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Entretien avec Bruno Gollnisch

Réélu le mois dernier sur la liste conduite par Jean-Marie Le Pen dans le Sud-Est, Bruno Gollnisch célèbre ses vingt-cinq ans de mandat au Parlement européen. S’il espère que la « friction » entre les Le Pen père et fille va cesser, il réclame un mode de fonctionnement qui privilégie la solidarité entre tous les dirigeants du FN.

« Minute » : L’UMP se déchire après son mauvais résultat aux européennes. Le Front national, en revanche, en a obtenu de très bons, et cependant une querelle s’y est aussi déclarée, entre Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen. Couvait-elle, est-elle durable et traduit-elle une véritable fracture entre la présidente du FN et son père ?
Bruno Gollnisch : J’espère bien que non et que nous sommes d’accord sur l’essentiel. Jean-Marie Le Pen a toujours eu une très grande liberté de ton et Marine a un très grand souci de ne pas prêter le flanc à quelque attaque que ce soit de la part d’adversaires politi­ques ou de médias hostiles, qui puissent conforter les représentations malveillantes et détestables qui ont été généralement faites de nous – à tort, puisque jamais le Front national n’a tenu de propos antisémites, ni jeté d’exclusives sur les juifs, qui sont, comme les Français de toutes confessions, les bienvenus dans ses rangs s’ils souhaitent s’engager dans la défense de l’indépendance nationale. Cette affaire résulte de cette dualité d’appréciation.
A cet égard, j’avais exprimé, lors de la cam­pagne interne pour la présidence du Front national, l’opinion selon la­quelle la diabolisation était, certes, complètement injuste, mais que la dédiabolisation résulterait essentiellement de ce qu’un nombre croissant de Français se rendraient compte que nous avions raison dans nos analyses et nos propositions, et que nous avions les hommes et les femmes capables de met­tre en œuvre ces propositions. Je pense que c’est en assez bonne voie, com­me en témoigne notre succès aux élections européennes.
J’espère donc que cette friction en­tre Marine et Jean-Marie Le Pen sera sans lendemain mais il faut que lorsque l’un d’entre nous, quel qu’il soit, est attaqué, nos amis aient d’abord un réflexe de prudence et ne jugent pas du propos qu’il a tenu par rapport à l’interprétation malveillante qui en est donnée, mais en vérifient l’exactitude et le véritable contenu auprès de son auteur.
Nous ne sommes pas obligés de ré­pondre à un journaliste qui nous interroge au sujet d’un événement dont nous n’avons pas encore une connaissan­ce approfondie, surtout quand il nous est demandé de porter un jugement sur des propos tenus par quel­qu’un d’autre.
Après tout, les journalistes peuvent toujours s’adresser à l’auteur principal pour lui demander de préciser sa pensée.
Après la prudence, un réflexe de solidarité doit aussi jouer, car notre cohésion est beaucoup plus importante pour nous que l’opinion de commentateurs souvent malveillants et acquis à nos adversaires.

« La diabolisation est neuf fois sur dix injustifiée »

La réaction de Marine Le Pen n’accrédite-t-elle pas d’une certaine manière l’idée que Jean-Marie Le Pen est antisémite ? Ne court-elle pas le risque d’obtenir un résultat contraire à celui qu’elle recherche ?
C’est, je crois, ce que souhaitent les journalistes. Toute cette affaire est née d’un non-événement. Sur son blog hebdomadaire – le 366e ! –, Jean-Marie Le Pen a légitimement brocar­dé un certain nom­bre de per­­sonnalités du showbiz qui avaient déclaré vouloir quitter la France si le Front national arrivait en tê­te des autres formations politiques et qui, finalement, y restent.
L’émission touchant à sa fin, la personne qui l’interroge lui rappelle que c’est aussi le cas de Patrick Bruel et Le Pen répond : « Eh bien, on fera une fournée la prochaine fois. » Il parle évidemment de la prochaine « fournée » de personnes qu’il épinglera au palmarès de la stupidité ou de l’hypocrisie : c’est très clairement ce que cela signifie, point final. Mais ce propos est ensuite interprété de façon malveillante, certains journalistes affirmant même aujourd’hui que Le Pen pro­met le four aux artistes juifs ! C’est ignoble et totalement faux.
Mais cette ignominie a été aussitôt exposée à un certain nombre de person­nalités du Front national ou proches en les sommant de désapprouver les prétendus propos antisémites de Jean-Marie Le Pen ainsi présentés. Certains de nos amis ont alors eu un réflexe de recul qui se comprend mais aboutit effectivement à accréditer l’idée que des propos abominables ont été prononcés alors qu’une vérification auprès de leur auteur principal montre qu’il n’en est rien.
J’ai pu constater très fréquemment dans ma vie politique que la diabolisation est neuf fois sur dix injustifiée : c’est une arme de guerre psychologique en­tre les mains de nos adversaires pour essayer de nous diviser, en interne com­me à l’échelon international.

Existe-t-il au sein du Front national une tendance qui considère aujourd’hui Jean-Marie Le Pen comme un gêneur et veut se débarrasser de lui ?
Je ne sais pas. Il est possible que quel­ques ralliés de fraîche date croient ce que disent les médias et, compte tenu de leur appartenance récente, ignorent tout ce que la cause nationale doit à Jean-Marie Le Pen.

« Nous devons réfléchir à une procédure à suivre en pareil cas »

Quelles peuvent être les retombées de cette querelle ? Peut-il y en avoir de bénéfiques, en termes de dédiabolisation ; et aussi de négatives, notamment sur l’électorat ?
Sincèrement, je ne vois pas beaucoup de retombées bénéfiques à en attendre, sauf si cet événement nous amène à ré­fléchir sur les prises de position que nous devrions éviter de prendre trop hâtivement lorsqu’il nous est demandé de réagir sur les propos d’autrui.
Nous devons réfléchir entre nous à une procédure à suivre en pareil cas. La meilleure réponse, à mon avis, con­siste à renvoyer le questionneur – pour ne pas dire, souvent, le procureur – directement à la personne qu’il accuse et à laquelle il revient de s’expliquer. A part cela, cette affaire, qui fait partie, sans doute, des hoquets inhérents à la vie politique, a attristé un certain nombre de nos sympathisants et je n’y vois pas d’effet positif.
Par ailleurs, comme l’ont dit Florian Philippot et Jean-Marie Le Pen lui-même, elle est insignifiante par rapport aux vrais problèmes qui concernent les Français, à savoir, la poursuite de l’immigration massive, la ruine de notre industrie, la progression continuelle du chômage, la destruction de la famille, l’asservissement complet de notre politique étrangère et de notre stratégie à des intérêts qui ne sont pas les nôtres, etc. Voilà les vrais problèmes politiques dignes d’intéresser les Français et sur lesquels nous nous penchons quotidiennement.
Actuellement, je m’occupe moins d’interférer dans la discussion entre Jean-Marie et Marine Le Pen que de saisir la Commission et le Conseil européens de l’effarant projet de racket que l’on prête aux autorités américaines par rapport à BNP-Paribas, qu’elles prétendent spolier de 10 milliards de dollars, sans aucune base légale sérieuse, au motif que sa filiale ge­nevoise n’aurait pas respecté la loi américaine – qui, que je sache, n’est pas d’application universelle ! Cela me paraît d’une autre ampleur que la querelle autour de la déclaration de Jean-Marie Le Pen.   
Propos recueillis par Pierre-Jean Rivière

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