Ça y est, la France s’est trouvée un nouveau héros : Louis Gallois, « le patron de gauche » qui a rendu son fameux rapport mardi dernier. Quand on lit les extraits publiés le jour même par « Le Figaro », on se dit qu’il est quand même plus patron que de gauche ! Les petits oiseaux, les fleurs, les prolétaires, on sent que tout ça ne l’intéresse que moyennement. Lui, son truc, c’est la création de richesse (pour qui ?), la guerre économique, la compétitivité, faire fumer les usines, asphyxier la planète. Quoi qu’en y réfléchissant, c’est moi qui date. La gauche est moderne à présent, elle est à l’aise partout, dans le capitalisme mondial, dans les banques, au FMI, à l’OMC… partout, sauf dans les quartiers populaires.
La compétitivité, Graal de l’époque ! Sainte Compétitivité, priez pour nous. Productivité, compétitivité, flexibilité : trinité des imbéciles. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de faire du bon travail comme le faisaient nos pères, il faut être compétitif. Traduction : il faut le faire le plus vite et le moins cher possible. Traduction de la traduction : il faut travailler comme un cochon, bâcler autant que possible. Le compagnon artisan de naguère, qui fignolait son petit détail, serait de n’importe quelle entreprise aujourd’hui remercié. Les bâtisseurs de cathédrales : à la soupe populaire ! Pas assez productifs, compétitifs, flexibles. Au rebut ! Le résultat, c’est que les chaussettes se trouent après deux lavages, la reliure des livres se décolle à la première lecture et les bavettes aux échalotes qu’on nous sert en brasserie sont fabriquées à l’usine, réchauffées en cuisine, et n’ont plus aucun goût. La compétitivité aura produit plus de dégâts sur notre civilisation que dix Tamerlan. Attali pire qu’Attila.
On parle même de la « compétitivité de la France », maintenant, ce qui est une absurdité. Qu’une entreprise