MINUTE

En vente cette semaine

cliquez sur l'image

Minute 2959
A+ A A-

Le violeur Luc Tangorre encore accusé d’agression sexuelle !

Luc Tangorre est un violeur en série. Dans les années 1980, il fut pourtant la coqueluche des intellos de gauche. Pour eux, Tangorre était à la pénétration ce que le capitaine Dreyfus avait été à la trahison : un innocent injustement condamné. De fait, condamné une première fois en 1983, Tangorre fut gracié par le président Mitterrand. Sitôt sorti de prison, il a récidivé. Et là, ce dimanche 10 août, sur une plage du Grau-du-Roi, une gamine de 12 ans l’a identifié comme son agresseur…

Dimanche 10 août. Il est près de 16 heures. Sur une pla­ge du Grau-du-Roi, petite station balnéaire du Gard, une fillette de 12 ans joue dans un parc pour enfants. Quand soudain un homme s’approche par derrière et frotte son sexe contre les fesses de la gamine. Elle se met à hurler et l’agresseur prend la fuite. Mais le père de la petite victime parvient à rattraper l’individu. Arrêté par la police et con­duit au poste, il décline son identité. Nom ? Tangorre. Prénom ? Luc. Age ? 55 ans. Profession ? A cette question, il aurait pu répondre violeur profession­nel. Car Luc Tangorre est un spécialiste de l’agression sexuelle.
C’est à Marseille au début des années 1980 que Luc Tangorre, un jeune de 20 ans qui se destine à la profession de professeur d’éducation physique, s’est fait un surnom : « Le violeur des quartiers Sud ». Dans ces quartiers sévit alors un violeur en série. Que la police réussit à identifier et à interpeller. C’est la première arrestation de Tangorre. En mai 1983, jugé par la cour d’assises d’Aix-en-Provence, il est re­connu coupable de quatre viols, une ten­tative et six attentats à la pudeur ! Il est condamné à une peine de 15 ans de prison. Tangorre à l’ombre, les jeu­nes filles en pleur sont rassurées…
Mais la condamnation de ce trou de balle va devenir une affaire d’Etat. Dans l’entourage de la famille Tangorre s’active une intello de gauche, chercheur au CNRS, une certaine Gisèle Ti­chané. Elle écrit un livre, Coupable à tout prix, dans lequel Tangorre est présenté comme la victime d’une justice aveugle. Surtout, elle parvient à con­vaincre Pierre Vidal-Naquet de mettre les pieds dans le plat.

Après le « J’accuse » d’Emile Zola, le « J’abuse » de Pierre Vidal-Naquet
A cette époque, Vidal-Naquet, c’est l’historien avec un grand H ; c’est l’homme qui s’est indigné du comportement de l’armée française durant la guerre d’Algérie ; c’est la conscience morale de la France. Et, surprise, les ex­ploits de Tangorre font naître en lui le fantasme d’une… erreur judiciaire.
Comme, dans sa famille, on est dreyfusard de père en fils, il veut faire du violeur des quartiers sud un… capitaine Dreyfus de la braguette déboutonnée ! Le 28 décembre 1983, dans le journal « Le Monde », il publie une tribune « Pour Tangorre ». Ce n’est pas le « J’accuse » d’Emile Zola, c’est le « J’a­bu­se » de Vidal-Naquet. Il explique ainsi sa démarche : « L’affaire Tangorre, c’est l’affaire Dreyfus de monsieur tout-le-monde. N’importe qui, comme Tangorre, est susceptible d’être arrêté dans la rue parce qu’il a une tête qui ressemble à un vague portrait-robot et peut tomber entre les pattes de l’appareil judiciaire. »
Ô, le spectre de l’appareil judiciaire qui peut broyer n’importe quel ci­to­yen ! Pour mener le combat et obtenir la révision du procès Tangorre, Vidal-Naquet mobilise toute une armée de professionnels de la pétition. En première ligne, on trouve son frère, l’avocat François Vidal-Naquet (qui de­vient le défenseur du violeur), l’intello mitterrandien Jean-Denis Bredin – qui, en 2014, est en train de connaître, à 85 ans, son dernier quart d’heure de notoriété en tant que membre du tribunal arbitral de l’affaire Tapie/Crédit lyonnais –et l’écrivain Gilles Perrault, qui, après le pull-over rouge de Christian Ranuc­ci, s’intéresse maintenant au caleçon sale de Tangorre …
Se joignent des artistes, les écrivains Marguerite Duras et Françoise Sagan, toujours contentes de parapher une pétition. Dans ce grand bazar, au rayon curiosités, on note Georgina Dufoix (alors ministre des Affaires sociales), Albin Chalandon (qui sera ministre de la Justice du gouvernement Chirac en 1986 !), Dominique Baudis (qui vient d’être élu maire de Toulouse), et même l’actuel maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin !

Même Tatie Danielle en pinçait pour le violeur des quartiers Sud !
En février 1985, le comité de soutien s’offre une page de propagande dans « Le Monde » : « Vous mesurez 1,70 m, vous êtes brun et moustachu, âgé de 20 à 25 ans, vous portez parfois des jeans et des tennis blanche, alors vous êtes peut-être aussi le violeur des quartiers sud et vous pourriez être en prison depuis 3 ans. »
Les pétitionnaires ont alors bon espoir d’obtenir un nouveau procès pour Tangorre. Le ministre de la Justice est un pote à eux, Robert Badinter. Et si ce dernier a réussi à faire abolir la peine de mort, il doit bien pouvoir faire un petit geste pour le violeur marseillais. Pourtant, malgré une demande expresse de Badinter, la Cour de cassation s’oppose à ce que le dossier Tangorre soit rouvert. Il ne reste plus qu’une solution : obtenir de François Mitterrand qu’il accorde une grâce présidentielle.
Vidal-Naquet et Jean-Denis Bredin – qui sera élu en 1989 à l’Académie française – ne lâchent plus le président. Mais à vrai dire, Tonton n’est pas très chaud et ne croit pas à l’erreur judiciaire, en soulignant fort justement que Tangorre n’a pas fait qu’une seule victime : « Je comprends qu’on soit accusé à tort d’un viol, mais de dix viols ? Comment est-ce possible ? »
Entre alors en jeu la femme du président, Danielle Mitterrand, qui semble être tombée sous le charme du ténébreux Tangorre. Elle réussit à forcer la main de son mari. Bien qu’ayant la con­viction intime que Tangorre est coupable, Mitterrand accorde en juillet 1987 une grâce partielle. Le 15 février 1988, Tangorre recouvre ainsi la liberté. Pour fêter ça, Marguerite Duras l’invite chez elle. Conviés à la sauterie, les principaux membres du comité de soutien sablent le champagne.

Tangorre récidive et porte le coup de grâce à son comité de soutien
Sorti de prison, Tangorre reprend son activité favorite. En mai 1988 – il n’est dehors que depuis trois mois ! –, sur un petit chemin près de Nîmes, deux étudiantes américaines sont violées par un automobiliste qui les avait prises en auto-stop. D’après le témoignage des victimes, le violeur est un petit brun de 1,70 m qui portait un polo jaune et un pantalon blanc. Il roule dans une Renault 4 L vert pomme dans la­quelle il transporte des piles de livres avec sur la couverture le mot « coupable ».
Après six mois d’enquête, la police établit que Tangorre possède un polo jau­ne, un pantalon blanc et une Re­nault 4 L vert pomme dans laquelle il transporte une pile d’un même livre, Coupable à tout prix, l’ouvrage que lui a consacré son amie Gisèle Tichané. De plus, les enquêteurs découvrent que Luc Tangorre, quand il était enfant, a habité près du petit chemin isolé où le viol a été commis. Et confrontées à leur agresseur, les deux étudiantes l’identifient formellement. Pour Tangorre, c’est le retour à la case prison.
En février 1992 (photo page 3), de­vant la cour d’assises de Nîmes, il est condamné à 18 ans de prison. Les membres de son comité de soutien ont la queue entre les jam­bes. Après ce verdict sans appel, Pierre Vidal-Naquet présente ses excuses : « Je ne puis qu’exprimer mes regrets tant à l’égard des anciennes victimes que des victimes nouvelles, puisque sans mon action et celle de tant de Français qui m’ont accompagné, ces derniers viols n’auraient pas eu lieu. »
C’est un peu trop facile. Car si Tangorre a été condamné pour l’agression des deux jeunes Américaines, tous les membres de son comité de soutien auraient dû être moralement poursuivis pour viol collectif.

Aujourd’hui, Tangorre est toujours d’attaque
Les années ont passé. Pierre Vidal-Naquet est mort. Certains membres du comité l’ont imité, d’autres sont devenus amnésiques. Mais Tangorre, lui, il est toujours bien vivant et ne se fait pas oublier. Alors qu’après sa condamnation à Nîmes (et en tenant compte de sa détention préventive), il aurait dû rester en prison jusqu’en 2006, la justice, qu’on peut juger trop bonne fille avec un tel pervers, lui a accordé une réduction de peine. Depuis septembre 2000, il est libre. Et toujours d’attaque !
Le dimanche 10 août sur la plage du Grau-du-Roi, il en a fait la démonstration. Il est mis en examen pour « agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans ». Mais il est toujours en liberté ! Alors que le procureur de la Républi­que de Nîmes avait requis sa mise en détention, le juge d’instruction en charge du dossier n’a pas estimé qu’une telle me­sure s’imposait !
Tangorre qui, une fois de plus, con­teste les faits, est libre, il a juste été placé sous contrôle judiciaire ! Com­me dit son avocat dans une interview au « Midi libre » : « Pour ma part, je considère que le travail de la justice, celui de l’avocat en particulier, est de prendre en compte une personne en allant au-delà des préjugés (sic) et analyser une affaire seulement à la lumière des faits qui sont reprochés. D’une certaine façon, son passé ne m’intéresse pas. Ce qui m’importe, c’est le présent de Luc Tangorre et surtout son avenir […] Il souhaite par-dessus tout que l’instruction puisse se dérouler sereinement et que la vérité éclate. Il s’estime chanceux car il a un noyau de proches qui continuent de l’entourer. […] Il est temps de laisser le magistrat instructeur faire son travail sereinement et que M. Tangorre puisse retrouver sa vie »…   


Pierre Tanger

AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES

Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.

Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1

Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.

 

Les derniers numéros

Minute 2959
Minute 2958
Minute 2957
Minute 2956
Minute 2955

Complotisme : la raison domestiquée

Recevoir les infos et promos

tous-les-numeros

pub1

Suivez-nous

© 2012-2017 - ASM - Tous droits réservés

Connexion ou Enregistrement

Identification