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Italie. Espagne.

Italie. Heureux comme un fonctionnaire en Sicile ! D’après le quotidien italien « La Stampa », la région autonome ne compte pas moins de 17 995 fonctionnaires contre 3 200 dans le Piémont. Mieux (ou pire, c’est selon si l’on paye ou reçoit !), un fonctionnaire territorial sur six touche un salaire de 120 000 euros par an. Rapporté au nombre d’habitants, la Sicile emploie 83 % de fonctionnaires de plus que la moyenne du pays, à des salaires trois fois plus élevés (42 756 euros en moyenne par an), parmi lesquels plus de 2 000 cadres dirigeants (payés 150 000 euros par an, plus voitures de fonction et chauffeur).
Parmi les autres chiffres ubuesques égrenés par le quotidien du Nord : le Palais des Normands, siège de l’administration à Palerme, emploie 1 382 fonctionnai­res, soit plus qu’au 10 Downing Street, le siège du gouvernement britannique !
Ce bilan accablant a conduit le gouverneur de la Sicile, Raffaele Lombardo, fondateur du Mouvement pour l’autonomie (du Mezzogiorno), à démissionner de ses fonctions à la demande du président de la République italienne, le 31 juillet. A charge pour son successeur de régler l’ardoise de 21 milliards d’euros.
Conclusion du journaliste : « Les politiques siciliens ont pris la région pour un distributeur de billets. »

Italie (bis). La banque Goldman Sachs, celle-là même où officiaient il y a encore quelques mois les Italiens Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE) – il était vice-président pour l‘Europe de la ban­que américaine –, et Mario Monti, le président du Conseil italien, a profité des fortes chaleurs de juillet et d’août pour se débarrasser ni vu ni connu de 3,5 milliards d’euros de dettes frelatées italiennes. Bel hom­mage d’un employeur au travail de sape de deux de ses employés…
Ni une ni deux, Draghi a profité d’une conférence de presse pour dire que la Banque centrale européen­ne (BCE) qu’il préside était prête à racheter les obligations européennes des pays du Sud si ces derniers lançaient toutefois de sévères cures d’austérité.
C’est beau l’Europe des banquiers : après avoir dissimulé les dettes des pays du Sud de l’Europe, puis avoir fait exploser la bulle financière en prenant position contre ces mêmes pays, les banquiers de Goldman Sachs arrivent encore à gagner un petit peu de sous en soldant leurs avoirs grâce à la complicité de leurs employés nommés aux plus hautes fonctions sans jamais être élus. Pile je gagne, face tu perds !

Espagne. La situation financière des régions espagnoles n’a rien à envier à celle de leurs cousines italiennes. La plupart des dix-sept régions autonomes sont dans le rouge, affirme le quotidien suisse « Le Temps ». Toute honte bue, la Catalogne – autrefois la plus dynamique, aujourd’hui endettée à hauteur de 41 milliards d’euros –, tend à présent la sébile à un Etat central détesté dont les finances ne sont pourtant pas plus saines. Selon le journal économique « El Confidential », la Moncloa – l’équivalent espagnol de l’hôtel Matignon – a péniblement débloqué en juillet un fonds d’aide de 18 milliards d’euros alors que le besoin catalan en financement s’élèverait à 36 milliards pour boucler… la seule année 2012. Et ça, c’était pour les dépenses urgentes… Reste le vrai problème : la facture de 140 milliards d’euros que les régions espagnoles vont devoir honorer. Sachant que le pays compte 56 universités alors que de l’avis de tous une petite douzaine suffirait, les étudiants et les professeurs peuvent dès maintenant réviser leurs classiques et chauffer leur voix pour les prochaines « manifs » de la rentrée.     

Estelle Campagnol


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  • Publié dans le numéro : 2577
  • Auteur : Estelle Campagnol
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