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Dimanche saignant en perspective ?

Le 26 janvier, c’est manif. A l’appel d’un collectif anonyme, tous les mécontents de France sont appelés à converger vers Paris. Un Jour de Colère pour préparer le Grand Soir ? Ou un jour de grand n’importe quoi pour renforcer le pouvoir ?

Faisons un rêve… Nous som­mes un dimanche d’hiver. La nuit vacille et le régime tombe. La grande manifestation populaire de l’après-midi s’est transformée en émeute. Entre Bastille et Nation, ils sont plus d’un million dont se sont détachées plusieurs colonnes de 5 000 à 10 000 militants résolus. Un premier barrage de gardes mobiles a ex­plosé. Puis un deuxième. Les blessés se comptent par centaines. Ailleurs, des CRS fraternisent avec les émeutiers. Au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls interroge fiévreusement des commissariats qui ne répondent plus : Paris brûle-t-il ?
Bientôt les émeutiers atteignent l’Élysée. Un officier de la Garde républicaine réclame des ordres qui ne viennent pas. Dans le doute, il se met au garde-à-vous et ferme les yeux. Républicain jusqu’au bout ! Un hélicoptère se pose alors dans la cour d’honneur du palais présidentiel. Un bonhomme coiffé d’un casque s’y précipite. Derrière lui, une grande brune tord le téton rose d’une petite blonde. C’est à qui embarquera la première. Faute d’essence, l’appareil ne pourra pas aller plus loin que l’ambassade de Corrèze. À l’hôtel Lutétia, Jean-François Copé annonce la constitution d’un gouvernement provisoire. De Saint-Cloud, Jean-Marie Le Pen réplique qu’il est prêt à faire don de sa personne à la France. L’occupation socialiste a pris fin. Une ère de liberté française s’ouvre. Fin du film.
Voilà… Nous venons de vous résumer les rêves (vraiment les plus fous) de certains militants qui iront à la manifestation du 26 janvier. Jour de colère ou Jour de Fantasme ? Va savoir…

Un putsch au profit… de Laurent Gbagbo ?
Mais d’abord, qu’est-ce que cet ovni Jour de Colère ? À la base, il y a une initiative de quelques proches du Printemps français et de La Manif pour tous. Un mélange de militants modérément démocrates et de droitards en mal de sensations. Leur espoir, « coaguler les mécontentements » afin d’obtenir un « changement radical ».
Pour y parvenir ils ont constitué un collectif à la sauce trotskiste qui rassemble une quarantaine d’organisations, parfois fantômes, souvent sous-groupusculaires. Que pèsent, en effet, l’Observatoire du mensonge, la Ligue francilienne ou les Citrons exploitables ? Que fait là le CRI Panafricain de l’Ivoirien Abel Naki, adversaire de la politique française en Afrique et dont l’« objectif premier » est d’obtenir la libération de l’ancien dictateur Laurent Gbagbo ? Un CRI Panafricain dont l’emblème est un poing noir levé et qui, avec ses 694 malheureux « j’aime » sur Facebook, ne manque jamais une occasion de dénoncer le ra­cisme en Europe ! « Quand la maison est en feu, on ne demande pas le CV du pompier ! », rétorquent les organisateurs. Certes. Mais quand c’est le « pompier » qui met le feu, on lui donne un trousseau de clefs ?
Pour tout arranger, Jour de Colère vient d’appeler les militaires à se joindre à la manifestation ! Comme s’ils allaient prendre le risque d’être radiés, et comme s’ils allaient défiler avec les suppôts de Gbagbo et de ses hommes qu’ils ont affrontés en Côté d’Ivoire ! Cerise sur le gâteau, le groupuscule Dissidence française, dont le but affiché est de « populariser l’idée du putsch et générer les conditions préalables à un coup d’éclat militaire » vient d’annoncer sa participation à cette manifestation !

Un Jour de Bordel bienvenu pour Valls ?
Les organisations politiques se sont prudemment tenues éloignées de l’initiative. Le même jour à la même heure, le Front national de la fédération de Paris invite ses candidats et militants à une paisible galette des rois. L’Action française, pourtant en pointe contre la loi Tau­bira, a refusé dès le début de se joindre au collectif. Le Bloc identitaire com­me Génération identitaire, un temps partenaires, s’en sont démarqués dès l’an­nonce de l’appel de Dieudonné à participer à ce Jour de Colère (voir ci-contre).
Dans une note confidentielle à l’intention de leurs cadres, les directions identitaires ont expliqué à leurs troupes pourquoi les mouvements n’iraient pas. Pas de confusionnisme. Hollande est un crétin à dégager d’urgence. Mais on ne fait pas le ménage avec n’importe qui. Les tirailleurs de la quenelle n’ont pas leur place dans le combat national. Et encore moins quand ils ouvrent la porte du camp national aux islamistes !
Normalement, la manifestation de­vrait partir de Bastille à 14 heures. Combien de Français (ou pas) en colère viendront ? Difficile à prévoir. Peut-être plusieurs milliers, ce qui serait déjà une réussite. Mais les organisateurs en espèrent bien davantage.
La manifestation sera-t-elle interdite ? Sans doute si le ministre de l’Intérieur tient compte des rapports du SDIG (la Sous-direction de l’Information générale de la Direction centrale de la sécurité pu­blique, qui a remplacé les Renseignements généraux) qui ont alerté l’État sur le déplacement de hooligans de Lille, Lyon ou Nice qui pourraient très sérieusement troubler l’ordre public, la cohabi­tation harmonieuse de ceux-ci avec les amis de banlieue de Dieudonné – et, tout bêtement, avec les forces de l’ordre – n’étant pas gagnée d’avance… Mais pas forcément si Manuel Valls et le gouvernement socialiste ont besoin d’un Jour de Bordel pour une actualité de diversion…
Au-delà d’une possible interdiction, que veulent les organisateurs de Jour de Colère ? S’agit-il de se compter pour pe­ser ? Tel est en effet, en démocratie, le but des manifestations pacifiques. On a vu les limites de l’exercice avec la Manif Pour Tous. La droite « bourgeoise » a pu mettre un million de personnes dans la rue, cela a été sans effet sur la gauche, comme sur l’UMP davantage inquiète à l’idée de ne pas contrôler – pour la stériliser – la LMPT que par le mariage homosexuel.
S’agit-il de créer une émeute ? Encore faut-il en avoir les moyens et disposer de relais politiques, hors la rue, pour remplacer un pouvoir effrayé. Ce n’est évidemment pas le cas. Au-delà du nombre, c’est l’absence de perspectives po­litiques qui rendra la journée inutile. Sauf à considérer qu’elle constitue un tour de chauffe avant d’autres rendez-vous au printemps. Mais comment l’imaginer ?
Le rejet de François Hollande n’est pas le dégoût du système républicain. La critique faite au régime par le plus grand nombre ne porte pas sur sa nature mais seulement sur son fonctionnement. Que la croissance remonte et François Hollande pourrait transformer l’aile droite de l’Élysée en sérail sous les ap­plaudissements.
Aussi convient-il de ne pas se leurrer : l’émeute est comme la guerre, une continuation de la politique par d’autres moyens. Or, le débouché politique de Jour de Colère n’existe pas. Du moins pas encore. C’est là, au fond, le vrai motif de colère.  
Lionel Humbert

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