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La French American Foundation : une école de vassalisation

Les Ricains trouvaient que les Français étaient un peu trop anti-Ricains, surtout sa classe dirigeante, politique et intellectuelle. Alors, au début des années 1980, ils ont créé la French American Foundation pour resserrer les liens transatlantiques.

On n’arrête plus le progrès. La vassalisation est à la portée de toutes les bourses et déductible des impôts, dans la limite de 20 % du revenu imposable, comme il convient à une bonne œuvre ! La French American Foundation propose ainsi à ses généreux donateurs français de de­venir membre actif (à partir de 200 eu­ros), membre partenaire (500 euros), membre bienfaiteur (1 000 euros), voire, suprême félicité, membre leader (2 000 euros), pour l’aider de leurs de­niers à « réaliser ses actions » en vue de « renforcer les relations franco-américaines ». Comment ? Par exemple à travers le programme « Young Leaders », qui propose à de jeunes dirigeants repérés « à fort potentiel de leadership et appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines » de participer à des séminaires de formation.

1981, année décidément maudite
La French American Foundation est née en 1975 sous l’impulsion de personnalités issus des milieux politique, universitaire et économique, et reçut son acte de baptême lors d’un dîner d’Etat qui réunit, à Washington, les présidents Gerald Ford, côté américain, et Valéry Giscard d’Estaing – on hésite à écrire : côté français… – à l’occasion du bicentenaire de la Déclaration d’indépendance américaine.
Comme l’explique – en américain dans le texte – sur le site Internet de la fon­dation l’Honorable James G. Lowen­stein, membre fondateur et du Conseil d’administration, la décision de créer la French Americain Foundation fut dictée par le sentiment d’une sourde hostilité des milieux politiques et mé­diatiques français au grand frère yankee (il est vrai que la politique des Etats européens était alors fortement marquée par la rivalité entre l’Union soviétique et les Etats-Unis).
L’Honorable James Lowenstein écrit donc que « les attitudes, et souvent les actions françaises, semblaient être fondées sur ce qui apparaissait aux Américains comme un anti-américanisme viscéral » et ce qui était dit de la politique américaine au ministère des Affaires étrangères, à l’Assemblée nationale et dans la presse française « était invariablement critique sinon hostile. » Il importait donc de favoriser de ce côté de l’Atlantique « une approche plus rationnelle et productive ».
C’est dans cet esprit que fut créé, en 1981, le programme Young Leaders, « programme phare de la French-American Foundation » qui « sélectionne chaque année pour leurs réalisations et leur leadership, 10 Français et 10 Américains âgés de 30 à 40 ans, appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines. Les candidats retenus participent à deux séminaires de cinq jours chacun sur deux années consécutives – alternativement en France et aux Etats-Unis – afin d’échanger sur des thèmes majeurs communs aux deux pays et d’approfondir leur compréhension mutuelle ».

Fraise tagada sur le cake yankee
En apparence, rien de plus normal et « positif ». A cela près que le but, dès l’origine, consiste à désarmer les oppositions françaises à la politique européenne et, de manière moins avouée, de favoriser les influences et les menées américaines en France. Non sans succès, si l’on considère la liste des personnalités, de droite et plus encore de gauche, qui ont bénéficié de la formation dispensée dans le cadre du programme Young Leaders.
On trouve au sein des Young leaders de nombreux chefs d’entreprise, comme Anne Lauvergeon ou Henri de Castries, le p-dg d’Axa ; des intellectuels comme (sans surprise…) Alain Minc ou Guy Sorman ; de nombreux journalistes, ici aussi de « droite », comme Yves de Kerdrel – le patron de « Valeurs actuelles », tiens donc ! –, et plus encore de gauche, comme Jean-Marie Colombani, Matthieu Croissandeau (« Nouvel Obs »), Erik Izraelewicz (décédé en 2012, il était le directeur du « Monde »), Laurent Joffrin (« Libération »), Denis Olivennes ou encore Christine Ockrent…
Parmi les politiques on rencontre, par exemple, à droite : Alain Juppé, Valérie Pécresse, Eric Raoult, Jacques Toubon, NKM, Laurent Wauquiez ; à gauche, Bruno Leroux, Marisol Touraine, Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg (mais si !), Emmanuel Macron (hé oui !..) et, fraise tagada sur le gâteau, François Hollande soi-même.
On comprend mieux pourquoi Flan­by semble toujours prêt à devancer les désirs de nos bons amis européens, comme en Syrie avant l’Etat islamique, ou aujourd’hui en Ukraine.  

Henri Langeau

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