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Pas une voix ne doit manquer à Marine

De cette élection, on a déjà tout dit. Du choix entre la France d’un côté et la finance de l’autre à l’alternative entre la fille de Jean-Marie Le Pen et la créature de François Hollande, les partisans ont épuisé toutes les comparaisons, usé toutes les attaques, qu’elles soient faciles, sales, drôles, pertinentes ou grossières. Sur Facebook, les montages photos, sur Twitter, les formules lapidaires, les uns et les autres projetés par chaque partisan sur le camp ennemi, n’ont à l’heure où ces lignes sont écrites – 1ermai – pas fait bouger les mesures des instituts de sondage. Environ 60 % des Français décidés à aller voter dimanche prochain préfèrent Emmanuel Macron. Sans grand enthousiasme mais ils préfèrent Macron à Le Pen. Faut-il se méfier des sondages ? Rien dans l’expérience récente du premier tour ne permet de répondre par l’affirmative. Depuis le milieu de la semaine dernière, la campagne du second tour est enclenchée et cette seule bonne nouvelle – quand a-t-on parlé politique, avant ? – est à mettre au crédit de Marine Le Pen, qui a décidé de prendre l’initiative. Marine Le Pen y est pugnace, elle mène une guerre de mouvement alors que son adversaire se serait bien contenté d’une guerre de positions, elle marque Emmanuel Macron à la culotte, mais sans rien faire bouger. Bataille de Whirpool, tournée des cimetières, ralliement de Nicolas Dupont-Aignan : les faits sont sans effet. Alors quoi ? Tout est figé ? Tout est joué ? Non. Peut-être pas. Le premier tour a vu une double victoire pour Marine Le Pen. La première, la plus attendue, a été sa qualification pour le second tour. Elle était attendue, certes, mais encore fallait-il confirmer les pronostics. C’est fait. La seconde, invraisemblable au début de l’année, a été l’élimination du candidat de la droite classique, que tout un chacun voyait à l’Elysée après son sacre à la primaire de la droite (et du centre !) et après le quinquennat de François Hollande. Quoi qu’il se passe le 7 mai, cette droite, telle que nous l’avons connue depuis trente ans, sûre d’elle, dominatrice, mais aussi lâche et sotte, aura reçu une leçon unique sous la Ve République. Blessée, l’est-elle à mort ? Les législatives nous le diront. Au-delà de la victoire au second tour, ce qui se joue cette semaine, c’est la capacité de Marine Le Pen a incarner la principale force de droite. Qu’on la baptise « nationale »– avant-hier –,« patriote »– hier – ou « patriote et républicaine », depuis l’accord entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, peu importe. Pour cela, il faut passer la barre des 40 % et même celle des 45 %. Cet objectif est possible. L’emporter ? Oui, bien sûr, il est beau d’entretenir encore ce rêve durant les quelques jours qui nous séparent de dimanche. Il arrive que les rêves se réalisent. Et le vent espéré qui vous pousserait jusqu’à 45 %, pourquoi faiblirait-il avant 50,1 % ? Certes. Mais, au-delà de la victoire absolue ou relative, au-delà des objectifs politiques, il existe plusieurs millions de raisons de voter pour Marine Le Pen. Chacun de ses électeurs a une histoire et chacune d’entre elles est une raison. Du prolétaire du Nord au pied-noir du Sud, du paysan d’Aquitaine au chômeur de l’Est, la phrase du président Nasser trouverait à coup sûr un écho :« Relève la tête, mon frère, car les jours d’humiliation sont passés ! » Etre privé de travail, être méprisé par le système, être volé ou violée par la racaille toujours impunie, tué par des islamistes, voir le drapeau humilié, les femmes françaises condamnées à ne plus sortir seules, notre histoire insultée, quel électeur de Marine Le Pen – mais aussi de presque tous les autres candidats, à l’exception peut-être de ceux de Philippe Poutou – reste insensible à cette liste abrégée de nos malheurs récents ? On pourrait ajouter bien d’autres raisons, littéraires comme le « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile » du Cyrano d’Edmond Rostand ou toute simple, si vraie, comme celle donnée par Nicolas Dupont-Aignan dans son discours du meeting de Villepinte :« Je n’aurais jamais pu me regarder dans la glace s’il manquait une voix pour gagner dimanche. » En 1974, Valéry Giscard d’Estaing l’avait emporté sur François Mitterrand de 425 000 voix… Moins que le nombre de suffrages recueillis le 23 avril par Jean Lassalle…Notre France est en train de crever. Le temps est compté. Il n’yaura peut-être pas d’autres occasions. Alors, oui, sans hésiter, pour la France, pour se libérer de la tyrannie de l’oligarchie, mais aussi pour l’Europe des peuples et des nations, dimanche, pas une voix ne doit manquer. Au moins, ceux qui ont des enfants sauront quoi leur répondre si un jour ceux-là les interrogent sur leur vote de 2017. Et pour tous, il y aura la conscience d’avoir joué la carte politique jusqu’au bout.

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