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Entretien avec Jean-Marie Le Pen

C’en est fini du défilé de Jeanne d’Arc que Jean-Marie Le Pen avait associé, en 1988, à la Fête du travail. Il réunissait chaque année à Paris des milliers de militants patriotes. Jean-Marie Le Pen le déplore.

« Minute » : Le Front national a annoncé sa volonté, pour des raisons de sécurité mais aussi d’évolution, de renoncer, à compter de cette année, au défilé du 1er mai. Que pensez-vous de cette décision ?

Jean-Marie Le Pen : Je la désapprouve, parce que le défilé du 1er mai de Jeanne d’Arc et de la fête du travail était, depuis 1988, devenu une tradi­tion populaire. Et je regrette que nous ne soyons plus dans la rue, sous des prétextes qui me paraissent discutables, et qui cachent peut-être des intentions encore plus discutables.

Vous avez, en conséquence, appelé à un rassemblement autour de Jeanne le 1er mai prochain. Quelle en est la raison ? Quelle est votre volonté ?

Je compte faire la démonstration d’abord de ce qu’il y a un certain nombre de Français qui n’ont pas peur des menaces de Daech, et qui restent fidèles, surtout en cette période dramatique pour notre pays, à l’inspiration spirituelle et patriotique de Jeanne d’Arc.
J’appelle à une manifestation na­tionale, débordant les mouvements, les partis, les groupuscules, et toutes les associations. J’affirme que ce jour-là, ce 1er mai, nous devons être des milliers, si possible, autour de Jeanne d’Arc, pour montrer notre attachement à l’espérance qu’elle incarne.
Je vous rappelle que l’année dernière déjà j’avais lancé le cri : « Jeanne, au secours ! » Il est bien évident que ce n’était pas à mon secours à moi, c’était, bien sûr, au secours de la France que je l’appelais. Et que je l’appelle aujourd’hui.

Philippe de Villiers – et le Puy du Fou – a racheté aux enchères l’anneau de sainte Jeanne d’Arc qui se trouvait en Angleterre et revient donc en France. Y voyez-vous un symbole, un signe ?

C’est une très bonne idée que nous puissions récupérer une des reliques de Jeanne qui, on le sait, a été brulée, et qui, par conséquent, n’a pas laissé de traces physiques. Même si je sais que c’est un peu discuté aujourd’hui, je pense que l’initiative est excellente. Et que cet anneau soit revenu en Fran­ce, et qu’il soit placé dans un endroit où beaucoup de gens pourront l’honorer, eh bien je trouve ça remarquable.

Pour en revenir à votre rassemblement du 1er mai…

J’ai l’intention d’y prendre la pa­role, parce que je crois que, dans les circonstances politiques, dans les circonstances sociales qui sont celles de la France aujourd’hui, il est nécessaire plus que jamais d’apporter une démonstration de patriotisme et de spiritualité.


Vous avez dit, à plusieurs reprises, n’avoir pas l’intention de créer un nouveau mouvement. Qu’attendez-vous donc de cette initiative ?

La prise en considération de la France que nous représentons. Je souhaite, moi, conserver à tout prix l’unité du mouvement, parce que je crois que c’est la condition de l’union nationale nécessaire pour la victoire présidentielle et législative de 2017.
Je continue donc dans cette voie-là tant que c’est possible. Si on me signifie que c’est impossible et que ça n’a pas de sens, je penserai peut-être – avec beaucoup d’autres gens – à faire autre chose.


Peut-être ? Ou y avez-vous déjà réfléchi comme tend à l’indiquer la lettre ouverte que vous avez adressée à la présidente du FN ?

On travaille toujours sur des hypothèses, c’est la loi de la vie. On ne peut pas se contenter de marcher avec des œillères. On envisage donc un certain nombre d’hypothèses. Même si, par choix, je préfère l’hypothèse de l’unité. J’ai d’ailleurs fait des efforts dans cette direction. Et j’espère qu’ils trouveront une réponse positive. Dans le cas contraire, je ne me résignerai pas à rester muet et paralysé dans une période où mon pays a besoin de moi. Et de nous tous.    


Propos recueillis par Olivier Figueras

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