MINUTE

En vente cette semaine

cliquez sur l'image

Minute 2959
A+ A A-

Entretien avec Antoine Waechter, conseiller régional d’Alsace « Chez les Verts, la culture d’extrême gauche fait tout foirer ! »

Daniel Cohn-Bendit a claqué la porte en décembre 2012, Noël Mamère la semaine dernière. Chez les Verts, regroupés depuis 2010 sous l’appellation Europe Écologie-Les Verts (EELV), c’est la zizanie perpétuelle. Antoine Waechter a été, de 1986 à 1993, président de ce mouvement avant de le quitter pour créer le MEI (Mouvement écologiste indépendant). Pour « Minute », il explique comment l’extrême gauche exerce une influence néfaste au sein des Verts et pourquoi Nicolas Hulot, candidat malheureux à la primaire d’ EELV, est passé à la trappe.

Minute : Comment expliquer que chez les Verts, ce soit toujours le grand bazar ?

Antoine Waechter : Depuis la création des Verts, en 1984, il y a au sein du mouvement deux courants qui s’affrontent : un courant d’extrême gauche et un courant plus sincèrement écologiste, qui pense que l’écologie n’est ni de gauche ni de droite. Quand, de novembre 1986 à novembre 1993, j’ai été président des Verts, le courant d’extrême gauche a été mis sous l’éteignoir. Mais force est de constater qu’avec les années, avec des dirigeants comme Dominique Voynet, Noël Ma­mère ou Daniel Cohn-Bendit, il est devenu majoritaire.


Et c’est à cause de ce courant que les Verts sont toujours au bord de la crise de nerfs ?

Dans tous les partis, il y a des tensions. Mais chez les  Verts, il y a une culture d’extrême gauche qui re­fuse tout leader qui serait capable d’imposer une unité, de fixer une ligne de conduite. Regardez : mê­me Daniel Cohn-Bendit, qui semblait pouvoir apporter une certaine crédibilité, a fini par partir, fatigué par les querelles intestines… Chez les Verts, c’est une rè­gle : celui qui réussit ou peut réussir doit être dégommé !


Avec ces écolos, qui sont comme des pastèques, verts à l’extérieur et rouge à l’intérieur, dialoguer ne doit pas être évident ?

Avec les écologistes d’extrême gauche, c’est ef­fectivement toujours plus compliqué. En tant que président du Mouvement écologiste indépendant, je l’ai constaté. Dans certaines régions comme l’Alsa­ce, la Lorraine ou la Franche-Comté, il est possible de s’entendre avec les Verts, parce que, dans ces fédérations, les éléments d’extrême gauche sont minoritaires. En revanche, dans les régions où ils sont majoritaires, le dialogue devient rapidement plus tendu, plus électrique, voire impossible.


Candidat à la primaire organisée en 2011 par Europe Ecologie-Les Verts pour désigner son candidat à la présidentielle, Nicolas Hulot aurait-il pu réhabiliter le mouvement ?

J’étais très favorable à Nicolas Hulot. Non seulement il aurait obtenu un meilleur résultat que Eva Joly, mais il aurait donné de l’écologisme une image débarrassée des connotations gauchistes qui collent aux Verts. Il aurait offert l’image d’un écologisme ni à droite ni à gauche, mais porteur de valeurs universelles.

 

Oui mais voilà… A la primaire, il a été blackboulé, au profit d’Eva Joly. Comment expliquer cet échec cinglant ?

Nicolas Hulot – j’en ai discuté avec lui – a fait une erreur. Il s’est lancé dans l’aventure de manière trop naïve. Il aurait dû annoncer sa candidature, sans s’inféoder à un parti, et ensuite rallier autour de lui tous ceux qui le soutenaient. C’était incontestablement la meilleure solution. Il a hésité et a préféré se présenter à la primaire organisée par Europe Ecologie-Les Verts. Et là il est tombé dans un vrai piège ! Pour 10 euros, tout le monde a pu voter à cette primaire. Le scrutin est devenu un jouet…
Je reste persuadé que des socialistes et des partisans du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon ont participé et pesé sur le résultat en apportant leur soutien à Eva Joly… Ils ont préféré choisir une candidate qui ne leur ferait pas d’ombre, alors qu’un Nicolas Hulot était susceptible au premier tour de récolter de nombreux suffrages et de réaliser une belle surprise. Un rendez-vous historique a été raté.    

AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES

Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.

Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1

Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.

 

Les derniers numéros

Minute 2959
Minute 2958
Minute 2957
Minute 2956
Minute 2955

Complotisme : la raison domestiquée

Recevoir les infos et promos

tous-les-numeros

pub1

Suivez-nous

© 2012-2017 - ASM - Tous droits réservés

Connexion ou Enregistrement

Identification