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Le mauvais exemple vient de loin et de haut

Pour prospérer, tout trafic a besoin d’un terrain favorable. Et à Marseille, il existe un fumier propice à engraisser toutes les magouilles. Le rapport de Serge Supersac souligne que ça ne date pas d’aujour­d’hui : « Il est notable qu’au XIXe siècle, une partie non négligeable des marchandises stockées sur le port pouvait disparaître sans que cela mobilise énormément les forces de sécurité. Il semble que le sort de ces marchandises en transit […] importait moins que l’économie de survie jugée peut-être comme apaisante en matière d’ordre public. » De fait l’arnaque est devenue une tradition : « A Marseille, une partie des revenus n’a pas ou peu d’exigence de transparence, c’est la “débrouille”. » Et pour se « débrouiller », les voyous ont toujours pu compter sur la compréhension des hommes politiques.
Il est rappelé que dans l’après-guerre et jusqu’à la fin des années 1960, les frères Antoine et Barthélemy Guérini, parrains du milieu marseillais, étaient proches de la SFIO (l’ancêtre du PS), dont à Marseille la figure tutélaire était Gaston Defferre. Ironie du sort, un demi-siècle plus tard, ce sont deux autres Guérini (sans lien de parenté avec les précédents), Jean-Noël, président du conseil général, et son frère l’homme d’affaires Alexandre, qui, mis en examen pour corruption, ont de sérieux ennuis avec la justice.
Bien évidemment, ces exemples ont une mauvaise in­fluence sur le comportement des petits caïds, qui, dès lors, estiment n’avoir de leçon à recevoir de personne. Serge Supersac l’a constaté : « Il est régulièrement affirmé lors des entretiens que l’implication d’une élue de la circonscription (1) dans une affaire de fonds publics aurait eu une influence négative […] Il semble évident que les divers scandales dénoncés ne participent pas à l’instauration d’un débat apaisé dans une ville confrontée à de multiples difficultés. Quid alors du rapport à la loi en général si “la débrouille” semble une pratique répandue dans toutes les strates de la société locale ? »
Effectivement, difficile de soigner un cancer quand tous les organes sont touchés. 


1. Il s’agit de Sylvie Andrieux. Condamnée en mai 2013 à un an de prison ferme pour détournement de fonds publics, elle a fait appel. Et à ce jour, bien qu’exclue du PS, elle est toujours député de la 3e circonscription, là où se trouve la cité de « Frais Vallon ». Car si elle démissionnait, Stéphane Ravier (FN) pourrait bien être élu à l’Assemblée nationale !

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