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Le premier qui rit, il sera exécuté

Le maire de Sainte-Maure-de-Touraine avait cru faire de l’humour, les juges tourangeaux ont décidé que c’était en réalité du racisme. On est prié de ne pas rire sans autorisation légale.

C’est l’histoire d’un mec…

Le premier qui rit, il sera exécuté

«En mai, fais ce qu’il te plaît », dit le proverbe ; mais ne dis surtout pas ce qu’il te plaît, sous peine d’être con­damné par un tribunal de la République pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion », comme l’a été, le 31 mai, Michel Champigny, maire de Sain­te-Maure-de-Touraine, une petite ville d’un peu plus de 4 000 âmes, sise en Indre-et-Loire. Cet édile s’est vu infliger, par le tribunal correctionnel de Tours, 1 500 euros d’amende assortis de 1 000 euros de dommages-intérêts à verser au Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) pour une plaisanterie sur les Arabes qui n’aurait sûrement pas suffi à les arrêter à Poitiers, 70 kilomètres plus bas.

Quelle est cette blague à 1 500 balles qui nous ramène aux heures les plus nauséabondes de no­tre histoire ? Le 4 avril 2017, au cours d’une réunion publique organisée à Azay-le-Rideau pour soutenir la candidature de François Fil­lon à la présidentielle, Michel Champigny a osé répéter une blague entendue, dit-il, dans un taxi et qui l’avait fait rire : « Savez-vous quel est le sport préféré des Arabes ? Les courses hippi­ques, parce qu’y piquent tout : y piquent ta ba­gnole, y piquent ta mob, et y piquent ton fric. »

Sainte-Maure, et pourquoi pas Inch’ Arabes ?

On a ouï plus drôle, mais quel « dérapage » ! Sortir une énormité raciste pareille, comme si Fillon n’avait pas eu suffisamment d’ennuis à l’époque ! Si Champigny s’était moqué des Belges, des Bretons ou des Berrichons, personne n’aurait rien dit. Mais des Arabes ! Lâché par ses propres amis politiques, toujours terrorisés à l’idée de déplaire aux associations de gauche an­tiracistes, le maire a rapidement pris con­science de son impair et fait amende déshonorable – et tardive – devant le tribunal : « Je re­grette profondément d’avoir choqué les gens », s’est-il autoflagellé après le rendu du verdict. « Hervé Novelli, le maire de Richelieu, m’avait demandé de chauffer la salle… C’est cette blagounette entendue dans un taxi qui m’est venue bêtement à l’esprit. » « Blagounette ? » Et pourquoi pas « facétie » ?

Le maire de Sainte-Maure, ville au nom prédestinée, n’est pas un humoriste, certes. Mais sa blague de chauffeur de taxi (arabe ?) vaut bien celle de Smaïn (photo), qui, dans un de ses spectacles, amusait ainsi son public, toutes origines confondues : « Les Français, levez les mains ! Les Arabes, fouillez dans les poches des Français ! » On n’a pas entendu dire qu’une association antiraciste s’en soit jamais émue. Pourquoi ? Parce que Smaïn, natif de Constantine, était lui-même d’origine algérienne ? Seuls les Arabes auraient donc le droit de rire des Arabes, les Bretons des Bretons, les Parisiens des Parisiens ! L’humour noir va avoir du mal à survivre, si seuls les morts peuvent rire de la mort.

En somme, la même blague serait raciste dans un cas et pas dans l’autre. Dans telle histoire qui court sur le net : « Deux Arabes sont dans une voiture bleue ; qui la conduit ? Un flic ! », faut-il voir l’expression d’un racisme nau­séabond ou une « blagounette » innocente ? Racontée par un « Français de souche », elle pa­raît d’autant plus condamnable qu’elle traduit une certaine réalité, soulignée en octobre 2014 par le rapport du député Guillaume Larrivé « pour un plan d’action anti-radicalisation islamiste en prison » ; ou encore, par le journal britannique « The Telegraph » en janvier 2015 : 60 à 70 % de la population carcérale en France peut être considérée comme « de culture ou de religion musulmane ». Cet humour-là ne fait pas rire. On conçoit donc que la blague du maire de Sainte-Maure ait pu fâcher les juges : le premier qui rit en vérité, il sera exécuté…

On ne peut rire de rien avec personne

L’humour est-il censuré en France ? En 1982, l’humoriste Pierre Desproges, qui s’amusait parfois assez férocement aux dépens de « Minu­te », pouvait encore dire : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. » Aujourd’hui, il est devenu impossible de rire de tout, à l’inverse de ce qu’affirmait en octobre 2015 sur RTL le président de la Licra, Alain Jakubowicz : « On peut rire de tout, de tout le monde, tout le temps. On s’est mis dans la tête, et les humoristes aussi, qu’il y aurait une censure. C’est faux. Regardez les décisions de justice qui ont été rendues, pas un humoriste n’a été poursuivi ou condamné […] Aujourd’hui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. » Qu’on le veuille ou pas !

Les exceptions tendent pourtant à se multiplier. Que l’on aime ou pas Dieudonné, considéré par la bien-pensance comme l’un des meilleurs humoristes tant qu’il crachait sur la Fran­ce, il s’exerce bien à son encontre au­jourd’hui une censure. De même qu’il s’en est exercé une aux dépens de l’animateur Tex (qui avait auparavant montré dix-sept ans durant qu’il n’est pas besoin de talent pour se maintenir à l’antenne) pour une plaisanterie pas moins nulle que d’habitude, mais insupportable en ces temps féministes.

Et comment ne pas rappeler la condamnation de « Minute » pour avoir « franchi les limites de l’humour » avec sa une sur Christiane Taubira qui retrouvait la banane (autrement dit, le sourire) ? Cette limite, revient-il désormais aux magistrats de la fixer ? Au fond, la gauche est sinistre comme son nom l’indique (senestre) et se fait une trop haute idée de sa mission moralisatrice pour garder le sens de l’humour. On est prié de ne plus rire hors des limites indiquées et des heures assignées, sous peine d’amende.

Henri Langeau

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