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Enracinement local, victoire totale ?

Une vague, c’est bien, mais encore faut-il avoir un surf solide pour pouvoir bien en profiter ! Depuis 1995 à Orange, Jacques Bompard a montré l’exemple d’une implantation locale réussie. Elu maire, puis conseiller général, puis député, Bompard s’est même payé le luxe d’étendre la « zone libérée » à d’autres communes du Vaucluse.

Lorsqu’il a fallu défendre dans les médias le bilan des communes emportées par le FN en 1995, c’est d’ailleurs à Oran­ge que les responsables frontistes se sont référés. On imagine que cela a pu faire sourire le député-maire Jacques Bompard quand on sait de quelle manière il a claqué la porte du parti et la profonde inimitié qui l’oppose désormais à Jean-Marie Le Pen. Mais Marine et Marion, plus conciliantes que le Menhir sans doute, ont trouvé un terrain d’entente avec Bompard. Plusieurs candidats aux élections municipales ont ainsi bénéficié du soutien commun du Rassemblement Bleu Marine et de la Ligue du Sud (le petit parti local des bompardiens) et, dans le Vaucluse, chacun essaie de travailler en bonne intelligence. En attendant de pouvoir (re)prendre l’ascendant sans doute… « Politique d’abord » comme nous l’a enseigné Charles Maurras le vieux maître de Martigues !
Avec sa réélection, à nouveau dès le premier tour, pour un quatrième man­dat, Jacques Bompard pourra sans doute toujours être cité en exemple par les différentes composantes de la droite nationale. Mais il n’en aura désormais plus le monopole.

Steeve Briois, l’enfant du pays
Car quand on parle implantation lo­cale au FN, depuis des années c’est vers le Nord que l’on regarde. Hénin-Beaumont a permis à Marine Le Pen d’émerger réellement.
Rappelez-vous, en 2007, lors de la débâcle des législatives pour le FN (suivant celles de la présidentielle et la neutralisation du parti opérée par le tandem Sarkozy-Buisson), elle était alors la seule des candidats frontistes à être présente au second tour.
Marine Le Pen s’en rappelle elle aussi, et quand elle a nommé Steeve Briois (ci-dessus) secrétaire général du FN en 2011, elle a sans doute récompensé un homme mais aussi promu une métho­de. Intégrité, proximité, pugnacité, voici, d’après la présidente du Front national, « le trio gagnant » qu’incarnerait Steeve Briois. Gagnant en effet, car ce dimanche il a été élu maire d’Hé­nin-Beaumont au premier tour de scrutin en rassemblant 50,26 % des suffrages. C’est la première fois que le FN remporte une mairie de plus de 10 000 habitants dès le premier tour. Et c’est bien mérité !
Véritable « enfant du pays », né à Seclin mais arrivé à Hénin-Beaumont à l’âge de sept ans, il y milite depuis ses 16 ans.
Adhérent du FN depuis 1988 (avec une petite incartade mégrétiste puis un rapide retour à la maison-mère), il obtient une victoire qui vient donc couronner 26 ans d’engagement pour sa ville. Pas après pas, scrutins après scrutins, et tractages après tractages. Pugnacité en effet, Marine Le Pen ne s’y est pas trompée.
La « prise » d’Hénin-Beaumont n’est pas non plus une aventure solitai­re : Steeve Briois s’appuie sur une équi­pe solide, à ses côtés depuis de nom­breuses années.
On retrouve notamment dans cette équipe des gens comme le professeur d’économie Jean-Richard Sulzer (fu­tur adjoint aux finances dans une ville à la situation financière catastrophi­que) ou encore le brillant Bruno Bil­de, ancien directeur de cabinet de Ma­rine Le Pen. Avec cette victoire, Hénin-Beaumont est désormais à la fois un mo­dèle et un symbole. Et Briois a fait école.

Rachline, tombé dedans tout petit
David Rachline (ci-dessus) semble bien avoir compris la leçon. Proche de Steeve Briois et de Bruno Bilde, le jeune Varois est lui aussi tombé tout jeune dans la politique. C’est à 14 ans, en 2001, qu’il rejoint le Front national de la jeunesse (FNJ) dont il deviendra le coordinateur national (de 2009 à 2 011). S’il peut légitimement être considéré comme un apparatchik du FN – il a occupé un certain nombre de responsabilités nationales, au siège, et est au­jourd’hui toujours le coordinateur numérique du parti –, David Rachline n’en a pas pour autant délaissé le travail local.
Chez lui, à Fréjus (il est né dans la commune limitrophe de Saint-Ra­phaël), il n’a jamais cessé d’arpenter le terrain et de batailler face à la classe politique locale. Le parallèle peut d’ailleurs être établi avec Hénin-Beaumont. Dans le Nord, c’est la lutte face au maire de gauche Dalongeville et son système corrompu qui a poussé Steeve Briois, et à Fréjus David Rachline vient d’infliger une sévère défaite au maire sortant divers-droite Elie Brun, empêtré dans les affaires, qui arrive plus de vingt points derrière le jeune frontiste.

Ménard : son parti, c’est Béziers
Robert Ménard (ci-dessous), lui, n’a rien d’un apparatchik. Il aime à se présenter com­me un « homme libre » après avoir été un journaliste libre. Car il fut d’abord connu comme fondateur et président de l’association « Reporters sans frontières », et ces anciens collègues et/ou amis ne lui pardonnent toujours pas de ne pas être de gauche semble-t-il.
Car s’il n’est pas l’homme d’un parti, Robert Ménard, dans sa campa­gne pour la conquête de Béziers (qui en aurait franchement bien besoin) dans l’Hérault, a néanmoins fait le plein des soutiens. Sa liste « Mon parti c’est Béziers » est tout de même soutenue par quatre formations politiques : Debout La République, le Mouvement pour la France de Villiers, le Rassemblement pour la France de Christian Vanneste, et enfin le Rassemblement Bleu Marine. Si on ajoute que Ménard a parfaitement assumé que des membres du Bloc identitaire fassent partie de son staff de campa­gne, on peut considérer qu’il a réalisé le grand chelem ! Et c’est sans doute justement le fait qu’il soit un homme issu du monde médiatique, et non pas un pur politique, qui lui a permis d’aligner de tels soutiens.
Ceci étant, c’est la connexion entre ses soutiens politiques, une campagne de fond (essentiellement basée sur le por­te à porte), son aura et son enracinement personnel qui lui ont permis d’arriver largement en tête ce diman­che. Avec près de 45 % des suffrages, il devance de quinze points le poulain du maire sortant, l’UMP (se voulant pourtant très « à droite ») Elie Aboud.
Ménard, c’est le fils du pays qui a réussi à Paris et revient pour mettre de l’ordre. Et manifestement les Biterrois semblent bien décidés à lui en donner les moyens.

Ravier, le candidat des (derniers) Marseillais ?
Stéphane Ravier (ci-contre), enfin, ne devien­dra pas maire de Marseille dimanche prochain mais peut-être du 7e secteur où il est arrivé en tête. Lui aussi a créé l’événement ce 23 mars lors du premier tour en se plaçant en deuxième position sur l’ensemble de la cité phocéenne, derrière le sortant Jean-Clau­de Gaudin mais surtout devant le candidat socialiste Mennucci. A voir son visage lors des commentaires ce dimanche soir, le socialiste ne l’avait pas vraiment envisagé comme ça…
Stéphane Ravier a arpenté les rues de Marseille depuis de très nombreu­ses années pour en arriver là. Si l’on prend en compte les 22 % qu’il a recueillis et la composition ethnique de l’actuelle population marseillaise, cela donne une idée du score qu’il a réalisé chez les « Marseillais de souche » résidant – et résistant – encore dans cet­te ville.
Chacun à leur manière, ces candidats expriment quelque chose de ce qui pourrait être l’avenir de la droite nationale, loin du « tout présidentiel ». Un avenir qui pourrait se construire sur la base de petits matins locaux, plutôt que dans l’attente d’un Grand Soir élyséen.
Reste à savoir si Marine Le Pen qui, bien que prônant l’implantation locale, a hérité de son père une certaine méfiance envers les « fiefs » entend désormais s’appuyer sur ces fu­turs barons locaux frontistes pour porter le parti, et notamment sa candidature, à la présidentielle et aux législatives de 2 017.  
Lionel Humbert

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