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« Vincent Lambert n’est pas traité comme un être humain »

Prenant la parole à l’issue de la Marche pour la vie, le 22 janvier, le président de la Fondation Jérôme Lejeune, Jean-Marie Le Méné, a évoqué les procédés inqualifiables dont l’hôpital public de Reims use à l’égard des parents de Vincent Lambert, « coupables » de vouloir sauver la vie de leur fils handicapé à la suite d’un accident. « Minute » a rencontré l’avocat de ces derniers, Me Jérôme Triomphe.

« Minute » : Les parents de Vincent Lambert rencontrent-ils des obstacles pour visiter leur fils ?
Me Jérôme Triomphe : En effet, Pierre et Viviane Lambert visitaient quotidiennement leur fils et restaient avec lui de 13 heures à 20 heures, seuls le plus souvent. Or, le 23 juillet 2015, Vi­viane, arrivant à l’hôpital de Reims avec sa petite-fille, nièce de Vincent, pour voir celui-ci, se heurta à un refus de l’établissement, sous prétexte que sa petite-fille ne figurait pas sur une liste des parents autorisés à le voir ! De même, le frère de Vincent, David, se vit interdire l’accès à la chambre parce qu’il était accompagné de son fils, filleul de Vincent.
Un juge des tutelles ayant été nom­mé par la suite, nous avons introduit une requête, le 19 août 2016, afin que soit mis fin à cette liste arbitraire. Mais ce magistrat a demandé à Rachel Lambert, l’épouse de Vincent favorable à la mort de son mari, d’établir elle-même une liste des personnes autorisées. Au­jourd’hui Pierre et Viviane n’ont plus le droit de visiter leur fils qu’entre 17 heu­res et 20 heures. Et avant 17 heures, Vincent reste seul.


Est-il exact qu’ils doivent présenter leurs cartes d’identité à chaque visite ?
L’hôpital leur demande en effet de déposer leurs cartes d’identité. Cette aberration a été mise en place par le Dr Kariger (ancien chef de l’unité de mé­decine palliative et de soins de support du CHU de Reims, Ndlr), qui a établi le 16 janvier 2014 une « procédure de sécurisation ».
Une infirmière devait constater l’état de Vincent avant et après la visite de ses parents – comme s’ils avaient été suspects de vouloir tuer leur fils !
Vincent est ainsi séquestré dans un univers quasi-carcéral. Une caméra de surveillance est installée dans sa cham­bre, dont la porte, fermée à clef, est équipée d’un hublot pour surveiller ce qui s’y passe. Depuis plus de quatre ans, il reste reclus dans cette pièce, sans voir de kinésithérapeute, ni disposer d’un fauteuil adapté pour le promener.
Le bon sens et l’humanité voudraient qu’il soit transféré dans un établissement compétent avec une nouvelle équi­­pe. Cinq établissements ont écrit qu’ils étaient prêts à l’accueillir et nous avons formulé deux demandes de trans­fert, appuyées par les avis de spécialistes. Le juge nous a répondu le 20 oc­tobre 2016 que cette demande était irrecevable parce qu’elle se heurtait au refus de Rachel Lambert.

Pourquoi les parents de Vincent sont-ils si peu entendus ?
Les médias les présentent – à tort – comme des « catholiques intégristes » et cette « accusation » suffit à les stigmatiser aux yeux des journalistes. L’avocat de François Lambert, neveu de Vincent, les a qualifiés de « djihadistes catholiques » et en septembre 2015, la mère de François, Marie-Geneviève, demi-sœur de Vincent, refusant dans « Libération » l’éventualité d’une médiation, les avait comparés à Daech ! L’argument est simple : la volonté de ses parents de maintenir Vincent en vie se­rait dictée par l’idéologie… En réalité, ils se battent tout simplement parce que c’est leur fils et qu’il est vivant.
L’idéologie est de l’autre côté : Vincent est le symbole de l’échec de la loi Léonetti. Il n’est donc plus traité com­me un être humain, mais comme un mort-vivant : l’avocat de François Lambert l’a qualifié devant le tribunal de « quasi-dépouille » et nous a accusés de vouloir « transférer un corps ». Nous demandons qu’on le traite comme un être humain.

Vous avez déposé des plaintes au pénal. Contre qui et pour quels motifs ?
Nous avons en effet porté plainte au pénal, contre le CHU de Reims, les docteurs Kariger, Simon, Oportus et con­tre X, pour tentative d’assassinat ; violation du secret médical par le docteur Kariger, dans son livre Ma vérité sur l’affaire Vincent Lambert ; séquestration puisqu’il est enfermé à clef sous vi­déo surveillance, avec interdiction faite à certains de ses proches de le visiter et interdiction de le promener ; maltraitance, par privation de soins sur personne vulnérable ; et non-assistance à personne en péril, puisqu’on ne le ré­éduque pas pour lui permettre de s’alimenter de nouveau, alors qu’il est ca­pable de déglutir, comme huit spé­cialistes l’ont affirmé.
En outre, nous avons porté plainte contre Rachel Lambert pour faux et usa­ge de faux et tentative d’escroquerie au jugement, puisqu’elle a affirmé dans une attestation qu’elle habitait Reims alors qu’elle résidait en Belgique depuis cinq mois. Nous avons différé le plus longtemps possible l’introduction de ces plaintes au pénal, mais nous n’avions plus le choix. Le juge d’instruction nous a convoqués le 8 février prochain.

Le 19 janvier, François Hollande s’est déclaré favorable à une « solution humaine et digne » concernant Vincent Lambert. Quelle réaction cette intervention présidentielle vous inspire-t-elle ?
François Hollande oublie que le Con­seil d’Etat est saisi d’une requête con­tre l’arrêt de la cour d’appel de Nan­cy qui avait ordonné en juin dernier la reprise d’une procédure collégiale en vue d’arrêter l’alimentation de Vincent. Le président n’a pas le pouvoir de de­mander au CHU de reprendre cette procédure.
« L’affaire » de Vincent ne peut se terminer qu’en le tuant, ou en le transférant dans un établissement compétent, ce qui est la seule « solution digne et humaine ». S’il ne voulait pas vivre, il se laisserait mourir. Or, il se bat et l’on constate des évolutions positives.  
Propos recueillis par Henri Langeau

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