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Une mosquée à Hénin-Beaumont !

Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, n’avait pas de mosquée digne de ce nom. Une anomalie dans la France de 2016… Elle sera bientôt réparée : son maire Steeve Briois, membre du bureau exécutif du Front national, a signé le permis de construire il y a deux mois ! On vient de l’apprendre. Explications.

L’information est parue le jeudi 5 mai sur Des Dômes et des Minarets, un site communau­taire musulman dont l’objectif est « d’apporter un soutien aux communautés musulmanes qui souffrent dans certaines villes de France hélas nombreuses où pratiquer son culte dans la dignité relève du grand luxe », et le titre avait des allures de communiqué de victoire : « Feu vert de la municipalité FN de Hénin-Beaumont pour la construction de la mosquée Ennasr ».
Rapidement, elle a fait le buzz : non seulement le maire d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, est un élu FN mais il s’agit de Steeve Briois, député au Parlement européen, ancien secrétai­re général du parti et toujours membre du bureau exécutif du FN, l’instance su­prême du parti qui ne compte que neuf membres, dont Marine Le Pen, dont il est un fidèle. Alors ?

« Qui soulage la détresse d’un musulman »…
Alors la nouvelle est exacte. Elle est confirmée, tant par la mosquée Ennasr, qui a reçu le permis de construire le 7 mars, que par la mairie. « C’est avec une joie immense et un cœur soulagé que nous souhaitions partager cette nouvelle avec tous les musulmans de la région », clame même la mosquée dirigée par Moussa Boutaleb, qui se félicite du « lancement d’une grande aventure ».
Les bâtiments devraient pouvoir accueillir plus d’un millier de fidèles, sur deux niveaux – les hommes au rez-de-chaussée, les femmes à l’étage –, mélange habituel de cultuel et de culturel avec bibliothèque, école coranique, salle de prière et salle de réunion pour y accueillir des conférenciers, qui viendront prêcher la bonne parole musulmane ou alerter… sur le sort des migrants musulmans.
Parmi ses nombreuses activités, l’Association Mosquée Ennasr d’Hénin Beaumont collecte en effet des fonds, des vêtements et des vivres au profit des « migrants de Calais et de Grande-Synthe », du moins de certains d’entre eux, en vertu d’une préférence communautaire non dissimulée, car l’opération humanitaire est accompagnée de cet argument auquel un bon musulman ne résistera pas : « Celui qui soulage la détresse d’un musulman, Allah soulage sa détresse le jour de la résurrection. » Et celui qui soulage la détresse d’un chrétien ? Ou d’un agnostique ?
Contacté par « Minute », Bruno Bilde, adjoint au maire d’Hénin-Beaumont, chargé des affaires générales, re­lativise la portée de la décision. « Nous n’avons fait qu’appliquer le programme du Front national », assure-t-il, ne voyant pas au nom de quoi la mairie aurait dû bloquer la demande de permis de cons­truire, dès lors qu’il était conforme aux tex­­tes en vigueur, au risque de s’exposer à un recours devant le tribunal ad­ministratif et, peut-être, à une condamnation, voire à une humiliante décision du préfet, comme à Mantes-la-Ville.

« Nous avons fait évoluer le projet »
« Nous avons fait évoluer le projet », explique-t-il : « Il n’y a bien sûr pas de mi­naret et il n’y a plus de dômes », « On ne verra même pas le bâtiment de la rue », ajoute-t-il, confiant que lors d’une réunion à la mairie, avec le directeur de ca­binet de Steeve Briois, le responsable de la mosquée a lâché, amer d’avoir tant concédé : « Regardez notre projet… C’est devenu une salle polyvalente… ». « C’est un projet privé sur un terrain privé », ajoute-t-on à la mairie, où l’on se félicite d’avoir des relations bien plus cour­toises avec les représentants de la communauté musulmane qu’avec les représentants catholiques du cru – de gau­che. Dans le même esprit, Bruno Bilde balaye tout risque d’infiltration par des islamistes de l’UOIF – ou pire : « L’association est affiliée à la Grande Mosquée de Paris et nous avons l’assurance que tout le financement sera français. » De toute façon, ajou­te-t-il, « à Hénin-Beaumont, c’est un non-sujet complet ».
Un non-sujet ? Vraiment ? Sur son site, la mosquée Ennasr d’Hénin-Beaumont publie, en arabe et en français, les prêches du vendredi. On a le droit de les lire… mais pas de les citer ! Les prê­ches sont précédés de cet avertissement, rédigé dans un français approximatif : « Les informations du site sont exclusivement d’ordre privé ou scientifique ou  jurisprudentiel émanant de sources vérifiées, et n’ont pas d’objectifs médiatiques. Elles ne doivent en au­cune façon être publiées. » Et en lettres rou­ges : « Tout usa­ge en dehors de ce qui suit donnera lieu à des poursuites judiciaires. »
Le 11 mars dernier, le prêche, dans le lieu de priè­re actuel, était consacré à la mosquée qui va advenir. Un beau prêche d’ailleurs pour cette mosquée dont les fidèles ne savaient pas encore qu’elle venait de recevoir son permis de construire. Un prêche au cours du­quel furent remerciés ceux qui ont œu­vré en faveur de cette « grande mosquée pour les générations futures. »
A un an de la présidentielle, le vrai su­jet est là : une mosquée, n’importe quelle mosquée, qui bénéficie d’un permis de construire, est un édifice qui se fonde pour aujourd’hui, et pour de­main, et pour après-demain. Accepter la construction d’une mosquée, c’est ac­cepter que l’islam s’implante durablement sur le territoire français, alors que, dans son développement histori­que, il est dans une phase de conquête. Et si c’est peut-être un « non-sujet » pour les Héninois, c’est un vrai sujet pour une bonne partie de l’électorat.   


Antoine Vouillazère

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