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Le retour des prisonniers politiques

Depuis jeudi dernier, Nicolas Bernard-Busse, 23 ans, est en prison. A Fleury-Mérogis. Son crime : aucun ! Son délit : aucun !
Arrêté le dimanche 16 juin au soir sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris après être allé manifester contre le « mariage pour tous » devant les locaux de M6, où François Hollande intervenait dans l’émission « Capital », il a été con­damné trois jours plus tard à qua­tre mois de prison dont deux mois ferme ! Et incarcéré sur-le-champ, le juge ayant délivré un mandat de dépôt à l’audience ! S’il est relaxé en appel, ce sera toujours ça de pris ! Allez hop, au gnouf ! En comparution immédiate et après trois jours à six dans une cellule de trois mè­tres carrés, ça vous fera le caractère !
Si Nicolas Bernard-Busse s’est fait arrêter, direz-vous, c’est bien qu’il a fait quelque chose. Eh bien non ! Son avocat a démontré à l’audience, vidéo à l’appui, que rien ne justifiait son arrestation et que les sommations réglementaires n’a­vaient pas été faites. L’arrestation étant nulle, tout le reste de la procédure doit l’ê­tre. C’est le b-a-ba de la justice. Mais qui vous parle de justice ?

Il a refusé de donner sa salive et il a bien fait !
Selon la police, il s’est « rebellé ». Ben tiens. C’est fou le nombre de rebellions qu’il y a depuis que les flics arrêtent n’importe qui n’importe quand. Tous ceux qui ont fait un peu de politique le savent.
D’abord vous vous faites serrer, ensuite, comme il faut bien justifier votre interpellation, on affirme que vous vous êtes rebellé. C’est parole (de flic assermenté) contre parole (de clampin). Et si vous présentez des hématomes, c’est que vous êtes tombé. Voilà.
Nicolas Bernard-Busse aurait aus­si refusé de se prêter à un prélèvement ADN et c’est puni par loi. Il a bien fait. Un militant politique n’est pas là pour alimenter de son plein gré les fichiers de l’Etat. S’ils veulent de la salive, qu’ils viennent la chercher. Mais gare aux doigts, on mord. Surtout les flics qui exécutent des ordres de basse police po­litique. Surtout les flics qui prennent un Veilleur pour un casseur – car Nicolas est un de ces Veilleurs pacifiques qui croient au pouvoir de la non-violence et de la résistance passive ! – et même pour pire qu’un casseur.
Tous les jours que Dieu fait, les po­liciers – ceux qui font leur travail – se plaignent de croiser dans la rue le voyou qu’ils ont arrêté la veille, parce qu’il a été condamné à une peine de principe par un juge qui au­rait toute sa place sur un Mur des cons, et on met au placard un jeune qui n’a rien fait que d’exprimer pacifiquement ses idées ?
Quand les pilleurs du RER sont tous libres ? Quand les casseurs du Trocadéro fanfaronnent ? Quand n’importe quelle manifestation d’im­migrés clandestins est, non pas réprimée mais encadrée par la police ? On peut donc tout faire en France sauf s’opposer au mariage pour tous ?
Marion Maréchal a protesté avec véhémence. Xavier Lemoine aussi. Christine Boutin. Jacques Bom­pard. Gilbert Collard. Quel­ques UMP. Quelques UDI. Et des écolos, dont Cécile Duflot, pour qui rien ne justifie le fichage généti­que des militants politiques.
Mariton, lui, fait son show. Usant de son droit de parlementaire de « visiter les lieux privatifs de liberté », il va aller voir Nicolas Bernard-Busse en prison. Mais attention, ce qu’il a fait n’est pas bien : « A-t-il commis des actes répréhensibles par la loi ? Oui. Méritait-il d’être sanctionné ? Oui. Méritait-il un mandat de dépôt pour de tels faits ? Non. Si sa peine est lourde mais pas exceptionnelle, c’est le mandat de dépôt ayant entraîné l’enfermement qui est disproportionné. »
Mariton, ta gueule. Quand on ne connaît pas le dossier, on la bou­cle. Et quand on ne connaît pas le quotidien de la justice, on se con­tente d’être député. Ça ne sert à rien mais ça occupe.

Sous Valls, il n’y a plus d’Etat de droit
Nicolas Bernard-Busse est un pri­sonnier politique. Il a été emprisonné pour ses idées et pour ses croyan­ces. C’est la définition même du prisonnier politique. Tel qu’on en con­naît en Chine. Arrêté par la po­lice de Valls, qui a ordre d’interpeller tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à un militant de la Manif pour tous. Jugé par la justice de Taubira, qui est contre la prison, sauf à l’égard de ses opposants. La semaine dernière encore, un jeune homme a subi un contrôle d’identité parce qu’il portait un pin’s de La Manif pour tous ! Et la fliquette lui a dit que s’il voulait se promener ainsi, il fallait qu’il en demande l’autorisation ! A qui ?
Depuis des mois, l’Etat de droit est bafoué. C’est-à-dire que les re­présentants de l’Etat n’agissent plus selon les règles du droit mais selon les ordres politiques qu’ils re­çoivent d’une hiérarchie aux ordres du ministre de l’Intérieur.
Quand une audience est interdite au public, l’Etat de droit est ba­foué. Quand des jeunes gens porteurs d’un t-shirt aux couleurs de La Manif pour tous sont arrêtés sans autre raison, l’Etat de droit est bafoué. Quand des lignes sont écoutées alors qu’aucun des deux interlocuteurs ne porte atteinte à la sûreté de l’Etat, l’Etat de droit est bafoué.
Valls et Taubira voulaient faire peur aux opposants au « mariage pour tous » ? C’est raté. Les socialos, vous allez en ch… L’autre jour à Lourdes, dévastée par les inondations, Hollande a cru drôle de lancer à un commerçant : « Votre saison est en croix, si je puis dire. » Très drôle.
Les socialos, votre quinquennat est en croix. Entaché à jamais par l’incarcération de Nicolas. Souillé par ce prisonnier politique qui in­digne les démocrates dignes de ce nom. Si c’est ça être « républicain », merci, on s’en passera. La bataille continuera jusqu’à ce que vous ayez débarrassé le plancher.
Entre les démocrates et les républicains, vous avez choisi votre camp. Très bien, nous aussi.  
« Minute »

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