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63%

Deux sondages publiés la semaine dernière confirment l’opposition franche et massive de la population française au droit de vote des étrangers extra-européens – soit la promesse n°50 du candidat François Hollande durant la campagne présidentielle.
Pas moins de 63% des Français y sont hostiles, selon un sondage CSA pour RTL rendu public le 20 septembre. Au total, 40 % des personnes interrogées s’y disent « très opposées » et 23 % « assez opposées », quand seulement 37 % y sont « assez favora­bles » ou « très favorables ». Pour l’institut CSA, « ce résultat témoigne d’un inversement de tendance particulièrement brutal au sein de l’opinion: l’opposition progresse de 21 points par rapport à 2010 ».
Le soutien à ce projet est en baisse à droite comme à gauche, même si le clivage politique reste marqué : 60 % des sympathisants de gauche soutiennent la promesse de François Hollande (-17 points par rapport à 2010), alors que seulement 18 % des partisans de droite y sont encore favorables (-10 points). Pour l’anecdote, les sondeurs ont réussi à trouver 16 % de sympathisants du Front national… partisans du droit de vote des étrangers ! Sociologiquement, les couches les plus exposées aux ravages de l’immigration s’opposent logiquement à cette mesure, tandis que les plus protégés se veulent « ouverts » : ainsi, les ouvriers rejettent massivement le droit de vote des étrangers (68 %) contre seulement 34 % des cadres (66 % y sont favorables).
Cette tendance est confirmée par un autre sondage, réalisé par l’IFOP pour le site Atlantico, selon lequel seuls 39 % des personnes interrogées soutiendraient encore le droit de vote des étrangers. Explications ? Pour Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’IFOP,  « cette question est liée, dans l’esprit de beaucoup de Français, à la question de l’intégration. Qui dit intégration dit forcément intégration de la population issue de l’immigration maghrébine. (…) Or sur ce sujet-là, depuis décembre 2011, il s’est passé un certain nombre d’évènements marquants : l’affaire Merah à Toulouse a soulevé des questions sur la qualité de l’intégration en France. Plus récemment (…) les manifestations autour de l’ambassade américaine à Paris ont ravivé ce débat. (…) Les connections sont très fortes entre “droit de vote des étrangers”, intégration et communauté musulmane. [Enfin], en période de crise économique aiguë, notre propension à l’ouverture et à une certaine forme de générosité est beaucoup plus faible. »
Aveuglée par son dogmatisme, une partie de la gauche semble décidée à aller contre la volonté populaire. Le ministre du Logement, Cécile Duflot, a affirmé que la mesure serait mise en œu­vre « dès 2013 ». D’autres évoquent le risque d’en passer par « un referendum suicidaire ». L’UMP, habituée à gouverner au sondage, vient de découvrir son hostilité au droit de vote des étrangers. Jean-François Copé, François Fillon et autres Nathalie Kosciusko-Morizet semblent même avoir oublié les critiques dont ils avaient accablé Thierry Mariani, alors ministre des Transports, lorsqu’il avait lancé une pétition contre ce projet, en septem­bre 2011. Souvenez-vous : c’était en exclusivité dans « Minute ». 


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