Il était attendu au tournant, mais il l’a négocié avec maestria. En estimant qu’à moins de 16 % au premier tour sa candidature serait un échec, Marine Le Pen avait pourtant imposé à Florian Philippot, son directeur stratégique de campagne, une feuille de route interdisant tout dérapage. Diplômé de l’ENA et de HEC, il a réussi ce nouvel examen. Avec 18 %, le FN a réalisé un score historique. Avant le verdict des urnes, certains rabat-joie trouvaient Florian Philippot trop jeune – il n’a que 29 ans – et surtout trop intellectuel… C’était prendre les électeurs du FN pour des buses ! Car le message est passé comme une lettre à la poste. Par un discours clair, efficace et sans outrance, le directeur de campagne a contribué à dédiaboliser le FN. Ceux qui, en interne, attendaient un faux-pas pour contester sa prédominance et sa stratégie devront encore patienter.
Concernant le second tour, les propos de Philippot préfigurent sans doute le discours de rupture et de course en solitaire que tiendra Marine Le Pen après le défilé du 1er mai : « On ne va pas discuter avec l’UMP. Nous, on n’est pas le Modem, on n’est pas les Verts, on n’est pas le Front de gauche qui se rallie piteusement à Hollande. Nous, on n’est pas dans la compromission et les petites combines politiciennes. » En juin prochain, il sera candidat dans le Nord-Pas-de-Calais aux élections législatives. Avec comme mission de faire entrer « la vague bleu marine » à l’Assemblée nationale. Là encore, il sera attendu au tournant.