Claude Sérillon, conseiller en communication de François Hollande à l’Elysée, a été placardisé : il ne s’occupera plus que de la « stratégie internet » Une conséquence directe de l’« affaire Julie Gayet », à laquelle il n’a pas su faire face. Et un bon débarras pour Manuel Valls…

Qui a fait fuiter les informations sur les tendres relations entre Julie Gayet et le président de la République ? Manuel Valls, comme on l’a suggéré ? Dans notre numéro 2650 du 16 janvier dernier, nous écrivions ceci, seuls de toute la presse à explorer cette piste : « Valls aurait-il voulu, si ce n’est en balançant l’“information” du moins en la laissant fuiter – ce qui est aussi de sa responsabilité –, déstabiliser François Hollande ou bien… faire tomber son ennemi juré au palais de l’Elysée, le journaliste Claude Sérillon (ci-contre), l’in­contrôlable – et incompétent – conseiller en communication du président de la Ré­publique ? »
En politique, comme dans toutes les affaires tordues, la cible n’est pas forcément celle qui est livrée en pâture. Assurément, Julie Gayet n’était pas visée. Assurément aussi, on le sait maintenant, la tête de Sérillon est tom­bée. Or, au-delà d’un simple remaniement de l’équipe de communication du chef de l’Etat, cette disgrâce a des conséquences politiques. Car celui qui vient de sauter était, comme nous l’écrivions dans le même numéro, le « seul ou presque de tout le cabinet élyséen avec lequel Valls n’entretient pas des relations étroites ou n’a pas prise ». Ce qui ne sera plus le cas…
Aquilino Morelle qui lui succède et « aura désormais seul la haute main sur les relations avec la presse nationale et la communication », comme l’écrit « Le Monde », est un vieux copain… de Ma­nuel Valls. L’un comme l’autre ont appartenu, de 1997 à 2002, au cabinet de Lionel Jospin à Matignon. L’un comme l’autre ont fait la campagne présidentielle (ratée) de l’ancien premier ministre. L’un comme l’autre ont prestement rallié François Hollande, à l’automne 2011, après sa victoire à la primaire socialiste au point de devenir, selon le titre d’un article de « L’Express », « le duo qui s’est imposé à Hollande ». ET tous deux sont d’origi­ne espagnole (catalane pour Valls, asturienne pour Morelle).
Ils ne sont pas tout à fait sur la mê­me ligne politique ? Peu importe. En politique, les liens humains sont souvent bien plus importants sur les divergences. Surtout quand il s’agit de conquérir – vraiment – le pouvoir. Et ils sont d’accord sur l’essentiel…
En 2009, en plein débat sur l’identité nationale, ils avaient cosigné une tribune dans « Le Monde » pour dénoncer une « manœuvre indigne » : « Nous sommes deux fils d’immigrés, réfugiés espagnols ayant quitté leur pays pour vivre mieux et d’abord librement. […] Pas une goutte de “sang gaulois” dans nos veines – celui invoqué par les calomniateurs de Blum et de Mendès Fran­ce. Nous ne sommes pas français par le sang reçu, mais par la naissance, le travail, par l’éducation, par la sueur versée. Par le droit du sol – un des fondements de notre identité nationale. Comme tant d’au­tres. Comme des millions de femmes et d’hommes, Polonais, Italiens, Portugais, Algériens, Sénégalais, ayant choisi de placer leurs vies et celles de leurs enfants sous l’aile de la France. »
Le dispositif de la campagne présidentielle de Manuel Valls pour 2 017 est en place. Avec Aquilino Morelle en grand maître de sa communication, François Hollande est à la merci de Valls, qui n’ignorera plus rien des faits, gestes et propos du chef de l’Etat, et n’aura même plus besoin de lui glisser une peau de banane. La peau de banane, c’est Morelle. Il est dans la place.  
A. V.