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La droite n’a pas de convictions, pire elle n’a pas d’idées

Les rivaux de l’UMP, Sarko, Fillon, Juppé et même Bertrand, rivalisent aussi d’idées pour contrôler l’immigration et en réformer les abus. C’est fou ce que la droite est inventive, dès qu’elle n’a pas le pouvoir.

Petit « quizz » à l’intention des lecteurs de « Minute ». Qui a dit : « Les Français veulent rester en France. Nous voulons bien accueillir les autres, mais nous ne voulons pas changer profondément ce que nos parents nous ont laissé. Nous voulons que notre langue et notre culture restent ce qu’elles sont.» ? Marine Le Pen ? Jacques Bompard ? Ou Nicolas Sarkozy ? A priori, le choix se porterait sur les deux premiers noms. L’identité française à la Sarkozy, on a bien vu ce qu’elle signifiait lors de l’organisation du débat sur l’identité nationale en 2009-2010, raté par défaut de conviction… Il entrait alors en France 200 000 immigrés « légaux » chaque an­née, autrement dit, sur l’ensemble du quinquennat, deux fois la population de Lyon (500 000 habitants). C’est seulement au cours de sa campagne présidentielle que Nicolas Sarkozy proposa de diminuer ce nombre de 50 000 par an – effet de ce que l’on a appelé la « ligne Buisson ».  
En meeting à Nice ce 21 octobre, l’ancien président, qui avait paru rompre avec cette ligne lors de son retour sur la scène politique en septembre, a renoué avec un discours musclé sur le thème de l’immigration, comme s’il avait pu mesurer, depuis un mois, l’échec de son « recentrage ». Il a notamment remis en cause la convention de Schengen, qui, telle qu’elle existe actuellement, provoque un effet d’appel d’air sur l’immigration clandestine : « Nous voulons un nouveau Schengen. Tant qu’il ne sera pas appliqué, nous n’appliquerons plus le système actuel. Il s’agit de refaire des contrôles à nos frontières, où nous le voulons, quand nous le voulons (…) ». Et demandé « une vraie politique de l’immigration pour mettre fin au tourisme social dans notre pays », car « nous ne pouvons plus nous permettre de verser des allocations aux personnes présentes sur notre sol illégalement ». Il a également critiqué l’Aide Médicale d’Etat, qui permet aux immigrés clandestins d’être soignés en France gratuitement (à l’inverse des Français, qui cotisent à la Sécurité so­ciale) et dont il défendait le principe mordicus pendant son quinquennat. C’est fou tout ce qu’il a appris depuis qu’il n’est plus président…
Son ancien premier ministre, François Fillon, a reçu le même genre de ré­vélation : lui ne veut pas suspendre, mais réformer Schengen, pour établir une « politique migratoire française ». Il ne fera connaître qu’au mois de novembre ses vues en matière d’immigration, mais l’on sait déjà qu’il envisage aussi de réformer l’AME et avancera des propositions sur d’autres thèmes (prestations sociales, octroi de la nationalité française…)

Juppé ou l’identité heureuse…
Alain Juppé, quant à lui, défend le concept d’« identité heureuse », qui a le double avantage de ne rien vouloir dire et d’introduire dans cette problématique passionnelle un souffle d’optimis­me parfaitement artificiel. Débattant le 2 octobre dernier avec Marion Maréchal Le Pen dans le cadre de l’émission Des paroles et des actes, il avait défendu le concept d’intégration, qui a conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui, contre celui d’assimilation, en déclarant : « Je ne demande pas aux nouveaux arrivants de se fondre : quand on se fond on disparaît, par définition. Je leur demande de s’intégrer, ce qui est sensiblement différent. »
A l’arrivée, cela donne le communautarisme, dont on constate tous les jours à quel point c’est une chance pour la France… Mais l’ancien ministre de Jacques Chirac convient lui aussi que Schengen ne fonctionne pas, qu’il faut « contrôler les flux migratoires », encadrer le regroupement familial et réformer le droit d’asile, qui est aujourd’hui « une passoire »…
Enfin le petit dernier, celui que l’on n’attend pas mais qui aiguise ses dents avec son appétit, Xavier Bertrand, propose de remplacer le droit du sol par un droit de la volonté, de supprimer l’AME, d’établir des quotas et de soumet­tre à référendum les questions d’immigration et de nationalité.
Trois questions se posent alors : pourquoi ces gens-là n’ont-ils pas procédé à ces réformes quand ils étaient au pouvoir ? Pourquoi s’y résignent-ils maintenant ? Et sont-ils crédibles ?
Les journalistes de l’émission Des paroles et des actes ont rappelé que les problématiques actuelles avaient été posées dès 1990, lors d’états généraux de l’immigration organisés à Villepinte par le RPR et l’UDF (avec Sarkozy et Alain Madelin pour maîtres d’œuvre). A l’époque, le texte de synthèse de ces états généraux recommandait de fermer les frontières, de réserver l’octroi de certaines prestations sociales aux nationaux, soulignait l’incompatibilité entre l’islam et nos lois et voulait suspendre l’immigration. Giscard d’Estaing avait même lancé : « La France n’est pas un pays d’immigration et nous devons nous donner les moyens réglementaires et administratifs de gérer un quota zéro d’immigration. »
A l’époque, l’immigration zéro n’était donc pas aussi inenvisageable que Sarkozy, Fillon, Juppé et Bertrand nous le disent aujourd’hui… Or, en 1990, le premier ministre s’appelait Michel Rocard, ce qui répond à notre question : la droite n’est décidément jamais si résolue que quand elle est dans l’opposition.
Qu’ils le veuillent ou pas, les politiciens de la droite classique se trouvent réduits à courir derrière Marine Le Pen. Pour la même raison, qui tient au ras-le-bol des Français, les candidats à la course à la présidence de l’UMP se sentent aussi obligés de donner des gages à leurs propres militants, qui, sur la question de l’immigration, partagent globalement les mêmes sentiments que ceux du FN.
Quant à la troisième question, celle de la crédibilité qu’ils peuvent inspirer, elle est à la hauteur de la force de leurs convictions. C’est dire.   
Henri Langeau

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