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Entretien avec Stéphane Ravier « Il faut mettre hors d’état de nuire les crapules à cocarde »

En 2008, à Marseille, le FN n’avait recueilli que 8,76 % des voix. En cette fin 2013, un sondage lui donne 25 % et le place devant le Parti socialiste ! A la tête des listes de Marseille Bleu Marine se trouve Stéphane Ravier, conseiller régional et secrétaire départemental du FN dans les Bouches-du-Rhône. Qui demande un grand coup de balai.

Minute :  A Marseille, les meurtres se succèdent et Jean-Claude Gaudin et Manuel Valls s’en renvoient la responsabilité. A votre avis, comment se partagent les responsabilités ?

Stéphane Ravier : Gaudin et Valls se sont renvoyés la balle jusqu’au 14e meurtre inclus et le 15e – celui d’Adrien Anigo (voir page 9) – a ma­nifestement fait souffler un vent de pa­nique dans les états-majors locaux et na­tionaux de l’UMP et du PS. A tel point que chacun a rangé son flingue à bouchon pour s’entendre, dans l’opti­que d’un « pacte national » que Manuel Valls a appelé de ses vœux et qui est en réalité un pacte UMPS, puisque le Front national n’a pas été invité à cette table ronde. Il s’est concrétisé le 7 septembre par la réunion des élus en préfecture. Il y a été décidé que désormais, on ne se chamaillerait plus et qu’on ne se renverrait plus les responsabilités, dans l’intérêt de Marseille et des Marseillais…
En réalité, ils sont tous responsa­bles. La gauche accélère sur la voie qu’avait ouverte Rachida Dati en com­mençant à libérer ou à ne pas em­prisonner les délinquants et criminels condamnés à moins de deux ans de pri­son. Mme Taubira va encore beaucoup plus loin, en faisant en sorte que ceux qui écoperont d’une peine de moins de 5 ans d’emprisonnement ne la purgent pas. 90 % des détenus vont ainsi être libérés ! Les socialistes sont com­plètement déconnectés des réalités et s’accrochent à leur idéologie laxiste.
Face à ce laxisme assumé, l’UMP es­­saie de masquer sa couardise derrièr­e des écrans de fumée : ainsi, Jean-Claude Gaudin a annoncé, à l’issue de cette réunion, qu’il va recruter une cen­taine de policiers municipaux, ar­més de carnets à souche et qui ne serviront donc qu’à verbaliser les automobilistes (voir page 3). Il refuse obsti­nément d’armer – comme je le propose – les nouvelles recrues de la police municipale, en déployant ces forces sur l’ensemble de la ville, ce qui soulage­rait la police nationale.
Gaudin est dans le déni depuis qu’il est maire, et plus encore depuis une di­zaine d’années que s’est produite cet­te explosion de l’insécurité. Le tweet qu’il a envoyé à l’issue de cette réunion en donne un nouvel exemple : il s’y félicite que les participants se soient mis d’accord pour combattre « l’agressivité récente » à Marseille. Il ne reconnaît donc toujours pas l’insécurité et l’hyper-violence qui règnent dans la ville et il ne parle que d’« agres­si­vité », comme si c’était un sentiment qui était dans l’air…
Qu’est-il sorti de cette table ronde ?

Les chefs de famille politiques, responsables de la situation, se sont re­trou­vés pour se dire tout le bien qu’ils pensent d’eux-mêmes et poursuivre la politique qu’ils développent depuis des années, en proposant encore d’augme­nter les crédits pour l’école, pour la politique de la ville, le logement, le so­cial… Ils persévèrent dans l’erreur qui a conduit au carnage et à l’effondrement de cette ville. Se sachant tous responsables, ils se sont dit aussi que mieux valait ne plus ne se renvoyer les responsabilités et ne même plus en par­ler pendant la campagne électorale, ce qui est quand même extraordinaire !
Sur ce sujet, les seuls qui soient cré­dibles sont les militants et les candidats du Front national, qui ont alerté depuis plus d’une dizaine d’années les Marseillais et les pouvoirs publics. En 2008, tête de liste aux municipales, j’a­vais déjà proposé dans mon programme de tripler les effectifs de la police mu­nicipale, de les armer et de les dé­ployer dans la ville. Je disais qu’il fallait prendre des mesures énergiques par­ce que l’insécurité virait à la barbarie et se répandait dans tous les quartiers. Mes adversaires m’avaient accusé de sur­fer sur la peur et de vouloir monter les Marseillais les uns contre les au­tres : à les entendre, il s’agissait tout au plus d’une insécurité sociale et la politique de la ville allait régler ce problème en deux coups de cuiller à pot de subventions.
En dix ans, 40 milliards d’euros de subventions ont été distribués dans le cadre de la politique de la ville sur l’ensemble du territoire, on en voit le ré­sultat.

Pourquoi Jean-Claude Gaudin ne veut-il pas armer les policiers municipaux ?

Je crois qu’il a peur de la « bavure »… Il estime que les policiers municipaux ne sont actuellement pas aptes à maîtriser une situation tendue. Pour ma part, je souhaite que l’on recrute, sur des bases nouvelles, des policiers qui n’aient plus pour tâche de verbaliser mais de sécuriser, dotés d’une forma­tion nouvelle, avec un encadrement nouveau… Mais Jean-Claude Gaudin s’y refuse, en se retranchant derrière la fonction régalienne de l’Etat, auquel il revient d’assurer la sécurité publi­que.
Je suis aussi très attaché à cette fonct­ion régalienne ; mais l’Etat ne remplit plus sa mission, Nicolas Sarko­zy ayant réduit de 12 500 le nom­bre des policiers dans les rues de no­tre pays… S’il y a le feu à la maison, que les pompiers tardent et que vous avez le moyen d’envoyer un peu d’eau pour limiter les dégâts, il me semble pertinent de recourir à ce moyen. En l’occurrence, le maire possède des pou­voirs de police mais il se refuse à les utiliser pour des motifs idéologi­ques.
De même, concernant l’immigration, il a officiellement fait savoir qu’en tant que social-démocrate, il continuerait à accueillir les populations qui vienn­ent à Marseille pour s’y intégrer – ce qui montre qu’il n’est plus du tout en phase avec la réalité que subissent chaque jour les Marseillais, dans une ville où le tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté !
Qu’en est-il de l’économie « souterraine », celle de la drogue, et dans quelle mesure est-elle liée à l’immigration massive ?

La délirante politique d’immigration massive contribue bien sûr au dé­veloppement de l’insécurité et du trafic de drogue à Marseille. Les zones de sécurité prioritaires, qui recouvrent 80 % du territoire marseillais, concernent les quartiers nord et quelques po­ches dans les quartiers sud.
Il est curieux de constater que cela correspond aux cités de la diversité, où les populations d’origine étrangère sont les plus nombreuses, comme cel­le de la Cayolle, par exemple, qui est la dix-neuvième cité investie, ou en tout cas encerclée par la police – le 5 septembre dernier. Elle est située dans les quartiers sud, au pied des calanques !

Vous dites que la police encercle certains quartiers. Est-il encore possible à des forces de police d’y pénétrer ?
Je crois que la police ne demande que ça. Elle connaît tous les trafiquants, les petits dealers, les guetteurs, etc. A chaque fois qu’on ramasse un cadavre sur le bitume après un règlement de comptes, on lit dans la presse que l’intéressé était bien connu des services de police ou sortait de prison. La police fait donc son travail ; mais les policiers n’ont pas plus tôt fini de taper leur rapport que le procureur exige la libération des délinquants, dont on ne sait pas quoi faire.
Lorsqu’ils sont étrangers, on ne peut pas les expulser, Nicolas Sarkozy ayant abrogé la « double peine » ; quand ils sont mineurs, ils sont mineurs – et le centre du quartier de la Valentine est déjà plein à craquer ; quand ils sont majeurs, il n’y a plus de place à la prison des Baumettes… Ils sont donc re­lâchés dans la nature, ou bien emprisonnés quelques semaines ou mois avant de retrouver leurs activités.
En outre, même si l’on arrêtait tous les guetteurs et les dealers de tou­tes les cités, ils seraient remplacés dès le lendemain. Tant que l’on ne s’attaquera pas à la racine du mal, et qu’on laissera rentrer la drogue, en sachant d’où elle vient, sans demander de comp­tes aux pays d’origine, il ne servira à rien d’arrê­ter les petits vendeurs. Je souhaite que la police nationale infiltre les ré­seaux de drogue dans les quartiers marseillais, comme elle a su infiltrer les réseaux terroristes en France.

Les braquages, à Marseille, sont-ils liés aux réseaux de la drogue ou s’agit-il d’une autre facette du banditisme marseillais ?

C’est une autre facette, et une au­tre facette aussi pour les Marseillais qui se fichent que les crapules s’entretuent tant qu’il n’y a pas de dommages collatéraux. Il n’en va pas de même lors­qu’ont lieu des braquages violents pour trois francs-six sous ; que des ty­pes fracassent le crâne d’un commerçant pour voler quelques cartons de ci­garettes ; que des femmes seules ou des personnes âgées sont braquées à leur domicile ; que des colliers sont ar­rachés à des personnes âgées avec une extrême violence (cela continue, bien que l’on n’en parle plus) ; ou que sont commis des « car-jacking ».
La presse n’en parle pas et insiste plutôt sur une criminalité spectaculaire, comme l’assassinat du fils Anigo à quatre heures de l’après-midi, certes ré­vélatrice d’un climat ; mais celle que les Marseillais subissent quotidiennement et qu’ils ne supportent plus, c’est le braquage dans le bus, le voyou qui arrache la chaîne de sa victime ou qui la roue de coups pour lui voler son sac. Elle est aussi le fait de petites crapules des cités, souvent des gamins âgés de 12 à 15 ans, ultra-violents et prêts à tout pour obtenir le butin convoité. Ce ne sont pas les criminels qui font les frais de celle violence-là, mais Monsieur Tout-le-monde.
On l’a encore vu avec la prise d’o­ta­ges à l’Hôpital Nord, au mois d’août (voir page 8). Le personnel hospitalier n’a pas souhaité porter plainte par peur des représailles. Une fois de plus, Gaudin et Valls nient la réalité, affirment qu’il n’y a eu ni séquestration, ni prise d’otages. Pourtant d’autres té­moi­gnages publiés par « La Provence » ont confirmé les faits. A partir du mo­ment où on nie le problème, il est difficile de le régler…
Gaudin, aujourd’hui, ne se comporte plus en maire d’une ville qui compte 870 000 habitants, il est devenu le di­recteur de l’office de tourisme. Lors d’une conférence de presse voilà quel­ques jours, il a annoncé que cette an­n­ée, quatre millions de touristes se­ront venus à Marseille, dont 60 % d’é­trangers, ce qui prouve, dit-il, que les criti­ques portant sur la situation de la ville, le « Marseille bashing », ne correspondent pas à la réalité.
Il oublie que les touristes qui viennent à Marseille y passent quatre jours et se promènent entre le MuCEM (Mu­sée des civiliations de l’Europe et de la Méditerranée, ndlr), Notre-Dame de la Garde et le Vieux-Port, outre la visite des calanques. Les Marseillais, eux, ha­bitent 240 km² de ville, 365 jours par an. Ce n’est pas la même chanson !

La corruption des politiques n’améliore pas non plus l’image de la ville…

J’ai souvent répété, au conseil ré­gional, que si l’on veut « karchériser » les cités, il faut d’abord « karchériser » les hémicycles et qu’avant de mettre hors d’état de nuire les crapules à ca­puche, il faut mettre hors d’état de nui­re les crapules à cocarde. On n’en est loin.
Lors de la réunion du 7 septem­bre, Guérini a même demandé que l’on infiltre les cités, que l’on y envoie la police et que l’on s’attaque au grand banditisme : Guérini, qui a lui-même été mis en examen à trois reprises, no­tamment pour association de malfaiteurs ; et qui a confié la sécurité du conseil général à une entreprise gérée par la compagne du caïd Bernard Bar­resi ! Aujourd’hui, c’est à lui que l’on devrait confier une amélioration de la sécurité dans cette ville ? C’est extraordinaire !
Etait aussi présente à cette table ron­de Sylvie Andrieux, qui n’est pas seulement mise en examen, mais a carrément été condamnée à un an de prison ferme. Elle a fait appel, mais au­paravant elle avait été reconnue coupable d’avoir détourné 800 000 euros, une somme destinée aux quartiers en difficulté !
Ils ne sont pas crédibles. Il faut donc avant tout mettre un grand coup de balai dans cette écurie d’Augias marseillaise, cette écurie UMPS. Tant qu’on laissera des crapules supposées ou avé­rées faire la loi, on ne sera pas pris au sérieux. Si l’on débarque dans les quartiers en disant aux voyous que ce n’est pas bien de vendre de la drogue, ils répondront : et toi, ma cocotte, qui as détourné 800 000 euros pour garder ta cocarde ? Je crois que dans les semaines ou les mois à venir, nous aurons des nouvell­­es sur cet état de corruption des élites – pas seulement politiques –, qui em­pêche toute enquête dans ces mi­lieux-là.

Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

Mon petit doigt ! (rires) Il me dit plein de choses qui s’avèrent de bon­nes informations. Par exemple que des magistrats marseillais, pour décider d’une action, sont obligés de se réunir à Paris parce que les murs des institutions marseillaises ont de grandes oreil­les… Quand Barresi a été arrêté sur son yacht, les politiques n’avaient pas été mis au courant. Personne n’a confiance en personne ! En tout cas, les magistrats n’ont pas confiance dans une certaine classe politique. 
propos recueillis par Pierre-Jean Rivière

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