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Le premier mort de Manuel Valls

Un étudiant écologiste de 21 ans a trouvé la mort, selon toutes probabilités au cours d’un affrontement avec les policiers de Manuel Valls.

Ce n’est pas un catho, c’est un écolo, mais Manuel Valls tient son premier mort. Dans la nuit du sa­medi 25 au dimanche 26 octobre à Sivens, dans le Tarn, sur le si­te d’un barrage de 1,5 million de mè­tres cubes d’eau en construction auquel s’opposent depuis de long mois des écologistes radicaux, Rémi Fraisse, un étudiant toulousain de 21 ans, est mort au milieu des affrontements entre anarchistes et policiers. Il n’avait pas le profil d’un casseur. Il a très probablement été victime d’un tir des forces de l’ordre. En tout cas, il est mort de suites de blessures. Il était le fils d’un conseiller municipal écologiste de la ville de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), Jean Pierre Fraisse, 64 ans. Le projet de barrage de Sivens, initié par le Con­seil général du Tarn dans un but d’irrigation agricole, met en péril des zones naturelles fragiles. D’où la colère des écologistes et les affrontements récurrents avec les forces de l’ordre.

Chouanneries
Quand le désordre règne au sommet de l’Etat, il est logique qu’il y ait aussi du désordre dans les rues et dans les campagnes. Ce n’est pas une nouveauté. Il y a eu ces derniers mois l’épisode de Notre-Dame des Landes et de son « Ayraultport » inutile. Il y a eu également la ferme des « 1 000 vaches » en Picardie, assez indécente au moment où les petits éleveurs vont être victime en France de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Avec sa vision productiviste et sa soumission au lobby des grandes surfaces, le mi­nistère de l’Agriculture, dont le portefeuille est aujourd’hui détenu par un proche de François Hollande, Stéphane Le Foll, poursuit sa politique planiste héritée des années 1950 (où el­le eut son utilité) alors qu’il faudrait redescendre au niveau des réalités du terrain et privilégier les circuits courts, ceux qui vont directement du producteur au consommateur. En fait, ce type de mouvements de contestations est as­sez complexe : on y trouve une part de chouannerie et une part de désespoir, une part d’anarchie et une part d’utopie. Ces jeunes sont les cousins des bonnets rouges. Des bonnets verts, en quelque sorte…
Oui, nous avions raison de dénoncer au printemps 2 013 les violences de Manuel Valls. Oui, nous avions raison de dire que tout cela finirait mal. Ce n’est pas un catho de la manif pour tous ou du Printemps français qui est tombé le premier, mais cela aurait tout à fait pu être le cas. Les cathos étaient moins violents, malgré leur détermina­tion. Visiblement, les anarchistes et au­tres écologistes décroissants n’y ont pas été de main morte. Molesté par eux, lui aussi, Jean-Luc Mélenchon estime, avec la finesse et la bonne foi qu’on lui connaît, que « l’extrême-droite se trouvait sous les cagoules » !
Reste qu’un jeune homme est mort et que cette mort aurait pu être évitée. Que n’aurait-on entendu si pareille affaire s’était déroulée sous la présidence de Nicolas Sarkozy ! Ou si ce dra­me avait eu lieu sous un gouvernement Front National ! Rappelons-nous le 6 décembre 1986 et l’affaire Malik Oussekine, cet étudiant mort à Paris des conséquences d’une charge des « voltigeurs » du ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, en marge des manifestations contre le projet de loi Devaquet. Robert Pandraud, ministre délégué chargé de la sécurité, dût démissionner. Et Jacques Chirac, alors premier ministre, retira le projet de loi.
Bernard Cazeneuve, actuel ministre de l’Intérieur, démissionnera-t-il dans les jours qui viennent s’il se con­firme que les forces de l’ordre sont responsables de la mort de Rémi Fraisse ?

Les CRS en banlieue !
La mort du jeune Rémi n’est pas anodine. Mérite-t-on de mourir parce qu’on est un lecteur conséquent de Jacques Ellul et de Bernard Charbonneau ? Parce qu’on apprécie « La Décroissance », le journal de Vincent Cheynet ? Assurément pas. Il y a donc de quoi s’inquiéter pour les libertés publiques dans notre pays. Manuel Valls n’est pas un homme d’ordre, mais de désordre.
Les forces de l’ordre sont-elles plus utiles dans la campagne tarnaise que dans les cités toulousaines ? Il est permis d’en douter quand on connaît la situation qui règne au Mirail… De même, les CRS et gendarmes mobiles utilisés à Paris contre la Manif pour tous auraient été mieux employées à pa­cifier certaines cités de la Seine-Saint-Denis. Les autorités craindraient-elles un embrasement des banlieues ? La question est posée. Nous avons une petite idée de la réponse…
Le dernier mort lors d’une manifestation écologiste en France remonte à juillet 1977 et aux événements de Creys-Malville (Isère). Un opposant au projet de Superphénix avait alors été tué par une grenade offensive lancée par les forces de l’ordre. Il est probable que les Verts vont tenter d’instrumentaliser ce nouveau drame. Pour au­tant, la droite aurait tort de se priver d’interpeller à nouveau le premier ministre sur ces méthodes musclées dont ses sympathisants ont déjà été victimes lors des grandes manifestations de défense de la famille. Le gouvernement doit s’expliquer. Sinon, d’au­tres jeunes risquent d’être victi­mes, dans l’avenir, des violences de la police de Valls. En France, aujourd’hui, le socialisme tue.    


Antoine Ciney

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