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Si, les cathos peuvent voter pour Le Pen !

Alors, les cathos, vous allez tous voter pour Emmanuel Macron ? C’est la question que pourrait poser, narquois mais naïf, un incroyant qui s’imaginerait encore que les catholiques convaincus laissent diriger leur vote par Monsieur le Curé. Il y a belle lurette qu’une bonne part des évêques de France affiche un net penchant à gauche. Les électeurs catholiques ne sont pas dupes, pourtant. Mais voter en conscience est une question qui se pose pour tous. Peut-on voter pour Marine Le Pen ?

Il existe désormais un « comité Antioche » de prêtres et autres clercs qui ont décidé de résister aux consignes données par la Conférence des évêques de France qui, sous des airs d’aider au « discernement », avancent une seule idée claire noyée dans une masse de bonnes intentions à propos de la famille, de l’école, du bien commun et même du « respect des plus faibles depuis le début de leur vie jusqu’à leur fin naturelle ». Cette idée tient en quelques mots : « Concernant les migrants, l’accroissement du phénomène migratoire, dû à de nombreux facteurs, est un constat, pas un combat. Quand certains pays accueillent des millions de réfugiés, comment notre pays pourrait-il reculer devant la perspective d’accueillir et d’intégrer quelques dizaines de milliers de ces victimes ? Notre volonté de solidarité ne peut pas se réduire au cadre restreint de notre pays. » Les« quelques dizaines de milliers »,c’est une blague bien sûr. La pression migratoire, à la différence de la pression politique des évêques, est ouverte, massive et sans ambiguïté. Mais enfin, le message épiscopal est clair : on ne peut voter pour la candidate qui propose de renforcer les frontières et de réduire le flux et se regarder dans une glace catholique. Comme il faut aussi favoriser « une véritable adhésion des peuples d’Europe au projet européen » et « revoir urgemment nos modèles de consommation et inventer un monde moins destructeur et plus juste » sous le regard des accords de la COP 21 auxquels Macron est si attaché au point d’en faire une « priorité internationale », il n’y a guère le choix. C’est Macron adoubé, sinon canonisé…

Un sermon pas tout à fait d’équerre.

Pas plus tard que ce dimanche, l’archevêque de Rennes, Mgr Pierre d’Ornellas, invitait son troupeau découvrir « trois points de repères » en vue du second tour. Sic et sic : le pluriel à « repère » et les « trois points » que d’aucuns jugeront révélateurs… Trois points qu’il suffit d’énumérer pour comprendre le raisonnement épiscopal : « La construction de l’Europe demeure un enjeu essentiel »,« une belle et grande ambition… qui devrait tous nous entraîner », voilà pour le premier. Le deuxième annonce : « L’amour du pauvre et l’accueil de l’étranger sont au cœur des Evangiles et de toute la Bible. » Parce que – entre autres –« en Egypte, le pape François vient de rappeler l’importance de “l’amitié entre des traditions différentes” ». Une belle « promesse » de charité… Amis musulmans entrez, c’est par là ! Et puis, troisième point maçonniquement très correct :« Bien sûr, nous entendons la clameur de ceux qui sont délaissés ou oubliés. » « Libérer l’économie dans la justice pour tous et dans l’adaptation du travail pour tous est un enjeu essentiel. » Un « défi ».« Libérer l’économie », n’est-ce pas ce que promet Macron ? Bingo ! Ce sont les mots de son programme. D’ailleurs, Mgr d’Ornellas, qui tient à ce que les catholiques de Rennes le comprennent bien, conclut : « C’est pourquoi, nous, catholiques, nous nous sentons appelés à voter dans le sens de cette ambition, de cette promesse et de ce défi. » Il paraît, et c’est une bonne nouvelle, que bon nombre de Rennais qui « vont t’à la messe » ont été outrés. Mais enfin les voilà réduits au rang de troupeau rebelle et pourquoi pas de boucs méchants, prêts à se jeter stupidement dans la gueule de la louve.

La tentation du vote blanc

Sans doute écouteraient-ils plus volontiers leurs pasteurs si ceux-ci revenaient au rappel des « points non négociables » dégagés par le cardinal Ratzinger, le futur Benoît XVI, pour éclairer la conscience des votants catholiques. Une société expliquait-il en substance, ne saurait être juste ni même avoir un véritable avenir si le respect de la vie, si la définition et la stabilité du mariage (indissoluble), si le droit premier des parents d’éduquer leurs enfants ne sont pas affirmés et défendus. Hélas, trois fois hélas… Si, pour Macron, c’est zéro pointé à tous les étages, Marine Le Pen est loin d’être la candidate idéale et d’ailleurs elle ne recherche ni l’approbation des évêques, ni celle des cathos pratiquants. Si son programme est nettement moins mauvais que celui de Macron sur plusieurs points bioéthiques, elle affirme l’avortement comme un « droit de la femme ». Huit millions de victimes de« l’IVG »depuis l’adoption de la loi Veil, ça ne luisuffit donc pas ? Ne voit-elle pas l’ap-pel d’air démographique que cela crée ?Pour la famille, Marine Le Pen pré-voit quelques mesures fiscales et un ré -tablissement des allocations familiales.Et un petit rebricolage du congé paren-tal. C’est maigre, alors que la société esten train de s’autodétruire par l’écroule -ment du mariage. La liberté d’éduca-tion ? Elle n’est nulle part dans ses144 engagements présidentiels. Marine préfère refonder l’école républicaine – en éludant l’école libre. Pour ce qui est du « mariage » gay, Marine promet de limiter les dégâts en abrogeant la loi Taubira… mais en créant – pour les homosexuels, c’est sous-entendu – un « Pacs amélioré », mais sans adoption. Cet engagement-là vient d’une erreur de perspective largement partagée : il faudrait proscrire le « mariage » des couples de même sexe pour protéger les enfants. C’est refuser de voir que la « sacralisation » du couple homosexuel socialement récompensé– du fait de ses choix sexuels – par un contrat protecteur est en soi un problème. Le catholique serait-il donc appelé à voter blanc ? A se laver les mains de l’a venir de la France ?

Le futur Benoît XVI a parlé clair

Le cardinal Ratzinger – toujours lui – apporte une réponse concise et claire au dilemme de la conscience « catholique et française », catholique et nationale : il l’a fait en écrivant un mémorandum privé à un évêque américain à propos de l’admission à la communion des politiques favorisant l’avortement, où il précisait – c’était en 2004 – ce qu’il en est pour leurs électeurs. « Un catholique serait coupable de coopération formelle au mal, et donc indigne de se présenter à la communion, s’il devait délibérément voter pour un candidat précisément en raison de la position permissive d’un candidat à l’égard de l’avortement et(ou) de l’euthanasie. Lorsqu’un catholique ne partage pas la position favorable d’un candidat à l’égard de l’avortement et (ou) de l’euthanasie, mais vote pour ce candidat pour d’autres raisons, cela est considéré comme une coopération matérielle éloignée, qui peut être permise en présence de raisons proportionnées », répondait-il au cardinal Mc Carrick. Ce n’est pas un blanc-seing pour voter n’importe comment : s’il a le choix, l’électeur catholique doit en conscience privilégier le candidat qui affirme pleinement le respect de la vie, de la famille, de la liberté éducative. Mais quand il n’a pas ce choix ? Il a le droit de voter non point « pour » des mesures mauvaises ou contestables dans ce domaine, qu’il n’approuve ni ne désire soutenir, mais pour ce qu’il estime y avoir, dans ce mauvais programme, de moins mauvais, voire de nécessaire pour son pays. Comparez les programmes, cochez les cases, faites les comptes. Il y a d’un côté une ouverture tous azimuts au mondialisme et à la culture de mort qu’il véhicule. De l’autre, un « moins pire » éthique, et une volonté, fût-elle imparfaite, de protéger les réalités et les libertés françaises. Face à cela, la pesante bureaucratie gauchisante des évêques de France ne fait décidément pas le poids.

Jeanne Smits

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