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Retrouver le souffle de la France

François Huguenin nous offre, avec Les Grandes Figures catholiques de la France, quinze portraits d’hommes et de femmes qui ont fait la France et qui l’ont faite chrétienne. Un rappel utile, alors que les mosquées se multiplient en France.

Attention ! Ces quinze portraits, de Clovis à Charles De Gaulle et de sainte Jeanne d’Arc à sainte Thérèse de Lisieux, ne sont pas des hagiographies. Ils ne doivent rien à la légende dorée et tout aux progrès con­sidérables de l’histoire scientifique. Tout ? On sera sensible aussi aux notes psychologiques qu’ajoute comme sans y toucher cet historien et essayiste. Il est bien sûr auteur de nombreux ou­vrages dont une passionnante Histoire intellectuelle des droites (Tempus, 2013) mais sa science n’a rien d’abstrait.
Un saint Bernard, fondateur d’ordre et prédicateur de la Deuxième croisade, enfermé jusqu’ici dans un XIIe siècle plutôt austère, prend un singulier relief sous sa plume. On le voit vivre, on l’entend parler avec ses contradictions d’hom­me célèbre et de moine qui a renoncé à tout.
Je craignais l’hagiographie en constatant que le chapitre consacré au roi Louis XVI est sous-titré : « le roi martyr ». En réalité, Huguenin montre parfaitement les hésitations et même l’inertie du roi pendant les Etats Généraux, par exemple. Le pouvoir lui échappe par­ce qu’il ne le tient plus. « Louis XVI souhaite en réalité concilier l’inconciliable : la nation et la société d’ordres. Il le veut sincèrement car il ne sait pas trancher et rêve en chrétien d’une conciliation. » Il me semble qu’il y a tout dans cette simple phrase : l’incompétence, le manque de vision et une désarmante volonté de bien faire. Le portrait du monarque est vraiment très réussi avec ses contradictions, sa faiblesse et son courage tout à la fois ; on le dirait vivant.

Les recompositions de personnages vraiment vivantes
C’est tout l’intérêt de la méthode re­tenue dans ce livre : il s’agit de rappeler à chacun cette histoire de France qu’il a un peu oubliée, mais de la rappe­ler à travers des êtres de chair et de sang. Il ne faut pas hésiter à offrir un tel livre aux jeunes qui cherchent à re­trouver quelque chose de leurs racines, qui veulent découvrir le passé pour com­prendre l’avenir. C’est le cadeau de Noël idéal tant le style est aisé et les recompositions de personnages vraiment vivantes.
Les deux personnages choisis pour illustrer la modernité sont particulièrement significatifs dans leur dissemblance. Pour le XIXe siècle, on nous présente sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, carmélite morte à vingt-quatre ans des privations qu’elle s’est infligées par amour pour le Christ. Au XXe siècle, Charles De Gaulle, le dernier chef d’E­tat qui fut catholique pratiquant, vraiment et discrètement revendiqué. « Conclure cette série de portraits par celui du général De Gaulle semble être une évidence » écrit l’auteur. Il ne cache pas les ombres du personnage, cette manière par exemple de prétendre incarner la France.
Si Louis XIV n’a jamais dit : « L’Etat, c’est moi », De Gaulle, lui, aurait pu dire, en ces heures sombres : « Je suis la France. » Churchill, son allié pourtant, avouait : « De Gaulle est égoïste, personnel, follement orgueilleux, déraisonnable, prétentieux. » « Ce jugement n’est pas totalement faux », n’hésite pas à écrire Hu­guenin, qui a une fois pour toutes re­fusé l’hagiographie. « Il y a chez De Gaulle une confusion entre la France et lui qui deviendrait presque délirante » et qui empêche tout accommodement, toute démarche d’unité nationale sous un autre drapeau ou une autre légitimité que la sienne propre. Huguenin note, à côté de sa volonté inflexible et de son sens du devoir, un narcissisme et une insensibilité paroxystique…
On connaît la suite, le re­trait du général, peu préparé aux compromis du ré­gime des partis, et le retour lors de la crise algérienne, avec le double langage qui l’accompagne. La clef de son personnage, De Gaulle la livre sans doute malgré lui lorsque, le 29 mai 1968, il se rend à Baden-Baden. Cet homme qui a fait face au nom de la France se ré­vèle profondément perméable à la peur…
Que reste-t-il de De Gaul­le, au milieu de « ses am­bivalen­ces » ? Sa légen­de, artistement sculptée par lui dans ses Mémoires ? « Il montre aussi, conclut Hu­guenin avec justesse, qu’en politique il faut avoir une forme de foi : en l’occurrence un mélange de foi chrétienne, de confiance en soi et de foi dans la France, cette foi que Péguy assimilait à l’espérance. »
D’une certaine façon, De Gaulle, avec tous ses défauts, a permis, en une période particulièrement trouble, que la France puisse retrouver son souffle, le souffle des saints et des héros qui l’ont construite. C’est tout le projet de ce livre de retrouver le souffle de la France dans son histoire.   
Joël Prieur


François Huguenin, Les Grandes Figures catholiques de la France, éd. Perrin, 400 p., 23 euros.

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