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Hollande moins populaire en France que l’Etat islamique !

Les djihadistes ont-ils, au sein de la population de la France, un réservoir de fanatiques supérieur… au réservoir de voix du président de la République ? La question paraît démente, la réponse l’est aussi : c’est oui ! L’Etat islamique bénéficie de plus de soutiens en France que François Hollande !

L’Etat islamique (ex-EEIL) plus populaire en France que l’Etat socialiste ? Ce pourrait bien être la leçon politique de l’été et la majorité des commentateurs sont passés à côté. Il faut dire que le résultat ne va pas vraiment dans le sens de la doxa du « vivre ensemble ». Une enquête réalisée par l’institut britannique ICM Research dans plusieurs pays européens et commandée par l’agence de presse russe « Rossia Segodnya » a révélé que 16 % des Français interrogés – enfin, des personnes interrogées en France… – avaient un opinion « très favorable », pour 3 %, ou « assez favorable », pour 13 %, de l‘organisation djihadiste ayant établi un califat à cheval sur l’Irak et la Syrie et tristement célèbre pour les persécutions des minorités chrétiennes ou païennes et pour l’assassinat d’otages. Effrayant !

1,4 million de soutiens au djihadisme en France !
Seuls nos confrères de « L’Express » et de « France Télévision » se sont intéressés à cette étude… pour tenter de l’amoindrir. Si on peut envisager que le média sous contrôle du Kremlin qu’est Rossia Segodnya avait une petite idée derrière la tête en commandant cette enquête, rien ne permet d’affirmer que celle-ci n’est pas sérieuse. L’institut ICM Research travaille régulièrement pour de nombreux journaux britanniques comme le « Guardian » ou le « Sunday Telegraph », et même pour la fameuse BBC.
Les médias français s’en sont néan­moins pris à la méthode. Appelé à la rescousse, le sondeur (socialiste) Denis Pingaud, enseignant à Sciences Po et ancien militant de la Ligue communiste révolutionnaire, explique doctement dans « L’Express » : « Les 3 % de personnes qui se disent “très favorables“ sont probablement très radicales [Non ? Sans rire ? Ndlr]. Mais les 13 % restants… Répondre qu’on est “assez favorable“, sur un sujet comme celui-ci, que plus de la moitié des Français ignore, c’est assez mou. Franchement, ça ne veut pas dire grand chose. » Bien sûr Denis… Au fait, 3 % de sondés, majeurs donc, ça fait combien d’individus « très radicaux » ? Hum ? 1,4 million ! C’est « mou », ça aussi ?
En Allemagne et en Grande-Bretagne (les deux autres pays sondés, avec des méthodes totalement similaires), on obtient des résultats bien différents : on tombe à 7 % d’opinions favorables en Grande-Bretagne, dont 2 % de « très favorables », et à 2 % en Allemagne, et encore, ce sont uniquement des « assez favorables ». La spécificité française est donc criante.
La seule question qui mériterait d’être soulevée est celle de la compréhension de la question, mais la con­clusion à en tirer ne serait pas for­cément satisfaisante pour les tenants de l’islamiquement correct. En effet, le sondage a été réalisé en juillet, dans une période où l’Etat islamique était moins célèbre qu’aujourd’hui. Il est probable qu’un certain nombre de personnes a ré­pondu sur la simple idée d’un Etat islamique dans l’absolu, et pas forcément sur l’organisation. Est-ce vraiment plus rassurant de constater que, en plus des 1,4 million de fans de l’Etat islamique, il y a 6 millions d’habitants de la France qui voient d’un bon œil un Etat islamique ?
Rappelons que lors des dernières élections générales tunisiennes, les bu­reaux de vote situés dans les ambassades et consulats en France avaient enregistré (de la part de Franco-Tunisiens ou de Tunisiens résidant en France) des résultats plus importants pour le parti islamiste Ennahdha qu’en Tunisie…

Les chiffres qui font peur, sauf à Hollande ?
L’Etat islamique recueillerait donc en France 16 % d’opinions favorables. De quoi faire rêver un François Hollande qui est tombé à 13 % de confiance dans le dernier baromètre TNS-Sofres, avec seulement 1 % des sondés déclarant lui faire « tout à fait confiance » ! Soit, si l’on convertit ce point en voix, calculé par rapport au corps électoral, 465 000 personnes… En mai 2012, il avait été élu avec 18 millions de voix !
Ce résultat interroge sur les structures mêmes de notre pays, dans lequel les partis ont longtemps joué un rôle fondamental. La Fédération nationale des élus socialistes et républicains (Fneser) revendiquait en juin 2014 près de 30 000 adhérents (contre environ 60 000 avant les élections municipales). Un maillage conséquent tout de même, mais ne parvenant pas à préserver la popularité du chef de l’Etat.
Dans le même temps, d’autres for­ces semblent à l’œuvre pour renforcer celle du chef de l’Etat islamique, le calife Abou Bakr al-Baghdadi. Le 13 août, dans Les Grandes Gueules sur RMC, Fabrice Balanche, maître de conféren­ces à l’Université Lyon 2 et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, estimait à « au moins 2 000 » le nombre de djihadistes venus de France opérant en Irak et en Syrie.
De son côté, le général Pinard Legry, saint-cyrien, ancien chef de corps du 4e Régiment étranger ayant ter­miné sa carrière à la Direction du ren­seignement militaire, a estimé que, derrière chaque djihadiste parti, on pouvait dénombrer 50 ou 100 soutiens n’ayant pas franchi le pas. En rapprochant les deux chiffres, on parlerait donc déjà de 100 000 à 200 000 sympathisants de l’Etat islamique en France !
Un dernier petit chiffre, pour la rou­te : dans le sondage ICM Research, le pourcentage favorable à l’organisation islamiste grimpe à 27 % chez les 18-24 ans…

Le vote islamique peut faire les rois… de France
En 2012, François Hollande l’a emporté sur Nicolas Sarkozy avec 1 140 000 voix d’avance. Selon une étude menée par OpinionWay/Fiducial le 6 mai 2012 pour « Le Figaro », 93 % des pratiquants musulmans au­raient glissé un bulletin « Hollande » dans l’urne. Il semble dès lors tout à fait possible d’imputer la victoire socialiste au corps électoral musulman.
Un électorat captif ? Ce n’est pas certain car une autre étude OpinionWay, réalisée cette fois-ci pour « La Vie », précisait que la victoire de Hollande témoignait « d’un rejet du sarkozysme mais pas de toutes les valeurs de la droite, notamment sur les questions sociétales comme l’homosexualité ». Le « mariage pour tous » et les polémiques autour de la théorie du genre étant passées par là, il est fort probable que la popularité socialiste se soit érodée. Même si les largesses sociales et taubiresques peuvent compenser…
A droite, si les prises de position de Sarkozy l’avait coupé de l’électorat musulman, son concurrent le plus sérieux, Alain Juppé, pourrait mettre en place une tout autre stratégie.
Le mai­re de Bordeaux s’est montré très conciliant avec le projet de mosquée monumentale (piloté par l’UOIF) dans sa ville et a eu des propos très mesurés à propos des différentes émanations des Frères musulmans lors des printemps arabes. Quant au FN, une partie des cadres continue de plaider pour une politique de séduction vis-à-vis des « patriotes français musulmans ». Etrange logique quand on se proclame anti-communautariste… L’option n’a en tout cas pas réussi au FN, contribuant à faire descendre Jean-Marie Le Pen en 2007 à 10 %, et ne s’est jamais traduite dans les urnes lors des scrutins ultérieurs.
Au-delà des calculs des uns et des au­tres vis-à-vis de l’électorat musulman, il n’est pas certain que ce soit dans les urnes que les 16 % de fanatiques de l’Etat islamique cherchent à s’exprimer dans notre pays à l’avenir. C’est surtout à cela qu’Alain Juppé, et même François Hollande devraient songer.  
Lionel Humbert

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