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Quand Chenu était « inquiet » du vote FN

Sébastien Chenu est en campagne, lorgnant déjà ouvertement sur le nouveau canton de Beauvais-2. Mais il lui faut une équipe de campagne. Aussi, muni d’une liste d’adhérents locaux du FN et du RBM, a-t-il pris contact, via Facebook, avec des militants auxquels il a envoyé ce message : « Comme vous l’avez peut-être vu, j’ai rejoint le camp des patriotes… Accepteriez-vous que je vienne vous rencontrer pour que vous me parliez un peu de la situation à Beauvais ? Bien à vous. SC »
C’est peu dire que les destinataires ont diversement apprécié cette entrée en matière, qui, sous ses airs policés, omet de commencer par le commencement, à savoir de répondre à l’attente des militants qui souhaitent qu’il vienne d’abord à leur rencontre pour se présenter et pour lever quelques « malentendus ».
Chenu indique aussi qu’il ne connaît pas grand-chose à la « situation », un peu compliquée, du FN à Beauvais : des trois conseillers municipaux FN, élus en mars 2014 avec 15,81 % des voix, il ne reste que Florence Italiani – qui n’habite d’ailleurs pas à Beauvais. Les deux autres, pour des raisons qu’il serait trop long d’expliquer ici, ont été amenés à prendre leur indépendance et à constituer un groupe de non inscrits.
Ce ne sera pas la première fois que Chenu partira à l’assaut d’un canton. A deux reprises déjà, en 2004 et en 2011, Sébastien Chenu a été candidat aux cantonales, mais sous les couleurs de l’UMP, dans l’ancien canton de Beauvais-Sud-Ouest. En 2011, il avait été à deux doigts – enfin, à 117 voix – de l’emporter mais il avait été une nouvelle fois battu par la socialiste Sylvie Houssin, ayant échoué, au deuxième tour, à faire le plein des voix… du FN. Il faut dire qu’il s’y était assez mal pris.
Au soir du premier tour, alors que le candidat du FN avait recueilli 22,39 % des voix, Chenu s’était dit « inquiet de l’abstention et du vote Front national » (sic), avant de partir à la pêche aux voix des « gens qui se sont réfugiés dans le vote protestataire. » Résultat : alors que la candidate socialiste avait non seulement fait le plein des électeurs PCF et EELV du premier tour, mais aussi convaincu des abstentionnistes de se mobiliser pour elle, Sébastien Chenu était resté encalminé en deçà du total des voix de droite.
Et puis, pourquoi les électeurs du FN se seraient-ils re­portés sur un candidat qui, avant le premier tour, s’était doté d’un comité de soutien assez extravagant ? Parmi les 300 noms présentés, on trouvait par exemple un certain Moussa Ba, administrateur de l’Association socio-culturelle des Africains de l’Oise !
Le FN a aussi intérêt à vérifier de près ses comptes de campagne. En 2004 comme en 2011, ils n’ont été validés que de justesse. Les deux fois, la Commission nationale de comptes de campagne et du financement politique (CNCCFP) avait d’abord dû, selon la formule en usage, les « réformer » – c’est-à-dire en ôter certaines dépenses qui n’y avaient pas leur place – avant de donner son blanc seing.
Pour la cantonale de 2011, Sébastien Chenu avait disposé, pour sa campagne, de 12 715 € entièrement financés, avait-il déclaré, par des dons, ce qui révèle une aptitude hors du commun à la levée de fonds. A titre de comparaison, le budget de la candidate PS, élue, avait plafonné à 11 366 €, dont 2 420 € de dons et 8 847 € d’apport personnel, et celui du candidat FN n’avait été que de 4 232 € répartis ainsi : 4 117 € d’apport personnel, 115 € d’apport en nature… et 0,00 € de don.
Maintenant que Chenu a fait don de sa personne au « camp des patriotes », ça devrait changer.   

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