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Le pouvoir capitule devant la famille

Pour la première fois depuis sa prise de fonction, François Hollande a reculé. Les élections de 2014 n’y sont sans doute pas pour rien. Il n’empêche : Dominique Bertinotti peut remballer sa loi sur – et contre – la famille pour au moins un an. Il n’est pas sûr que la majorité présidentielle en sorte indemne.

Il est 12 h 36, ce lundi 3 février, quand est diffusée l’« alerte info » du « Figaro » : le quotidien annonce que Matignon, c’est-à-dire les services du premier ministre, a confirmé ce qu’avait déjà dit Manuel Valls, à savoir que le gouvernement s’opposera aux amendements sur la procréation médicalement assistée (PMA) et sur la gestation pour autrui (GPA) dans la prochaine loi sur la famille. C’est toujours ça de ga­gné. Mais le meilleur est à venir. A 17 h 01 tombe une nouvelle « alerte info » : « Le Figaro » annonce que Matignon a pris la décision de ne pas présenter le projet de loi sur la famille devant le Parlement cette année.
Cette fois, c’est bien une victoire. Une victoire des familles qui, à force de battre le pavé, à force de mobilisations, ont fait reculer le gouvernement. Pas de manière définitive, puisque la discussion du projet de loi sur la famille n’est que différée. Pas sur tout, puisque le mariage entre personnes du même sexe et tout ce qui en découle, comme les circulaires de Christiane Taubira, demeurent. Mais une victoire quand même, conséquence des défilés de dimanche dernier qui ont montré, à Paris comme à Lyon, que les défenseurs de la famille qu’il faut maintenant appeler « traditionnelle » ne « lâcheraient pas, jamais », selon la promesse qu’ils avaient faite et qui n’était pas qu’un simple slogan. « C’est une victoire car ce qui se dessinait dans ce projet de loi n’était pas favorable à l’intérêt supérieur de l’enfant et de la famille », s’est réjouie Ludovine de la Rochère, présidente du collectif La Manif pour tous.

Les Verts vont-ils enfin partir ?
À l’heure où nous mettions sous presse, aucune « alerte info » n’avait été envoyée pour annoncer la démission de Dominique Bertinotti, ministre délégué à la famille, qui devait présenter en avril devant le conseil des ministres ce projet de loi qui aurait dû être débattu au Parlement au cours du second semestre. Il devait contenir notamment des dispositions créant un « statut du beau-parent » au mépris de la filiation et aux conséquen­ces juridiques – entre père et « beau-pè­re », entre mère et « belle-mère », etc. – in­commensurables. Et il aurait été l’occasion pour l’aile la plus gauchiste, sur un plan sociétal, du PS, ainsi que pour les Verts, de déposer nombre d’amendements qui auraient relancé, et les manifestations, et les tensions entre les différentes composantes de la majorité.
Qui dit victoire, même sur une ba­taille et pas sur l’ensemble de la guerre, dit défaite. Et même ici, défaites au pluriel. Outre Bertinotti, qu’une passion im­modérée pour les femmes engage dans une lutte sans merci contre tout ce qui lui semble « patriarcal », comme si elle était engagée dans un concours avec Caroline Fourest, l’autre grand perdant de ce recul du pouvoir est Jean-Marc Ayrault, qui n’a pu qu’entériner et rendre publique, comme si elle venait de lui, la décision prise par Hollande d’enterrer ce projet de loi. C’est bien le chef de l’Etat, en adepte du mitterrandisme, qui a intimé à son premier ministre d’arrêter un processus qui allait encore plonger la France, durant des mois, dans la division. Un peu comme, en 1984, Mitterrand avait enterré la réforme de l’école libre, peu après, autre « coïncidence », avoir pris le « tournant de la rigueur ».
Les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets mais Laurent Fa­bius, qui avait succédé en 1984 à Pierre Mauroy, doit quand même penser que le moment est peut-être proche où il pourrait de nouveau s’installer à Matignon… Ce ne sont pas les communistes qui pourraient aujourd’hui claquer la porte du gouvernement mais les Verts, Cécile Du­flot et Pascal Canfin, tant l’épreuve de force est engagée entre eux deux et leur base militante, soutenue par une lar­ge part de leurs parlementaires et par la secrétaire générale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), pourtant mise en place par un coup de force du tamdem Duflot-Pla­cé. la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse a en effet qualifié le retrait du projet de loi Bertinotti de « renoncement consternant » devant la « mobilisation du camp réactionnaire » et appelé le gouvernement à revenir sur sa décision.

Valls obligé de rétropédaler
Valls ne sort pas non plus indemne de cette aventure, lui qui avait dénoncé, à quelques heures de la Manif pour tous de dimanche, l’apparition d’un « Tea Party à la française » et appelle la « droite républicaine » à s’en « démarquer clairement », expliquant : « S’engouffrant dans la crise de projet et de leadership de la droite, et face au recentrage du Front national, une droite conservatrice et réactionnaire s’est libérée. Avec l’opposition au mariage pour tous, elle a décuplé ses forces. Elle occupe la rue car elle considère que la gauche au pouvoir n’est pas légitime. » Lundi, il fut le premier à confier que le gouvernement allait reculer, signe qu’à défaut d’avoir les capacités d’un chef de l’État, il avait l’intelligen­ce de comprendre ce que Hollande allait décider…
Le dernier vaincu, et non des moindres, n’est autre que Frigide Barjot, qui, non contente d’avoir été incapable de guider les troupes l’an dernier, non con­tente d’avoir essayé de brouiller les messages sur le mariage des homosexuels, mê­me pas satisfaite d’être devenue favora­ble au dit mariage, avait appelé à ne pas manifester dimanche dernier en raison d’une « radicalisation idéologique » qui rendait improbable que le gouvernement donne satisfaction aux manifestants.
La leçon immédiate est que la mobi­li­sation paye. Que la ténacité paye. Le président de la République, qui semble en endosser enfin les habits, a lâché un tout petit peu de lest. Il ne l’a pas fait – et n’avait aucune raison de le faire – au lendemain du Jour de Colère ; il faudra maintenir la pression, et si possible la renforcer, pour tous les sujets qui tou­cheront à la vie et à la famille, à com­mencer par le projet de loi annoncé sur l’euthanasie. 
Antoine Vouillazère

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