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Créteil : les héritiers de Fofana en action

Une agression ignoble. Une de plus dans cette « France Orange Mécanique » si bien dépeinte par Laurent Obertone dans son succès de librairie. « Chaque jour en France 13 000 vols, 2 000 agressions, 200 viols » écrivait-il. Les événements survenus à Créteil appartiennent aux trois catégories à la fois. En y ajoutant une coloration antisémite qui replace Petit Frère (2 008) d’Eric Zemmour à la une de l’actualité.

L’intime conviction qui a poussé trois jeunes à braquer le domicile d’une famille juive de Créteil, dans le Val-de-Marne, la semaine dernière ? « Vous les juifs, vous avez toujours de l’argent ! » Voilà ce dont étaient convaincus les trois « jeunes » de leur voisinage direct, Ladji, Yacine et Omar, âgés de 18 à 20 ans, qui s’étaient fait connaître pour plusieurs délits.
Le 1er décembre, ils se sont rendus au domicile des parents d’un jeune homme de 20 ans connu dans le quartier pour travailler dans une boutique de vêtements de marque. Là où il n’est que vendeur, les apprentis braqueurs l’ont imaginé patron. Et leur bêtise le disputant à leur imagination fertile, ils pensaient aussi que celui-ci – à leurs yeux patron et juif, donc doublement riche – gardait la recette de sa boutique chez lui.
Lorsqu’ils ont débarqué, armés d’un pistolet et d’un fusil à canon scié, cagoulés et gantés, les malfaiteurs ont en fait trouvé sur place le frère de leur cible initiale et sa petite amie, âgés de 21 et 19 ans. Ne trouvant pas le fameux magot sur lequel ils pensaient mettre la main, les braqueurs vont dérober des bijoux, prendre les cartes bancaires de leurs deux victimes, et pendant que l’un va retirer de l’argent, les autres sé­parent le couple… ; la jeune femme de 19 ans va être violée. L’horreur est to­tale.
Avec un modeste butin, ils finissent par abandonner leurs victimes qui alertent immédiatement la police. Le mode opératoire rappelle deux autres agressions aux policiers qui se rendent im­médiatement chez l’un des voyous soupçonné lors de celle-ci. Bien vu : ils trouveront les agresseurs dans une voiture en bas de l’immeuble et retrouveront sur eux les bijoux volés.

Eric Zemmour accusé de responsabilité morale !
Rapidement Hollande, Valls et Ca­ze­neuve, le ministre de l’Intérieur, vont chacun à leur tour dénoncer cette « agression antisémite ». Si on aimerait les sentir aussi concernés par toutes les agressions ignobles, et elles ne manquent pas – ainsi de cet homme « d’origine camerounaise et de nationalité belge » qui, placé sous bracelet électronique pour des faits de violence, est accusé d’avoir violé à Marseille une fillette de deux ans ! –, on ne peut pas leur donner totalement tort : de toute évidence, c’est bien l’antisémitisme qui a mené les trois lascars jusqu’à cet appartement, s’imaginant trouver chez chaque fa­mille juive le trésor du roi Salomon…
Voilà qui renvoie au fameux « gang des barbares » coupable de l’enlèvement, de la torture et du meurtre d’Ilan Halimi en janvier 2006 et à son « chef », Youssouf Fofana. Déjà, ceux-là mê­laient un antisémitisme de ressentiment, des références politico-religieu­ses (de la propagande pro-palestinien­ne et des documents salafistes avaient été découverts au domicile de plusieurs des tortionnaires, et Fofana, en prison, se veut désormais un fervent islamiste), l’appât du gain et une valorisation de la criminalité. Des déracinés haineux et violents, nourris au mauvais rap, voilà ce qu’étaient les barbares de Bagneux, voilà ce que sont sans doute les barbares de Créteil.
Alain Jakubowicz, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), a pour sa part une tout autre vision des choses.
Sur l’antenne d’Europe 1, il a désigné les personnalités qu’il considère comme responsables : Alain Soral, Dieu­donné et… Eric Zemmour ! « Il y a une responsabilité évidente, un lien ! […] Ils arment d’une certaine façon les mains de gens faibles », a-t-il ainsi déclaré. On rêve…

« J’ai tué un juif !
J’irai au paradis ! »
S’il est certain que dans les cités, les vidéos d’Alain Soral ou les sketchs de Dieudonné ont un impact réel et que le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne véhiculent pas une image particulièrement positive de la communauté juive, en revanche on se demande bien ce qu’Eric Zemmour – juif lui-même, rappelons-le – vient faire là ! Le président de la Licra s’imagine-t-il réellement que Ladji, Yacine et Omar sont des lecteurs et admirateurs du journaliste ? Qu’ils ont songé à aller braquer, frapper, violer après avoir lu Le Suicide français ?
Ces événements nous ramènent plutôt à un autre livre d’Eric Zemmour, plus ancien, que Jakubowicz n’a peut-être pas lu : Petit Frère (Denoël, 2 008), inspiré d’une histoire vraie, celle d’un jeune juif assassiné par un jeune arabe avec lequel il a pourtant grandi. Le tueur s’était écrié : « J’ai tué un juif ! J’irai au paradis ! » Ce livre se voulait le procès des années Mitterrand, de l’antiracisme institutionnel, de l’avènement d’une société multiraciale devenue mul­tiraciste.
A l’époque de sa commission, le cri­me, comme l’avait relevé Philippe Co­h­en dans « Marianne », « avait davanta­ge ému dans la communauté juive que dans les médias », sans doute parce qu’il ne collait pas avec l’image de l’antisémite que l’Etat islamique est depuis venu légèrement modifier… Philippe Cohen, depuis disparu, écrivait, ayant parfaitement compris le propos d’Eric Zemmour : « Livre noir, Petit frère doit être lu car il nous confronte aux dégâts de l’angélisme antiraciste. Le roman nous promet un destin de guerre civile dans lequel une barbarie adossée au nombre et à la lâcheté finira par tout emporter. »
De sorte que si l’on suit la démonstration implacable de Zemmour, dans le drame de Créteil, Jakubowicz a certainement plus de responsabilités que lui, à n’avoir pas vu venir – et à refuser toujours de voir – le « nouvel antisémitisme » dont la France est la proie, malgré elle et contre elle.  
Lionel Humbert

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