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Pour trois euros, on peut se faire plaisir… Pourquoi NKM peut perdre la primaire

Nathalie Kosciusko-Morizet n’est pas assurée d’être désignée adversaire d’Anne Hidalgo aux municipales. La primaire a lieu cette semaine. Ouverte à tous les électeurs de Paris. Y compris à ceux qui lisent « Minute ». Il n’en coûte que trois petits euros pour s’inscrire et désigner le candidat de la droite. On dit ça…

La première « victime » de la Ma­nif pour tous, ce qui nous ravirait, pourrait être Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle s’est en effet littéralement en­lisée dans le bourbier de la prima­ire « ouverte » de la droite parisienne dont le premier tour se dé­roulera du 31 mai au 3 juin. Au mo­ment où nous écrivons ces lignes, le 27 mai, seuls 15 000 électeurs parisiens se sont inscrits sur internet et se sont acquittés des trois euros né­cessaires pour prendre part à cette consultation inédite. Il n’est pas trop tard pour bien faire… Et puis trois euros, quand c’est pour une œu­vre… Au final on atteindra peut-être 20 000 participants, soit moins que les 28 000 adhérents re­vendiqués par l’UMP dans la capitale. A tout juste 40 ans, la brillante polytechnicienne, député de l’Essonne, ancienne ministre de Sarkozy, pourrait bien voir là sa carrière politique, qui dans son esprit doit la mener à l’Elysée, connaître une importante turbulence.
Bien que niant régulièrement être une héritière, Nathalie Kosciusko-Morizet est d’abord issue d’une véritable dynastie républicaine, qui fut de gauche, très à gauche même, avant de rejoindre les rangs du gaullisme.

Une héritière d’une dynastie née à gauche
Elle est en effet la fille de François Kosciusko-Morizet, maire UMP de Sèvres, petite-fille de Jacques Kosciusko-Morizet, ambassadeur so­cia­liste, secrétaire général de l’Elysée sous Vincent Auriol devenu maire RPR de Saint-Nom-la-Bretè­che, et arrière-petite-fille d’André Mo­rizet, sénateur-maire communiste puis socialiste, de Boulogne-Billancourt. Sa mère, de son côté, très engagée auprès des pères jé­suites, est issue d’une famille bourgeoise et catholique du Poitou.
C’est à l’amitié de son père avec Jacques Chirac que Nathalie Kosciusko-Morizet doit d’avoir été pa­rachutée en 2002 comme député de l’Essonne, succédant à Pierre-An­dré Wiltzer, avant d’être élue maire de Longjumeau en 2008. C’est Ni­colas Sarkozy qui en fera à partir de 2007 une secrétaire d’Etat puis un ministre, utilisant son image et sa sen­sibilité écologiques. Elle s’est ma­riée avec un énarque socialiste, dont elle a deux enfants. Elle a deux traits saillants : elle est très am­bitieuse et ouvertement progressiste.
Comme Bruno Le Maire, Na­thalie Kosciusko-Morizet est em­blématique de cette nouvelle gé­né­ration de quadragénaires UMP qui aspirent aux plus hautes charges de l’Etat tout en reniant conservatisme politique et orientation jugée trop droitière : ils se sont, sans aucun scrupule, abstenus sur le texte sur le mariage homosexuel plutôt que de voter contre comme la grande majorité des députés des groupes UMP et UDI.
Déjà, en 2011, elle avait écrit un livre assez ridicule sur le FN : Le Front antinational. Elle a fustigé l’influence de Patrick Buisson sur Ni­colas Sarkozy, l’accusant de vouloir la « victoire posthume de Charles Mau­rras », le théoricien royaliste de l’Action française. L’intéressé n’a toujours pas digéré cette sortie très décalée. Et son protégé Guil­­laume Peltier, vice-président de l’UMP, a ouvertement appelé à fai­re battre NKM lors de la primaire.

Un tremplin pour l’Elysée, rien de plus
Si Nathalie Kosciusko-Morizet est adhérente à l’UMP, c’est par pure stratégie et ambition personnelle, nullement par conviction, sinon peut-être une vague adhésion aux principes du libéralisme économique et de la construction européenne… Avoir une étiquette de droite et avoir dans le même temps peur de son ombre : vaste programme, qui est vite devenu ce­lui de ces « quadras » prêts à tout pour réussir.
Voyant qu’aucun de ses aînés ou de ses rivaux nationaux ne con­courrait dans la course aux postes de maire de Paris, sur fond de fin de règne de Bertrand Delanoë, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas mis longtemps à délaisser Longjumeau pour se lancer à l’assaut de la capitale à la tête d’une petite bande de fidèles collaborateurs. François Fillon l’a adoubée. NKM dispose désormais de son propre courant au sein de l’UMP, la France droite.
Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet souhaite soigner sa no­toriété et sa stature internationale, encore assez faibles. Du 3 au 5 mars dernier, elle était à Washington, où elle a profité du congrès des organisations juives américaines, où elle était invitée, pour rencontrer le maire de la ca­pitale des Etats-Unis.
Si elle l’emporte en mars 2014 à Paris, elle sait que cette victoire sera un tremplin pour 2017, afin de décrocher Matignon en cas de retour de la droite et sans perdre de vue son objectif premier : en­trer un jour à l’Elysée. S’il le faut, elle abandonnera de­main la capitale, comme elle a abandonné Longjumeau.
Ainsi se construit une carrière dans notre République : gran­des écoles, réseaux et ambition person­nelle. Il reste que l’électorat ca­tholique de la capitale pourrait lui faire payer d’une façon ou d’une autre sa vé­ritable trahison politique lors du débat sur le ma­riage homosexuel.
Il est en effet clair que pour elle, Paris ne vaut pas une mes­se.
Les nombreux élus parisiens qui ont manifesté le 13 janvier, le 24 mars et le 26 mai constituent la preuve que l’on peut être élu dans la capitale sans avoir peur des représailles du lobby gay.
Le 26 mai, on trouvait en tête de cortège Jean-François Legaret, mai­re du Ier arrondissement, Philippe Goujon, maire du XVe, Claude Goasguen, maire du XVIe, ou encore le sénateur UDI Yves Pozzo di Borgo, élu du VIIe arrondissement. Ils assument très bien le refus de la loi.  
Lionel Humbert


Pour voter, il suffit de s’inscrire ici http://www.primaireparis.fr

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