là-bas, c’est à l’époque une province française, constituée de départements français, où flotte le drapeau français. Et c’est justement parce qu’ils étaient Français qu’ils durent rentrer massivement, dès 1962 – et non pas en trois ans, le FLN ne leur laissant comme alternative que la valise ou le cercueil. Descendants de Français (y compris d’Alsaciens-Lorrains qui avaient refusé de devenir Allemands), d’Espagnols ou d’Italiens, ces « pieds-noirs » avaient montré qu’ils avaient la France au cœur sur les champs de bataille de la Grande Guerre ou dans l’armée d’Afrique de la Libération. Leur retour massif n’« inquiéta » pas De Gaulle, mais l’irrita au plus haut point car il ne l’avait pas prévu. Et en fait de services sociaux et de bénévoles, ces indésirables furent d’autant plus mal reçus en métropole que les mêmes journaux qui s’apitoient aujourd’hui sur les « migrants » de l’Aquarius, n’avaient eu de cesse, à l’époque, de les présenter comme des salauds. L’« assimilation » se fit pourtant, d’autant plus naturellement que les petits Français de Philippeville ou d’Alger avaient appris le français et l’histoire de France dans les mêmes manuels que ceux de Paris, Grenoble ou Bordeaux. Quant aux harkis, ils ne furent pas nombreux à rejoindre la métropole, le gouvernement fran­çais ayant fait de son mieux pour qu’ils restent en Algérie où des dizaines de milliers d’entre eux furent massacrés dans des supplices abominables.

Tautau cite deux autres exemples : celui des boat-people vietnamiens et cambodgiens après la victoire des forces communistes dans ces pays, vivement saluée à l’époque par l’ensemble de la gauche et des médias français. Ils furent « des dizaines de milliers », comme elle l’écrit, à tenter d’échapper aux mâchoires du totalitarisme marxiste qui se mettait en pla­ce en s’embarquant sur des coquilles de noix. Ce drame n’a rien de commun avec l’arrivée potentielle en Europe de centaines de milliers d’immigrants économiques, qui s’a­jouteront aux millions d’immigrés déjà installés en France. L’autre exemple concerne l’im­migration consécutive à la guerre des Balkans dans les années 1990, qui a jeté « sur les routes d’Europe des colonnes silencieuses et accablées, invariablement composées d’enfants au regard étonné, de femmes qui s’obstinent à rester propres et dignes, d’hom­mes qui tentent de brider l’humiliation de n’être qu’un parmi d’autres dans une foule. » Tautau a raison : il suffit de se rendre en Sei­ne-Saint-Denis en RER pour constater que, par le Grand Manitou, il y a des Serbes partout ! Pourtant, ajoute-t-elle, « ils sont nombreux à être repartis, dès l’ombre de la paix (sic !) revenue ». Il faudrait demander aux Serbes du Kosovo ce qu’ils pensent de cette ombre de paix… Reste à savoir pourquoi ces réfugiés des Balkans sont rentrés chez eux. Peut-être ces malheureux n’avaient-ils pas conscience d’être nés dans leur pays « par ha­sard », comme les Français en France selon Taubira ?

Je sais bien que Tautau milite en faveur de la PMA sans père, mais pour l’instant la plupart des Français naissent encore de leurs parents (même par hasard), eux-mêmes issus de générations de Français. C’est ce que l’on appelle s’inscrire dans un héritage. Et s’il est possible de devenir héritier par adoption, il n’est pas sûr que forcer illégalement les portes du pays soit le plus sûr moyen d’y parvenir. François Couteil

 

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