On connaissait les liens de l’art contemporain (AC) avec le monde de l’argent et de la spéculation. Aude de Kerros nous propose, dans Sacré art contemporain, une analogie entre l’AC et le sacré… Audacieux ? Réussi. Elle montre comment l’AC se prend lui-même pour la nouvelle incarnation du sacré, aussi exclusive, aussi intolérante que l’autre, avec ses canons et ses commissaires, ses grands-messes exclusives et ses sanctuaires. On regrettera néanmoins l’absence d’une réflexion de fond sur le sacré et son ambiguïté foncière. Reprocher à l’art le sacré, c’est reprocher à l’art d’être ce qu’il est et de conduire là où il conduit. Dans la perspective d’Aude de Kerros, au contraire, le sacré est négatif, comme si l’on était renvoyé, avec cet extrême contemporain dans l’art, à un état primitif de l’homme. Ou à une nouvelle gnose.
J. P.
Aude de Kerros, Sacré art contemporain, éd. Jean-Cyrille Godefroy, 232 pp., 18,50 euros.