Logo
Imprimer cette page

Encore un grand blond...

Eh, les gars, attendez, pas d’accord ! Pas maintenant ! Passez pas à autre chose ! On n’a pas encore joui, nous autres ! On en veut encore, de l’Européen qui pue son facho à 300 mètres ! Du crâne rasé-suivez-mon-regard ! Du veste-verte-type chasseur ! Du look paramilitaire quand même un peu marqué politiquement ! Du qui s’attaque à un journal de gauche ! Du ce coup-ci c’est enfin le bon !
Trois jours, on nous a bombardés d’info, de métro en métro, de caméra en caméra ; en bonnet, en casquette, en lunettes noires, assis sur un banc, la bouche ouverte, on nous l’a montré sous toutes ses coutures le « type européen ». Une « scène de guerre » à « Libé », une prise d’otage sur les Champs-Elysées, la liberté de la presse bafouée, la démocratie en danger. « Tirs à Libé et menaces à BFMTV. Où allons-nous ? Au secours. Peuple de gauche réveillons-nous. Ça craint », tweetait la sénatrice écolo Esther Benbassa le 18 novembre.
Peuple de gauche réveillons-nous ? Pourquoi peuple de gauche ? Pourquoi pas peuple ? Parce que le danger vient de la droite pardi, quelle question ! Vous imaginez, vous, un homme de gôche s’en prendre à « Libé » ? Eh ho, ça va pas la tête ? Pour un peu, on nous refaisait le coup du grand blond, comme pour Mérah ! Le grand blond au casque noir ! Trois jours de délire médiatique durant lesquels les militants préparaient les banderoles. « Le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève. » On allait nous rejouer l’affaire Méric, c’était du cousu. Ce coup-ci nom de Dieu, c’était enfin celui qu’on attendait depuis toujours ! Le Messie des journalistes de gauche ! Le na­zi qui s’en prend à « Libé » comme dans un rêve ! Mais rien à faire, c’est la scoumoune intégrale, le manque de bol absolu, de quoi désespérer de l’Histoire.
Le grand blond s’appelait Mohammed Merah et se revendiquait de l’islam radical, l’Européen façon Breivik se nomme Abdelhakim Dekhar et se revendique de l’extrême gauche radicale. Ça calme…
Soudain, on entend une mouche voler. Les voilà, tous figés comme un bra­que d’Auvergne devant une vieille chaussure qu’il aurait prise pour une caille. Ça mouline, ça


abonnement
La suite de cet article est réservée aux abonnés, ou par l'achat au numéro. Découvrez nos offres d'abonnements !

Informations supplémentaires

  • Publié dans le numéro : 2643
© 2012-2017 - ASM - Tous droits réservés